“Make Healthcare Great Again!” : le secteur de la santé peut-il ressortir de l’ornière à Wall Street ?
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![Danny Reweghs](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w150/h150/f42.87,45.97/5086643/danny-reweghs-jpg.jpg)
Le secteur américain de la santé traverse une période exceptionnellement médiocre. Pas tout à fait sans raison. Très diversifié, il recèle cependant encore des opportunités d’investissement.
Avec un rendement annuel moyen de 14 %, la technologie a été la plus performante des 11 indices sectoriels du S&P500 sur les années 1989-2024. Avec un tout aussi remarquable 11,3 %, la Santé s’est hissée à la 2e place, selon S&P Global, avant de chuter à la 7e place en 2023, puis à la 10e du S&P500 l’an dernier. L’agitation politique aux Etats-Unis, la pression sur les prix des médicaments, la baisse des dépenses en matière d’essais cliniques, le déstockage de matériel de laboratoire et la croissance économique décevante en Chine en sont les principales raisons.
Stryker, cette machine à acquisitions
Les actions américaines de la santé recèlent encore des opportunités, en plus des vastes ETF. Nous avons un conseil d’achat sur Cencora et McKesson, Thermo Fisher Scientific et Abbott Laboratories, entre autres. J’aimerais toutefois vous présenter trois autres nouvelles actions intéressantes, à commencer par la principale, Stryker. Avec une capitalisation boursière de 150 milliards de dollars et un chiffre d’affaires (CA) annuel de 22,6 milliards , Stryker est largement diversifiée sur le marché des instruments/appareils médicaux et des produits orthopédiques. L’offre de produits va des caméras d’endoscopie aux implants de hanche, de genou et d’épaule, en passant par les systèmes de perfusion, les systèmes logiciels de préparation et d’exécution des opérations et les bras chirurgicaux robotisés.
Stryker est une véritable machine en termes d’acquisitions (plus 50 sur la dernière décennie). La dernière en date est celle d’Inari Medical, rachetée le mois dernier pour 4,9 milliards de dollars. Inari fabrique des instruments médicaux permettant d’éliminer les caillots de sang qui se baladent dans le corps. Un marché qui, selon Stryker, pèse 6 milliards de dollars rien qu’aux Etats-Unis. Cette année, les Américains prévoient une croissance organique du CA de 8 à 9 %. Un niveau qui aurait été supérieur à la moyenne il y a cinq ou 10 ans, mais qui semble aujourd’hui la nouvelle norme. Selon Kevin Lobo, CEO, cela s’explique par la stratégie de Stryker visant à s’exposer davantage aux segments à croissance plus rapide.
Le seul revers du succès de Stryker est sa valorisation exagérée. Vu le bénéfice par action (BPA) (ajusté) attendu cette année, entre 13,45 et 13,70 dollars, le ratio C/B est de 29. On notera que Stryker relève son dividende depuis 15 ans – la dernière hausse a été de 5 %, à 0,84 dollar par trimestre – et son bénéfice pourrait enfler de 10 % en moyenne les années à venir.
Quest Diagnostics est moins chère
Si Stryker affiche une solide valorisation, c’est moins vrai pour Quest Diagnostics. Quest est l’un des principaux fournisseurs d’une large gamme de tests de laboratoire. Les cabinets médicaux, les hôpitaux et les patients individuels sont ses principaux clients. Les hôpitaux et les cliniques externalisent de plus en plus les tests de diagnostic, une tendance favorable à Quest. Les tests effectués – et tout ce qui s’y rapporte – sont payés par les caisses d’assurance maladie, les gouvernements nationaux et régionaux et des institutions comme Medicare et Medicaid.
Quest doit donc aussi faire face à des réglementations comme la loi sur la protection de l’accès à Medicare, qui prévoit une diminution des indemnités que les sociétés commerciales de tests peuvent facturer à Medicare. La mise en œuvre de cette loi a cependant été repoussée à 2026, une bonne chose pour Quest, les rabais pouvant notamment être ajustés. Comme Stryker, le fournisseur de tests connaît une forte croissance par le biais d’acquisitions. L’an dernier, quatre points de pourcentage de la croissance de 7 % du CA provenaient d’acquisitions. Cette année, les acquisitions contribuent à hauteur de six points de pourcentage à la croissance attendue du CA de plus de 9 %.
Quest devrait pouvoir gagner 9,70 dollars par action en 2025. Là encore, la contribution des acquisitions est importante, mais elle est quelque peu freinée par la hausse des charges d’intérêt sur la dette qui a également grimpé. La faim de rachats de Quest, après une année 2024 très active, a été largement apaisée. Avec un ratio C/B de 17 et un rendement du dividende de près de 2 % (dernière hausse 6,7 %), Quest est une action attrayante en période boursière agitée.
Integer Holdings, la spéculative
Integer Holdings est le plus petit et le plus spéculatif/risqué des trois conseils en termes de capitalisation boursière. La société est une alternative pour s’exposer à des entreprises prospères comme Boston Scientific, Abbott Laboratories et Medtronic, les plus gros clients d’Integer, qui reflètent 45 % de son CA. Integer fabrique des appareils et des instruments médicaux complets (ou leurs pièces), du prototype au produit fini.
Les Américains sont actifs dans les secteurs cardiovasculaire, du rythme cardiaque et de la chirurgie et de l’orthopédie. Le 20 février, la société publiera ses résultats annuels, qui devraient faire apparaître une croissance du CA de 10 à 11 %, à 1,71 milliard de dollars, dont 7 à 8 % de croissance du CA comparable. Integer table en outre sur un BPA en hausse de 14 à 18 %, soit environ 5,30 dollars. A moyen terme, les Américains visent une croissance annuelle plus rapide de deux points de pourcentage à celle du marché. La croissance du bénéfice d’exploitation devrait être aussi deux fois plus élevée que celle du CA.
La politique ferme de Donald Trump en matière de droits de douane sur les importations est un risque pour Integer, dont un quart des employés travaillent au Mexique. Le succès de l’entreprise n’a pas échappé aux investisseurs. Sur les 12 derniers mois, le cours de l’action a crû de 33 %, ce qui place le C/B pour 2025 à près de 23. Malgré la récente agitation politique et les piètres performances des deux dernières années, le secteur américain de la santé reste attrayant pour les investisseurs en ETF et en actions, mais une certaine patience est de mise.
Le secteur de la santé en Europe
Il existe des ETF sur le secteur américain de la santé, mais, bien sûr aussi, sur l’européen. On notera l’iShares MSCI Europe Health Care Sector ETF (IE00BMW42181), le SPDR MSCI Europe Health Care ETF (IE00BKWQ0H23), le Xtrackers MSCI Europe Health Care ESG Screened ETF (LU0292103222) et l’iShares STOXX Europe 600 Health Care ETF (DE000A0Q4R36). Ces ETF sont entièrement dominés par le secteur pharmaceutique européen, qui reflète plus de 65 % du MSCI Europe Health Care.
Les cinq principales positions de tous ces ETF sont exactement les mêmes – Novo Nordisk, AstraZeneca, Roche, Novartis en Sanofi – et ont une pondération combinée de plus de 60 %. Les cinq premières positions des ETF sur le secteur américain de la santé ne sont pas différentes non plus : Eli Lilly, UnitedHealth, Johnson & Johnson, AbbVie et Abbott. La différence réside toutefois dans le fait que le top 5 américain a une pondération bien inférieure, de 39 % environ, et qu’il n’est pas exclusivement composé de pharmaceutiques.
Quatre ETF dignes d’achat
Il est possible d’investir dans le secteur américain de la santé par le biais de certains ETF sur le secteur. Les ETF alternatifs ont une composition similaire. Les sous-secteurs Pharma et Biotech ont une pondération combinée d’environ 46 %, les principales actions étant Eli Lilly, Johnson & Johnson et AbbVie.
Les dispositifs médicaux – qui comprennent Abbott Laboratories, Intuitive Surgical et Boston Scientific – pèsent 23 %. Les soins et services médicaux (pondération : 21 %) constituent également un sous-secteur important, les sociétés les plus connues étant UnitedHealth, Cigna et McKesson. Life Science Tools, dont les principaux représentants sont Thermo Fisher Scientific et Danaher, pèse environ 10 %.
L’iShares US Medical Devices UCITS ETF est le seul à se concentrer entièrement sur un sous-secteur spécifique, les appareils médicaux. Cet ETF compte 48 actions, dont les cinq principales – Abbott Laboratories, Intuitive Surgical, Boston Scientific, Stryker en Medtronic – pèsent plus de 64 %. Les actifs sous gestion sont également un peu moindres que ceux des ETF sectoriels.
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