Boissons : marques fortes, cours en berne

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Nous nous étions penchés sur le secteur des boissons en décembre, mais la nette diminution des cours constatée depuis exige une mise à jour.

Après la correction qui les avait fait tomber à leurs niveaux les plus bas sur les trois dernières années, certains groupes semblaient présenter, fin 2023, une belle fenêtre d’entrée. Mais rien ne s’est encore concrétisé.

L’hypothèse était qu’un demi-milliard de personnes allaient venir grossir la classe moyenne mondiale au cours de la prochaine décennie, faisant s’orienter la consommation davantage encore vers les boissons exclusives, au détriment de la production locale (et illégale), une tendance qui s’observe sur les marchés plus matures également.

Normalisation

Si les clients ont consommé davantage à domicile pendant la pandémie, les habitudes se sont, depuis, normalisées et les détaillants ont dû ramener leurs stocks à des niveaux plus courants. Tout cela s’est traduit par un ralentissement des achats auprès des producteurs, mais il ne s’agit là que d’un phénomène cyclique et temporaire.

Les consommateurs se sont en outre faits un peu plus discrets sur plusieurs marchés, probablement à cause de l’inflation et des incertitudes régnantes. D’après de récents rapports, la situation semble toutefois vouloir se normaliser. Pernod Ricard a fait état en avril d’un chiffre d’affaires (CA) assez stable, et d’une croissance (de 1 %, certes) des volumes après quatre trimestres décevants. Pour l’exercice 2024 décalé (clôture en juin), un quatrième trimestre satisfaisant devrait permettre au groupe d’afficher un CA similaire à celui de 2023. A plus long terme, la direction table sur un CA en hausse de 4-7 %.

Réjouissantes perspectives

Diageo a fait savoir en début d’année que le deuxième semestre de 2024 (clôture en juin) serait meilleur que le premier. Le groupe estime toujours que son CA progressera de 5-7 % entre 2022 et 2027. Rémy Cointreau a annoncé en juin que le CA de 2024 (clôture en mars) avait fait la culbute (-19 %). Le groupe estime que les stocks (dans les pays américains) s’épuiseront l’an prochain, après quoi le CA devrait vigoureusement progresser (bien que d’un seul chiffre) jusqu’en 2030. A cela s’ajoutera un rebond pouvant aller jusqu’à 33 % de sa marge bénéficiaire (25 % en 2024).

Droits de douane

La question de l’instauration de droits sur les spiritueux destinés au marché chinois plane toujours au-dessus des deux entreprises françaises. Si cette mesure devait entrer en vigueur, ce serait en rétorsion à l’égard de la France, qui soutient la taxe à l’importation appelée à frapper les voitures électriques chinoises à partir de juillet. Elle n’affecterait guère Diageo ; elle serait supportable pour Pernod Ricard, dont la Chine représente 8 % du CA. Mais elle aurait de lourdes conséquences pour Rémy Cointreau, qui réalise 34 % de ses ventes là-bas.

Conclusion

Diageo possède plus de 200 marques de boissons, qu’elle vend dans près de 180 pays. Elle est surtout connue pour ses whiskies (Johnnie Walker), mais aussi pour ses vodkas (Smirnoff), son gin (Tanqueray), sa bière (Guinness), ses liqueurs (Bailey’s), ses tequilas, ses vins et son rhum (Captain Morgan). A 15,5 fois le bénéfice escompté et avec un rendement en dividende de plus de 3 % brut, l’action est toujours digne d’achat.

Pernod-Ricard possède plus de 240 marques, dont Havana Club (rhum), Malibu (liqueur aromatisée), Jameson (whisky) et Perrier-Jouet (champagne). A 14,5 fois le bénéfice projeté et avec un rendement en dividende de près de 4 % brut, l’action mérite elle aussi toujours d’être achetée.

Rémy Cointreau doit 27 % de son CA aux liqueurs et spiritueux et 71 %, aux cognacs. Le risque étant plus élevé, nous recommandons de conserver le titre. S’il semble onéreux, c’est à cause d’une mauvaise année 2024, mais il suffirait d’un bénéfice comme celui de 2023 pour que le ratio cours/bénéfice tombe à 14.

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