2023, année mi-figue mi-raisin pour les matières premières

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Le cru 2023 n’a pas été bon pour les indices de matières premières. Certaines d’entre elles ont néanmoins affiché une belle performance.

L’uranium a ainsi brillé alors que le lithium plongeait, après deux années de hausse spectaculaire. Le S&P GSCI et le CRB ont abandonné 4 %, tandis que le Bloomberg Commodity cédait un peu plus de 10 %.
Cette différence s’explique par la pondération variable des différentes matières premières. Notez que nous comparons des rendements en dollars : en euros, ils sont encore inférieurs de plusieurs points de pourcentage, tandis qu’en yuans chinois et, surtout, en yens japonais, ils sont bien plus élevés.

Energie

Malgré une demande record et les quotas imposés par l’Opep+, le pétrole brut a vu ses cours baisser pour la première fois depuis trois ans : le West Texas Intermediate (WTI) et le Brent ont chuté de 10 % et 9 % respectivement, car les producteurs non-membres de l’Opep (Etats-Unis et Brésil en tête) ont augmenté leur offre et la croissance mondiale devrait ralentir en 2024. Après avoir culminé en 2022, le gaz naturel et le charbon ont dévissé. Le gaz naturel américain (Nymex) a abandonné près de 30 %, l’européen (TTF), plus de 50 %. Les opérateurs s’attendaient à une offre insuffisante, mais cela n’a pas été le cas, et le début de l’hiver a été doux dans l’hémisphère Nord. Le charbon a même abandonné 64 %. A l’inverse, l’uranium occupe le haut du podium : le prix au comptant a grimpé de 48 dollars début 2023 à près de 90 dollars la livre, son plus haut niveau depuis la crise bancaire de 2008.

Métaux précieux

En 2023, l’or a atteint des records dans toutes les monnaies, et aussi en en dollars, avec un rendement de 13 %. Les taux d’intérêt élevés ont longtemps bridé le métal jaune, mais la perspective de leur baisse lui a donné des ailes en fin d’année. Les autres métaux précieux se sont moins bien comportés. Malgré un sprint final, l’argent n’a pas réussi à s’extraire du rouge (-1 %). Pour le platine (-8 %) et surtout le palladium (-39 %), 2023 est une année à oublier.

Autres métaux

Les métaux de base n’ont pas non plus été à la fête. Après une année très volatile, le cuivre a clôturé en hausse de 3 % ; l’aluminium et l’étain se sont aussi, tout juste, inscrits dans le vert. Le zinc et le plomb ont en revanche abandonné 13 % et le nickel, plus de 40 %, car la demande de batteries pour véhicules électriques a été moindre que prévu, alors que la production augmentait en Chine et en Indonésie. La lanterne rouge a été le lithium : le prix de la tonne d’équivalent de carbonate de lithium (LCE) a chuté de 80 %, après deux années records. A contre-courant, le minerai de fer a gagné 21 % grâce à la belle tenue du secteur sidérurgique chinois, que les mesures gouvernementales pour stimuler l’immobilier, dans une conjoncture en berne, ont soutenu.

Agriculture

Après la flambée des cours en 2021 et 2022, les céréales ont globalement été à la peine. La guerre en Ukraine n’a pas causé de pénurie et les récoltes ont été bonnes en Amérique du Nord et du Sud, créant un surplus d’offre. Le maïs a chuté de 30 %, le blé, de 21 %, et le soja, de 15 %. Les tensions géopolitiques, qui pourraient perturber l’offre, ainsi que le phénomène météorologique El Niño, pèseront encore sur les céréales en 2024.
Au sein des produits de base, le cacao, qui s’est envolé de 72 %, a atteint son plus haut niveau en 46 ans. Les rendements ont baissé en Afrique de l’Ouest du fait d’une maladie des arbres. Le jus d’orange congelé (FCOJ), marché peu liquide, a gagné près de 70 % après des récoltes décevantes au Brésil et en Floride. El Niño a pesé sur les cours du café (+14 %) et du sucre (+7 %) ; après une forte hausse, et des prises de bénéfices, ce dernier abandonné 25 % en novembre et décembre.


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