Panique chez les investisseurs: retour sur une folle semaine

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Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Les marchés asiatiques, européens et américains sont profondément dans le rouge. Une vague de ventes massives déferle sur les bourses de tous les continents. Comment en est-on arrivé là ? Déroulé des événements qui ont incité les investisseurs à vendre.

La pire journée depuis 1987 à Tokyo, le Bel 20 qui perd plus de 4% et une ouverture bien dans le rouge à Wall Street : ce lundi est synonyme de lundi noir. Le vent de panique qui souffle sur les investisseurs dans le monde trouve son origine dans un contexte de marchés financiers mondiaux déjà fragiles et dans l’accumulation de plusieurs événements de la semaine dernière. Les voici par ordre chronologique.

Mercredi matin : La banque centrale japonaise augmente ses taux d’intérêt

Le chef économiste de Trends, Daan Killemaes, a immédiatement averti des conséquences potentielles lorsque la banque centrale japonaise, Nippon Ginko, a relevé ses taux pour la première fois depuis longtemps. La Banque centrale européenne a déjà abaissé ses taux après plusieurs hausses, et la Réserve fédérale américaine prévoit également une baisse prochaine des taux. Le changement de politique monétaire au Japon a perturbé les marchés financiers. Mais le pays n’a pas vraiment le choix. En étant le seul grand pays au monde à maintenir le crédit à un niveau aussi bas pendant si longtemps, la monnaie japonaise s’est affaiblie par rapport aux principales devises commerciales, au point que les produits étrangers sont devenus très chers pour les Japonais, rognant ainsi leur pouvoir d’achat.

Mercredi soir : La banque centrale américaine laisse entrevoir une baisse des taux

La Réserve fédérale américaine a maintenu ses taux inchangés mercredi, mais le président de la Fed, Jerome Powell, a laissé entendre qu’une baisse pourrait avoir lieu en septembre. Si les baisses de taux réduisent les coûts de financement pour les entreprises et donnent du souffle aux actions, elles peuvent aussi être le signe d’une possible récession. C’est donc une arme à double tranchant. Si les consommateurs craignent de perdre leur emploi, ils réduiront leurs dépenses même avec des crédits moins chers. De même, même si les entreprises paient moins d’intérêts sur les prêts, elles repousseront les investissements importants en cas de baisse de la demande.

Jeudi : Les espoirs de reprise de l’industrie européenne s’amenuisent

L’industrie européenne a reculé en juillet au même rythme qu’en juin, selon les derniers chiffres Hamburg Commercial Bank (HCOB). La situation s’est détériorée dans la plupart des pays de la zone euro, sauf en Italie et en Irlande. La confiance des directeurs d’achat dans les industries allemande et française est tombée à son plus bas niveau en trois et six mois respectivement. La baisse des nouvelles commandes inquiète les directeurs d’achat pour l’emploi dans les usines, d’autant plus que les producteurs peinent à répercuter la hausse des coûts sur leurs clients. “La demande ne se redressera pas de sitôt”, a réagi Cyrus de la Rubia, économiste en chef de la Hamburg Commercial Bank (HCOB). “Les nouvelles commandes sont en baisse depuis 27 mois d’affilée, avec une accélération en juillet”.

Toujours selon De la Rubia : “L’idée largement répandue selon laquelle la reprise économique de la zone euro s’accélérerait au cours du second semestre de l’année est mise à mal, d’après notre enquête auprès des directeurs d’achat. Au début de l’année, il semblait encore que le secteur allait tranquillement sortir de la récession, mais en juin, les premiers doutes sont apparus, et en juillet, ces doutes se sont confirmés. Compte tenu de la faiblesse de ces données, nous pourrions être amenés à revoir à la baisse nos prévisions de croissance économique pour la zone euro en 2024, en les ramenant à 0,8 %.”

Vendredi : Un rapport décevant sur l’emploi américain

En juillet, seulement 114.000 emplois ont été créés aux États-Unis. Un chiffre bien en deçà des 175.000 attendus par les économistes. De plus, le chiffre de juin a été révisé à la baisse, passant de 206.000 à 179.000. La perte d’emplois a été particulièrement marquée dans le secteur de l’information. Le taux de chômage a augmenté de 0,2 point pour atteindre 4,3 %, avec 7,2 millions d’Américains sans emploi en juillet, contre 5,9 millions un an auparavant. Il y a un an, le taux de chômage n’était que de 3,5%.

Toujours selon le Bureau des statistiques du travail, l’ouragan Beryl, qui a frappé le Texas le 8 juillet, n’a pas eu d’effet significatif sur les statistiques nationales.

Samedi : Warren Buffett vend la moitié de ses actions Apple

Lorsque le plus grand gourou des investisseurs au monde juge qu’il est temps de prendre des bénéfices sur sa position dans Apple, cela envoie un signal fort au marché. Warren Buffett, via sa société Berkshire Hathaway, a vendu 49,4 % de sa participation dans Apple, selon la mise à jour trimestrielle de la holding. Bien qu’Apple reste la plus grande position de Berkshire Hathaway, cette vente massive pourrait faire chuter le cours de l’action Apple à l’ouverture de Wall Street à 15h30.

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