Les résultats des Sept Magnifiques commencent à tomber cette semaine, quels sont les enjeux ?

Tesla et Alphabet cette semaine, puis Meta, Microsoft, Amazon et Apple la semaine prochaine, avant Nvidia fin mai. La saison des résultats des Sept Magnifiques commence ce mardi. Dans un contexte particulier : les hausses des droits de douane de Trump. Quels sont les enjeux ?
Ils font la pluie et le beau temps à Wall Street : les « Sept Magnifiques », soit les sept entreprises les plus valorisées du marché américain et fortement pondérées dans l’indice S&P 500. Toutes sont actives dans le secteur technologique. Entre ce mardi et le 28 mai, elles publieront tour à tour leurs résultats pour le premier trimestre, des annonces qui peuvent souvent influencer l’évolution des marchés.
Voici les principaux enjeux pour ces entreprises, dans un contexte marqué par une forte hausse des droits de douane aux États-Unis et l’incertitude économique qui en découle. Au-delà des résultats du trimestre écoulé, les indications fournies par les entreprises sur leurs perspectives et les risques liés aux barrières commerciales seront particulièrement scrutées.
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Tesla
Le constructeur de véhicules électriques, plus vu comme une entreprise technologique qu’un fabricant d’automobiles par le marché, ouvre le bal ce mardi soir, après la clôture. Tesla est déjà dans la tourmente : d’un côté, le CEO Elon Musk a davantage été occupé par sa mission de coupes budgétaires que Trump lui a donnée. De l’autre côté, les ventes sont en baisse, et pas qu’un peu. En Europe par exemple, elles ont été divisées par deux.
Ce qui est un mauvais signe pour ses chiffres trimestriels, car ces deux à trois dernières années, Tesla a déjà réduit ses prix et ses marges pour lutter contre une baisse de la demande sur un marché des VE compliqué.
Puis à l’avenir, Tesla doit également faire face aux droits de douane. Même si ses véhicules vendus aux États-Unis y sont également fabriqués, une série de pièces viennent de l’étranger. Dont notamment de Chine, pour qui les taxes dépassent 100%. Ces taxes pourraient même impacter les plans de développement de la production du camion et du robotaxi, futurs moteurs de revenu du groupe. Reste à voir si le groupe pourra donner plus de clarté sur ces points.
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Alphabet
La maison mère de Google est la deuxième entreprise à annoncer ses résultats, et ce, ce jeudi. Il n’y a pas encore de mauvais signes avant-coureurs pour son premier trimestre (comme pour Tesla), mais l’incertitude quant à l’avenir devrait peser sur Alphabet.
En résumé : avec les hausses des droits de douane, les entreprises pourraient revoir leurs dépenses de publicité. Les entreprises chinoises Temu et Shein, qui ont beaucoup dépensé en publicités sur Google, pourraient notamment se raviser fortement.
Autre point d’inquiétude : Alphabet dépense beaucoup pour développer l’IA. Le budget 2025 est de 75 milliards de dollars. Cela passe par la construction de centres de données… avec des pièces importées. Ces dépenses pourraient donc devenir encore plus importantes à cause des taxes, alors que l’IA n’est pas toujours rentable. Puis avec la hausse des coûts, les entreprises pourraient aussi vouloir réduire les dépenses en matière de cloud et d’applications d’IA.
Meta
La semaine prochaine sera encore plus intense en matière de résultats : quatre entreprises passeront sur le grill. Le mercredi 30 au soir, c’est au tour de Meta.
Les craintes sont grosso modo les mêmes que pour Alphabet : Meta tire l’immense majorité de ses revenus de la publicité sur Facebook et Instagram, et Temu et Shein sont des gros clients. Et Meta investit massivement dans l’IA et donc les centres de données (60 à 65 milliards de dollars cette année).
Microsoft
Même jour et même heure pour Microsoft, qui tire la majeure partie de ses revenus de la vente de programmes informatiques. Là aussi, il y a des points d’interrogation sur l’infrastructure de centres de données, pour le cloud et le développement de l’IA (80 milliards d’euros alloués en début d’année).
Mais Microsoft serait le type d’entreprise qui pourrait s’en sortir le mieux dans ce contexte de hausses des droits de douane. “Nous considérons Microsoft et Salesforce comme deux des sociétés les mieux placées pour résister à cette tempête macroéconomique, car elles sont déjà revenues aux niveaux du creux de 2022 ou à proximité et peuvent ajuster les niveaux de dépenses et dépenses en capitaux pour cette « nouvelle réalité » si nécessaire, afin de préserver les bénéfices et les liquidités”, explique par exemple Evercore ISI, cité par CNBC.
Amazon
Amazon suit le jeudi 1er mai (qui n’est pas férié aux US), après la cloche également. Le géant de l’e-commerce est sensible, entre autres, aux dépenses des consommateurs. Et ces derniers mois, leur confiance est en baisse aux États-Unis, avec les perspectives des droits de douane et de l’inflation et du ralentissement économique qui pourraient en découler.
Mais Amazon est aussi directement exposé aux droits de douane. Car sur les produits en vente sur Amazon, le groupe vend environ 40% (qu’il achète chez des fabricants, entre autres chinois, pour les revendre au public). Les 60% restant sont vendus par des tiers sur le site. Amazon a déjà annoncé avoir annulé certaines commandes auprès de producteurs chinois pour garder les prix bas. Des vendeurs tiers ont de leur côté annoncé vouloir augmenter les prix.
Mais ce n’est pas tout : Amazon est aussi le leader du cloud. Voilà où il pourrait y avoir un autre impact des droits de douane, comme pour les autres Big Tech.
Apple
La firme à la pomme publie ses chiffres le 1er mai également. Le marché est pour l’heure pessimiste quant aux perspectives d’Apple : l’action a perdu 14% depuis l’annonce des droits de douane. En cause : l’immense majorité de ses smartphones sont produits en Asie, dont surtout en Chine. Trump a certes donné une exemption pour certains produits, pour l’instant, mais à plus long terme l’incertitude reste complète. Produire un iPhone aux États-Unis en exploserait en tout cas le prix.
Le marché attend donc des réponses sur comment Apple pourrait réagir pour s’adapter au nouvel environnement, tout en limitant les hausses des coûts et l’impact sur les marges.
Nvidia
Après six publications de résultats en quelques jours, le marché pourra respirer pendant quatre semaines. Le dernier des Sept Magnifiques, Nvidia, n’est prévu que pour le 28 mai.
Le développeur de puces électroniques, les plus en vogues dans le boom de l’IA, importe actuellement ses puces sous forme de serveurs déjà montés, ce qui met l’entreprise à risque de devoir payer des droits de douane. Mais pour mitiger l’impact, le CEO Jensen Huang a rencontré Trump et a annoncé que Nvidia assemblera davantage de produits au Texas et en Arizona. Le marché voudra donc avoir plus d’informations sur ces plans, les coûts et les éventuelles exemptions de taxes sur les pièces importées.
Mais ce ne sont pas que les droits de douane qui sont un risque pour Nvidia. Les États-Unis (et c’était déjà le cas sous Biden) serrent la vis sur les livraisons des puces américaines les plus sophistiquées à la Chine. Il y a quelques jours, Nvidia a annoncé que des nouvelles mesures (l’entreprise doit demander une licence pour pouvoir exporter certaines puces) représenterait un manque à gagner de 5,5 milliards de dollars par trimestre. Reste à voir quel impact cela aura sur ses perspectives de revenus.
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