Melexis : l’incertitude demeure


Les marchés commencent à comprendre que les résultats des entreprises n’ont plus rien d’extraordinaire. Le climat s’assombrit, ce qui ne nous a toutefois pas empêchés de renforcer deux de nos positions, en principe peu tributaires de la conjoncture et, surtout, insuffisamment valorisées à nos yeux. Voici aussi le point sur les résultats de Melexis.
Portefeuille
Si Kinepolis a clos un 1er trimestre peu satisfaisant en raison du manque d’attractivité de sa programmation, A Minecraft Movie lui a d’ores et déjà permis de résorber son retard par rapport à l’an passé. Nous sommes d’autant plus convaincus que les conséquences de la pandémie et des mois de grève à Hollywood (2023) sont de l’histoire ancienne et qu’une normalisation de l’offre américaine va faire rebondir la fréquentation avec, à la clé, des résultats record pour le groupe cette année et l’an prochain. Nous misons également, pour 2025 et/ou 2026, sur un redémarrage de la politique d’expansion externe, ce qui permettrait de combler l’écart de valorisation marqué entre aujourd’hui et l’époque pré-crise et d’obtenir des résultats très supérieurs au marché.
Marché qui a par ailleurs fraîchement accueilli les trimestriels de Xior. Le groupe doit néanmoins continuer à alléger son ratio d’endettement (à 48%), sans pour autant que ses bénéfices et son dividende par action n’en souffrent par rapport à 2024. L’immobilier étudiant est un marché en croissance dont Xior est, en Europe, un des principaux acteurs. Avec un rendement en dividende de 6,5% brut et une décote de 25% environ en regard de la valeur d’actif net, nous trouvons l’action faiblement valorisée. Son retard par rapport à celle d’autres immobilières réglementées, qui opèrent actuellement un mouvement de rattrapage, ne nous paraît pas davantage justifié.
Melexis : l’incertitude demeure
Entre le 4e trimestre de 2023 et le 4e trimestre de 2024, le chiffre d’affaires (CA) de Melexis avait chuté d’un cinquième, cependant que les marges et le bénéfice net s’effondraient. Le phénomène s’est reproduit en janvier-mars mais cette fois, il avait été annoncé. Le CA s’est établi à 198,2 millions d’euros, pour 190-200 millions escomptés ; c’est 0,4% de plus qu’au 4e trimestre, mais 18% de moins qu’au 1er trimestre de 2024. Melexis demeure très dépendante de l’industrie automobile, cyclique et désormais jouet de la saga des droits de douane. Les analystes estiment à 7%-8% le poids de la situation sur les ventes mondiales d’automobiles. Un ralentissement de la production de voitures serait une mauvaise nouvelle pour le groupe, qui tire 88% de son CA de ce pôle. Melexis va désormais travailler avec un fabricant chinois de semi-conducteurs ; les produits finis issus de cette collaboration seront disponibles en Chine dès l’an prochain.
Les marges ne se portent toujours pas mieux. Le bénéfice brut a cédé 29%, à 75,7 millions d’euros, et le bénéfice d’exploitation, 55%, à 29 millions d’euros. La marge d’exploitation (Ebit) a atteint 14,6%, contre 26,4% au 1er trimestre et 14% au 4e trimestre de 2024. Le résultat net plafonne à 24,6 millions d’euros (0,61 euro par action), soit 54% de moins en un an. La direction, qui compte toujours clore le semestre sur un CA de 400 millions d’euros, a ramené de 16% à 15% sa marge d’Ebit prévisionnelle. Elle n’a pas répété le pronostic fait en février selon lequel le CA serait nettement plus élevé au 2e semestre. En 2024, le CA avait perdu 3% en glissement annuel, un tassement qui pourrait être plus marqué encore cette année. Le bénéfice net cèdera lui aussi beaucoup de terrain. La valeur des stocks s’est accrue de 7%, à 281,8 millions d’euros, d’un trimestre à l’autre ; leur correction n’est donc pas encore achevée.
Le dividende final (2,4 euros par action) sera versé le 22 mai. Le dividende total au titre de 2024 atteint donc 3,7 euros. En 2024, le flux de trésorerie disponible atteignait 240 millions d’euros (près de 6 euros par action), un chiffre hors de portée pour l’exercice en cours. Sur la base du nombre d’actions en circulation, un flux de 150 millions d’euros sera nécessaire au maintien du dividende. La position de trésorerie est passée de 32,7 millions d’euros fin décembre à 34,8 millions d’euros, et les dettes à plus d’un an qui subsistent s’élèvent à 205,4 millions. Melexis avait annoncé fin 2024 un programme de rachat d’actions d’une valeur de 50 millions d’euros, dont 15 millions ont été décaissés au 1er trimestre.
Si le tableau paraît sombre, rien n’indique que le groupe perde des parts de marché. Il souffre de la chute brutale du dollar et de la confusion semée par Donald Trump, mais l’électrification du parc automobile va rester un véritable vecteur de croissance. Au vu de la distribution actuelle, le rendement en dividende est de 7% brut. Les bénéfices prévisionnels pour l’exercice ont été récemment revus à la baisse, selon des calculs qui se sont par conséquent basés sur un creux dans le cycle. Notre recommandation est toujours “Acheter” (1B).
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