Le Journal des Marchés : grosse inquiétude avant le “Liberation Day”
Vincent Juvyns, expert chez JP Morgan, est l’invité du Journal des Marchés. Il débriefe la nouvelle journée rouge sang des marchés, effrayés par l’arrivée de nouvelles taxes douanières de Trump.
L’Euro Stoxx 50 perd 1,5% ce lundi, après un vendredi noir. Sur le mois de mars, sa chute est même d’environ 4%. Les grands indices asiatiques ont laissé 3% ce lundi et le S&P 500, indice phare de Wall Street, perd plus de 1% à l’ouverture.
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“C’est la perspective du « Libération day » aux États-Unis. Le “Liberation Day”, prévu le 2 avril 2025, est le terme utilisé par le président américain Donald Trump pour désigner la mise en place de nouvelles mesures tarifaires visant à rééquilibrer les relations commerciales des États-Unis avec d’autres nations. Concrètement, le 2 avril 2025, le président Donald Trump prévoit de recevoir un rapport détaillé sur le commerce international, élaboré par son administration. Ce rapport vise à identifier les partenaires commerciaux des États-Unis qui appliquent des barrières commerciales jugées injustes ou imposent des tarifs élevés sur les produits américains. L’objectif est de fournir une base pour la mise en place de mesures tarifaires réciproques, alignées sur la politique commerciale protectionniste de l’administration Trump.”
“Les pays les plus concernés sont ceux qui contribuent le plus significativement au déficit commercial des États-Unis et qui imposent les tarifs les plus élevés sur les produits américains. Les exportations automobiles sont plus récemment au centre de l’attention et c’est un point qui concerne particulièrement l’Europe.”
“Europe vulnérable”
Le Vieux continent serait particulièrement vulnérable, dans ce contexte de droits de douane. “L’Europe est une économie ouverte qui dépend des exportations. Les entreprises européennes génèrent 23% de leur chiffre d’affaires aux États-Unis. Le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis de l’Europe est important et s’est encore creusé davantage depuis le dernier mandat de Donald Trump. Il a presque doublé depuis 2016 à plus de 200 milliards de dollars. Après le Mexique, l’Europe est la région qui exporte le plus d’automobiles et de composants automobiles aux États-Unis. Les exportations ont atteint 67 milliards en 2024 dont la moitié venaient d’Allemagne.”
“C’est sans conteste un poids lourd dans notre économie. La Commission Européenne estime qu’il pèse 7% dans le PIB de l’Europe et représente plus de 6 millions d’emplois. C’est également un investisseur important en R&D. Ces problèmes commerciaux viennent malheureusement s’ajouter à des problèmes préexistants de perte de compétitivité liées aux prix de l’énergie et aux réglementations ainsi qu’au retard pris sur l’électrique. On a vu en Belgique avec la fermeture d’Audi Bruxelles un exemple concret de ces difficultés.”
Prudence
Que tout cela veut-il dire pour les investisseurs ? “A court terme, la prudence doit dominer. Les tensions commerciales alimentent l’inflation, donc le cash n’est pas une bonne option. Dans le même temps, ce n’est pas le moment de prendre trop de risques non plus. Une approche diversifiée avec une pondération neutre des actions et obligations en portefeuille me semble pour l’instant la plus indiquée.”
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