Combien de Belges investissent ? Dans quels actifs investissent-ils ? Quels montants placent-ils ? Le Wealth Report de Keytrade Bank et l’UGent lève le voile sur ces questions. Analyse.
Keytrade Bank, en collaboration avec l’Université de Gand, a publié la deuxième édition de son Wealth Report la semaine dernière. Ce rapport cartographie le patrimoine des Belges, entre tranches d’âges, tailles des portefeuilles et classes d’actifs, entre autres. Nous avons voulu en savoir plus sur les investissements en bourse et d’autres actifs financiers des Belges et les tendances qui en découlent. Morgan Libert, directeur francophone du marketing de Keytrade, fait le point.
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Quelques chiffres, d’abord :
- 45% des Belges investissent.
- 26% des ménages investissent dans des fonds, y compris les ETF, et la valeur médiane de ces actifs était de 20.000 euros au moment de l’enquête.
- 22% investissent dans les actions, qui valent 16.000 euros en médiane, soit une augmentation de valeur de 30% en un an.
- 12% des Belges (16% il y a un an) investissent dans des obligations. La valeur médiane est de 20.000 euros.
- 7% des Belges investissent dans les cryptomonnaies. La valeur médiane est de 750 euros. “On se rend compte, via d’autres études aussi, qu’il y a une croissance d’année en année, mais on est toujours sur des montants qui sont encore plus faibles. Une des explications pourrait être qu’il n’y a pas vraiment de plateforme belgo-belge, ni de banque qui propose ces solutions, en plus de la nouveauté de cette classe d’actifs”, détaille Morgan Libert.
- Sinon, 4% des Belges investissent dans les bons de caisse, produit à la croisée du compte à terme et de l’obligation, pour un montant médian de près de 25.000 euros.
Diversification et éducation financière
Voilà pour les chiffres bruts. Mais au-delà, est-ce que les Belges diversifient leurs investissements, ou est-ce qu’ils privilégient une catégorie d’actifs ? “C’est plus une approche catégorie par catégorie. Mais plus on avance dans les catégories aisées, plus on voit de la diversification. Les personnes les plus riches diversifient le plus : plus de 70% des 20% les plus riches investissent dans plusieurs catégories. La diversification est clé chez les plus grosses fortunes, et c’est peut-être la clé du succès et de la richesse au final… D’ailleurs, la tendance est de plus en plus adoptée par les jeunes. Ils ont un taux d’investissement plus faible, mais diversifient beaucoup plus rapidement leurs placements qu’avant, dans des classes d’actifs plus risquées”, détaille Morgan Libert. “Ils investissent plus, et plus rapidement.”
C’est d’ailleurs vrai pour les actifs financiers, mais aussi pour les investissements immobiliers des jeunes. “Le rapport de la Gen Z à l’immobilier est intéressant. Ces jeunes prennent plus de risques. La valeur d’un bien moyen est de 300.000 euros en Belgique, pour l’ensemble de la population, tandis qu’un jeune de moins de 28 ans achète généralement un bien qui vaut en moyenne 350.000 euros”, continue Libert. Ainsi, 48% des jeunes de la Gen Z ont leur propre habitation, et ils sont souvent aidés par les parents et grands-parents. 87% d’entre eux ont reçu quelque chose du support familial, via du cash ou un bien immobilier.
Ce point sur l’aide financière de la famille n’est pas anodin. Si ces jeunes ont plus d’argent sous la main pour investir, c’est aussi car quelque chose est en train de changer dans la manière dont les générations plus âgées gèrent leur patrimoine. “Quelque chose qu’on constate, beaucoup plus qu’avant, c’est qu’il y a de plus en plus une approche patrimoniale des parents et grands-parents, qui cèdent leurs avoirs plus vite que par le passé. Ils essaient notamment d’éviter la fiscalité plus élevée qui s’applique en cas d’héritage après un décès. Il y a un écosystème de dons et d’héritages qui est plus anticipé qu’avant. Les parents veulent aider plus rapidement leurs enfants et se rendent aussi compte que les jeunes générations ont maintenant, d’un point de vue d’éducation financière, accès à beaucoup plus d’informations qu’avant. Les jeunes sont plus capables de se diversifier et de trouver des sources de revenus plus rapides en prenant des risques, notamment via les actions, l’immobilier et les cryptomonnaies”, analyse Libert.
Les Belges et le risque
L’étude fait aussi le point sur le goût du risque des Belges… qui n’est généralement pas très prononcé. Seuls 7% ont une aversion faible au risque, même si près de la moitié des Belges investissent dans des fonds, actions, obligations ou cryptomonnaies, comme dit plus haut. 53% ont une aversion moyenne et 40% une aversion élevée. La préférence pour l’épargne est plus marquée qu’ailleurs en Europe.
Concernant l’épargne, le coussin s’est d’ailleurs amélioré en un an. 45% de la population a désormais une épargne qui couvre 3 à 12 mois de revenus, tandis que ce chiffre était de 37% il y a un an. Sur le coussin d’épargne spécifique des Belges qui investissent, la banque n’a pas d’informations précises. Mais Libert donne un chiffre “à l’envers” : les actifs financiers cités plus haut représentent en moyenne 25% du patrimoine des gens qui investissent. Et cela varie en fonction de l’âge : chez les 55-64 ans, les investissements représentent 30% du patrimoine.