Les applications de rencontre ne séduisent plus les investisseurs, mais cette entreprise continue de conquérir cœurs et capitaux

Grindr
Sebastien Marien Stagiair Data News 

L’année a été particulièrement mauvaise pour les applications de rencontres en ligne. Les leaders du marché comme Tinder, Bumble et Badoo voient leur nombre d’utilisateurs diminuer, tandis que leur valeur boursière s’évapore. Une exception à la règle: Grindr qui cible le public LGBTQ+.

.C’est compliqué. Tel pourrait être le statut relationnel des applications de rencontres. En réalité cela fait déjà quelque temps que les grandes entreprises cotées en bourse derrière les applications de rencontre ne sont plus sur leur petit nuage.

Une valorisation qui ne représente plus qu’un cinquième d’il y a 5 ans

Match est le leader mondial du marché. Il est propriétaire de plus de quarante applications, dont Tinder est de loin la plus importante. Tinder a connu son apogée en 2020, pendant la pandémie de coronavirus. À l’époque, elle comptait 73,3 millions d’utilisateurs actifs mensuels, mais aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 54,1 millions. Moins d’utilisateurs signifient automatiquement moins de revenus publicitaires et d’abonnements. Le mois dernier, Tinder a annoncé que le nombre d’utilisateurs payants avait diminué pour le huitième trimestre consécutif par rapport à l’année précédente. Par conséquent, la croissance des revenus a également diminué au cours des trois dernières années. La valeur boursière de Match – environ 8 milliards de dollars – ne représente plus qu’un cinquième de ce qu’elle était il y a trois ans. Les prévisions de revenus ont également été revues à la baisse.

L’an dernier, le cours de Tinder a chuté de 9,75 %. Chez le concurrent Bumble, numéro deux en nombre d’utilisateurs, les dégâts ont été encore bien plus importants. Bumble, propriétaire de l’application de rencontre éponyme et de Badoo, a été fondée en 2014 par l’un des créateurs de Tinder. L’USP (unique sellingpoint/proposition unique de vente) de Bumble résidait dans le fait que les femmes avaient le droit de prendre l’initiative de démarrer une conversation. Ce concept répondait à la réalité selon laquelle les utilisatrices de Tinder étaient souvent approchées de manière inappropriée. Le cours de Bumble a chuté de plus de 45 % l’an dernier. La disparition de son principal élément distinctif – le droit d’initiative des femmes – illustre bien ce déclin.

L’IA comme salut

A travers une lettre ouverte, les principaux investisseurs de Match ont lancé un appel clair pour attirer davantage d’utilisateurs, réduire les coûts et innover. Et c’est précisément dans le domaine de l’innovation que le bât blesse actuellement. Une enquête de Statista a déjà révélé que la génération Z est moins enthousiaste à propos des rencontres en ligne que les milléniaux. Les utilisateurs sont lassés du principe de base : balayer les photos à gauche ou à droite pour les approuver ou non. De plus, l’expérience des utilisatrices reste mauvaise, ce qui fait que les applications sont principalement utilisées par des hommes. Les applications les plus populaires semblent incapables de trouver une solution à ce déséquilibre.

Cette année, Match a organisé sa première journée des investisseurs depuis son introduction en bourse en 2015. Le thème principal : l’intelligence artificielle (IA) comme le prochain grand changement dans le monde des connexions romantiques. Match mise lourdement sur cette technologie et affirme que l’IA transformera complètement l’expérience de rencontre. L’entreprise espère ainsi améliorer tous les aspects du processus de rencontre en ligne.

Pour plusieurs applications de rencontre, l’IA est vu comme un vent de fraîcheur bienvenu. Reste à voir comment l’IA pourra concrètement faire la différence. Faye Iosotaluno, la PDG de Match, a déjà suggéré l’idée d’une fonction de mise en relation basée sur l’IA. Les utilisateurs ne seraient pas matché en fonction des photos qu’ils aiment, mais sur la base des informations que ces photos révèlent. De plus, l’IA tirerait aussi des leçons des sondages que Tinder souhaite soumettre à ses utilisateurs.

Grindr, l’exception qui confirme la règle

Mais la proposition la plus poussée vient de George Arison, le PDG de l’application de rencontre Grindr. Celui-ci souhaite transformer l’application en un “produit de rencontre basé sur l’IA”. Grindr veut aller encore plus loin dans l’exploitation des données des utilisateurs pour mettre en relation des candidats par la suite. “La plupart des produits utilisent très peu de données pour établir des matchs”, déclare Arison au Financial Times. Il évoque également la vision de Grindr concernant l’implémentation de l’IA. “Je pense qu’il y a beaucoup d’intimité et d’informations utiles dans les conversations des utilisateurs.” Grindr travaille aussi sur une fonction appelée ‘Wingman’, où l’IA suggère des sujets de conversation aux utilisateurs en fonction des informations que l’autre personne partage.

Grindr est à la fois l’exception qui confirme la règle. Alors que chez ses concurrents on observe une désertion des utilisateurs, des revenus qui baissent et une valeur boursière qui s’écroule,  Grindr lui prospère. Son cours à la bourse de New York est désormais supérieur de plus de 100 % à celui du début de l’année 2024.

Grindr est une application de rencontre qui cible le public LGBTQ+, et c’est là son succès. Non seulement la communauté queer et transgenre croît à l’échelle mondiale, mais Grindr aide également ce groupe à trouver des partenaires de manière accessible. Il est remarquable que les utilisateurs de Grindr n’hésitent pas à dépenser de l’argent dans l’application. Contrairement à ses concurrents, Grindr prévoit de générer plus de revenus grâce à ses abonnements. L’entreprise de Hollywood a récemment projeté un taux de croissance annuel composé de 20 % entre 2024 et 2029.

Cependant, il est possible que le coup de frai tant attendu pour les applications de rencontre provienne de nouveaux projets. L’application néerlandaise Breeze, par exemple, est une plateforme en ligne qui cherche à encourager les contacts entre utilisateurs à se dérouler le plus possible hors ligne. L’une des critiques les plus courantes des utilisateurs d’applications de rencontre est que tout le processus semble trop superficiel et simpliste. Après que s’être matché en likant les photos de l’autre, ils peuvent discuter. Mais en pratique, très peu de véritables rendez-vous ont lieu. Et tandis que Tinder et Bumble voient une solution dans l’IA, Breeze souhaite elle réduire l’utilisation de la technologie. L’application saute l’étape du chat et organise directement un rendez-vous dans un restaurant ou un café partenaire. Breeze affirme avoir organisé ainsi déjà plus de 280 000 rencontres.

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