L’auteur bien connu du “cygne noir”, Nassim Taleb, frappe encore. Et cette fois, il s’attaque à l’euphorie autour de l’intelligence artificielle.
Selon Nassim Taleb, le krach de 17% qu’a subi Nvidia ce lundi n’est qu’un avant-goût de ce qui attend les investisseurs hypnotisés par la frénésie de Wall Street sur l’IA.
« C’est le début », lâche Taleb en marge du grand raout des hedge funds à Miami à mes confrères de Bloomberg. « Les gens commencent à se reconnecter avec la réalité. Ce n’est plus un conte de fées, il y a maintenant une fissure dans le verre. »
Cette fissure ? Un réveil brutal : les géants américains ne sont pas seuls sur l’échiquier de l’IA. L’émergence de DeepSeek, une startup chinoise capable de développer des modèles à moindre coût, a semé la panique. Résultat : en une séance, Nvidia a vu s’évaporer 589 milliards de dollars de capitalisation boursière, un record absolu.
Les cygnes gris de la tech
Pour Taleb, ce crash est un avertissement : les investisseurs sont trop enfermés dans un récit unique — Nvidia serait intouchable, et l’IA serait inarrêtable. Or, ces sociétés ne sont pas des « cygnes noirs » (des événements ultra rares et imprévisibles), mais plutôt des cygnes gris : des actifs dont la volatilité est largement sous-estimée.
« Ce qui s’est passé lundi, c’est rien, » prévient-il. « Attendez de voir la vraie correction. On parle de baisses deux à trois fois plus violentes à venir. »
Le problème ? Beaucoup ont parié gros sur l’IA sans réellement comprendre ce qui fait la force et la fragilité de cette révolution technologique.
Protection contre le crash : mode d’emploi
Taleb n’est pas juste un prophète du chaos. Il en vit aussi. Son fonds, Universa Investments, spécialisé dans la couverture des risques extrêmes, aide les portefeuilles à encaisser les chocs. Pas question de quitter le marché, mais d’y naviguer avec un parachute.
Car la tempête ne menace pas que l’IA. Taleb alerte aussi sur la dette américaine : une bombe à retardement. Si les coûts salariaux flambent et que les tarifs douaniers explosent, il craint une déferlante inflationniste.
Et dans ce contexte, « Les obligations sont un piège », assène-t-il.
L’IA : bulle ou avenir ?
Pour l’instant, le Nasdaq continue son chemin malgré la secousse de ce lundi, dopé par la croyance aveugle en la toute-puissance de l’IA. Mais Taleb prévient : la fin du conte de fées est proche.
Une question reste en suspens : les investisseurs ouvriront-ils les yeux avant le prochain crash ? Pas certain, avec le plongeon provoqué par Deepseek, les particuliers américains (mas pas que) se sont rués ce mardi sur l’action Nvidia.