Jerry Greenfield, qui a fondé la marque de glaces Ben&Jerry’s en 1978 avec Ben Cohen , a décidé de quitter l’entreprise. “C’est l’une des décisions les plus difficiles et douloureuses que j’aie eu à prendre” dit-il. Il est en froid avec le géant britannique de l’agroalimentaire Unilever. Ce dernier a racheté la marque de crèmes glacées en 2000 pour un montant de 326 millions de dollars.
Ben & Jerry’s est connu tant pour ses parfums originaux que pour ses idéaux sociaux progressistes que la marque promeut depuis ses débuts il y a presque 50 ans. À la suite du rachat de la marque par Unilever en 2000 et son intégration dans la section crèmes glacées de la multinationale, il avait été convenu qu’un conseil indépendant continue de protéger les valeurs sociales de l’entreprise.
Unilever a cependant récemment restructuré sa division “glaces”. Elle s’appelle depuis le 1er juillet “Magnum Ice Cream Company”. Elle deviendra une entreprise séparée en novembre, basée à Amsterdam et cotée principalement sur la place néerlandaise.
Les fondateurs de Ben & Jerry’s avaient dès lors indiqué en début d’année envisager un rachat de leur marque. Ce qu’Unilever a rapidement balayé.
Plusieurs années de tensions
Les relations d’Unilever avec sa filiale Ben & Jerry’s ont été marquées à plusieurs reprises ces dernières années par des tensions, notamment sur des questions politiques et sociales.
Ben Cohen et Jerry Greenfield avaient demandé la semaine dernière dans une autre lettre ouverte à ce que la marque regagne son indépendance. “Nous ne partageons pas le point de vue de M. Greenfield et avons souhaité engager un dialogue constructif avec les deux cofondateurs sur la manière de renforcer la position forte de Ben & Jerry’s dans le monde, fondée sur ses valeurs”, a réagi un porte-parole de l’entreprise.
En mai, Ben Cohen avait été expulsé d’une audition parlementaire à Washington après avoir dénoncé le soutien du gouvernement américain à Israël dans sa guerre à Gaza.
Aujourd’hui c’est Jerry Greenfield qui claque la porte. “C’est avec le cœur brisé que j’ai décidé que je ne pouvais plus, en toute conscience, et après 47 ans, rester un employé de Ben & Jerry’s”, a annoncé M. Greenfield, dans une lettre postée mardi soir sur X par son cofondateur Ben Cohen. L’entreprise “a été réduite au silence, mise à l’écart par crainte de contrarier le pouvoir”, à un moment où l’administration américaine “s’attaque aux droits civiques, au droit de vote, aux droits des immigrants, des femmes et de la communauté LGBTQ”, a poursuivi M. Greenfield dans sa lettre. “Il est profondément décevant de constater que cette indépendance, fondement même de notre vente à Unilever, a disparu”, a-t-il ajouté.
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