Les fonds globaux en actions de croissance se portent bien
Les fonds globaux en actions internationales de croissance restent une option attractive pour s’exposer sur les perspectives de croissance à long terme, avec une exposition forte sur la technologie américaine.
Durant les cinq dernières années, les meilleurs fonds investis globalement sur les actions de croissance ont dégagé des performances annualisées supérieure à 13%. Il faut toutefois signaler que cette catégorie de fonds est extrêmement profonde avec plus de 760 compartiments recensés sur Morningstar, dont plus de 400 avec un historique de performance supérieur à cinq ans.
Parmi ce dernier groupe, une grosse centaine de compartiments n’ont pas dépassé les 10% de performance annualisée, et une dizaine n’a même pas dépassé 5%. Il faut donc être sélectif.
Expositions diverses
Après un exercice 2022 difficile, notre sélection de fonds a réalisé une performance tonitruante en 2023 (+22,8% en moyenne) et pour le premier semestre 2024 (+18,1% en moyenne en date du 27 juin 2024). Il existe de nombreux points de similarité entre les fonds qui ressortent en haut du classement. Tout d’abord, il s’agit généralement de stratégies très concentrées, avec typiquement une quarantaine de lignes représentant un peu plus de 40% des encours sous gestion, et un poids de 66% sur les actions américaines, de 21% sur les européennes, de 7% sur l’Asie et de 4% sur le Japon.
Si les grandes capitalisations représentent l’essentiel du portefeuille, certains fonds peuvent avoir des positions sur des petites ou moyennes capitalisations représentant jusqu’à 20% des encours. Le secteur technologique est absolument incontournable pour expliquer la performance de ces produits (34% des encours en moyenne), avec Microsoft figurant dans les 10 principales positions de chaque fonds, contre huit apparitions pour Nvidia ou Amazon, six pour Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) et cinq pour Alphabet (Google). Les spécialistes des paiements électroniques (Visa et Mastercard) totalisent huit apparitions, contre six pour les spécialistes des traitements contre l’obésité (Novo Nordisk et Eli Lilly).
Largement en tête du classement pour les fonds disponibles dans le retail, MainFirst Global Equities Unconstrained est une stratégie qui présente la particularité d’avoir une volatilité plus élevée (qui explique une notation Morningstar de seulement quatre étoiles) avec un poids proche de 20% sur des petites et moyennes capitalisations, la plus faible exposition sur les actions américaines (51% des encours) et la plus forte sur l’Asie (23%). “Nous sommes vraiment une stratégie globale, et nous voulons avoir une exposition importante sur la région qui connaîtra la croissance la plus rapide durant la prochaine décennie”, indique le gestionnaire du fonds Jan-Christoph Herbst.
Nous voulons avoir une exposition importante sur la région qui connaîtra la croissance la plus rapide durant la prochaine décennie.” – Jan-Christoph Herbst (MainFirst Global Equities Unconstrained)
“Notre stratégie est basée sur une série de grandes thématiques, sur lesquelles nous restons investis pour plusieurs années au travers de trois à cinq sociétés qui vont être en mesure de croître annuellement de 15 à 20% en moyenne.” Cette stratégie de type “acheter et conserver” n’empêche pas des ajustements fréquents des poids dans le portefeuille. “Nous avons dû vendre régulièrement des actions Nvidia ces deux dernières années”, dit-il.
Ne pas bouger
“Après l’année 2022, la plus importante décision que nous ayons prise a été de ne pas vendre les entreprises dans lesquelles nous croyions, notamment dans des domaines comme l’automation/IA (10% des encours), le cloud (19%) ou les semi-conducteurs (19%), ce qui nous a permis de profiter pleinement du rebond des marchés en 2023 et 2024, poursuit Jan-Christoph Herbst. 2023 a été l’année où nous avons historiquement fait le moins de changements.”
Les ressources naturelles (12% des encours) sont une autre thématique appréciée par les gestionnaires de MainFirst Global Equities Unconstrained, avec des investissements réalisés dans des mines d’or, d’argent ou de cuivre. “Ces métaux vont être au cœur de nombreuses tendances de long terme comme l’électrification, la digitalisation, la production de panneaux solaires ou de semi-conducteurs.”
Le reste du portefeuille est exposé sur une gamme assez large de sociétés liées notamment au secteur de la consommation (cosmétique, luxe, etc.). “Nous sommes exposés fortement sur le développement de la classe moyenne asiatique, au travers de groupes chinois comme Trip.com (l’équivalent chinois de Booking.com, ndlr) ou Pinduoduo (qui détient notamment le site de commerce en ligne Temu, ndlr).”
Attrait mexicain
De son côté, le très expérimenté David Ross, gestionnaire du fonds Echiquier World Equity Growth, a pris le parti de sortir quasi-totalement des actions européennes, avec une diversification en dehors des Etats-Unis qui provient de l’Amérique latine (Mexique et Brésil). “Sur le long terme, il y a deux manières de surperformer le reste du marché : soit détenir des actions différentes des fonds concurrents, soit détenir les mêmes actions mais de manière différente.”
David Ross (Echiquier World Equity Growth) a pris le parti de sortir quasi totalement des actions européennes.
Une philosophie qu’il met en pratique en étant investi à 18% sur le Mexique (au travers de titres comme Walmart Mexico, Banorte ou Femsa) que David Ross apprécie “en raison de son exposition sur le rapatriement des chaînes de production vers le marché américain” ; ou en ayant une concentration très forte de son portefeuille avec seulement 20 lignes individuelles et 61% des encours dans les 10 premières positions. “Ce n’est pas un risque à nos yeux, car nous connaissons très bien les sociétés en portefeuille. Les principaux mouvements dans nos lignes sont généralement effectués en dehors des 10 premières lignes, qui ont tendance à rester relativement stables dans le temps.”
Tendances de fond
A la tête du fonds JPMorgan Funds – Global Growth, Raj Tanna connaît un début d’année tonitruant avec la meilleure performance au sein de notre échantillon, après avoir déjà rentré un des meilleurs bulletins en 2023. “Sur le long terme, les profits entraînent la croissance des cours, et notre objectif en tant que gestionnaire actif est d’identifier le plus tôt possible quelle sera la partie du marché qui va connaître la plus forte croissance et de nous y positionner avant les autres.”
“Nous restons convaincus par les perspectives de la technologie (qui représente encore 44% des actifs sous gestion), même si l’opportunité n’est plus aussi attractive qu’au début 2023.” Il souligne être investi sur l’ensemble de la chaîne de valeur liée à l’intelligence artificielle. “Nvidia ne peut pas développer ses puces sans le taïwanais TSMC qui utilise les machines développées par le néerlandais ASML. Les GPU de Nvidia ont également besoin de composants qui proviennent des coréens Samsung ou Hynix.”
Raj Tanna (JPMorgan) est investi sur l’ensemble de la chaîne de valeur liée à l’intelligence artificielle.
Il apprécie également plusieurs sociétés européennes, souvent valorisées avec une décote importante par rapport à des américaines de même qualité, comme par exemple entre Eli Lilly et Novo Nordisk dans le segment de l’obésité. Un autre argument en faveur des actions européennes est l’importance des rachats d’actions. “Pratiquement tous les CEO européens sont aujourd’hui en train de racheter leurs actions, car c’est actuellement le meilleur investissement qu’ils puissent faire pour renforcer la croissance de leurs résultats.”
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