Le joaillier chinois Laopu Gold vient de lancer son expansion internationale. Un nom encore méconnu en Europe, mais que les acteurs du luxe gardent déjà à l’oeil. Peut-il être une menace pour eux ?
Une première ouverture internationale pour ce joaillier chinois, qui le veut comme un symbole de son émergence mondiale et de la poursuite des grands noms du luxe. Fin juin, Laopu Gold a inauguré son magasin à Singapour, dans le complexe de Marina Bay Sands, notamment connu pour son hôtel en forme de voilier.
Et durant ses deux premiers week-ends d’ouverture, les clients ont en moyenne fait la file pendant une à deux heures, rapporte CNBC.
Une autre ouverture de magasin pourrait suivre au Japon, l’année prochaine.
Crainte en Europe ?
Laopu compte notamment un client occidental célèbre : Victor “Wemby” Wembanyama, le basketteur français de 21 ans qui évolue en club aux États-Unis. Il a acheté un collier en or lors d’une visite à Pékin, en juin, et l’a porté à plusieurs reprises en public. Cela, alors qu’il est ambassadeur du groupe LVMH.
La marque n’est peut-être pas encore connue du grand public en Europe, mais les maisons de luxe européennes y prêtent déjà attention. Car sur le marché chinois notamment, Laopu rafle la mise. Ses ventes ont augmenté de 166% en 2024, à plus d’un milliard d’euros. Alors que pour LVMH et consorts, les derniers résultats trimestriels ont toujours fait état de ventes en baisse, dans le pays.
En mai, le groupe Richemont, qui possède notamment Cartier, a par exemple indiqué dans une communication aux investisseurs que l’émergence du Chinois poussait l’entreprise à “être créatif et développer des moyens de rendre nos marques désirables.”
Vraie menace ?
Mais il reste à voir si l’acteur peut attaquer les grands noms du secteur sur d’autres marchés, comme le fait le Chinois BYD sur le front de l’automobile. Pour l’instant, son expansion reste limitée à l’Asie. À Singapour, de surcroît, il y a de nombreux expatriés et touristes chinois.
Puis le design d’une partie de ses produits s’inspire de la joaillerie chinoise traditionnelle. C’est un avantage pour s’imposer sur le marché chinois, selon Li Jie, professeur du Luxury Brand Research Center de l’Université Jiao Tong de Shanghai, cité par CNBC. “L’ascension de Laopu au cours des deux ou trois dernières années repose sur 16 années d’efforts et sur un produit qui répond efficacement aux besoins fonctionnels, émotionnels et sociaux des consommateurs chinois de la classe moyenne”, explique-t-il, ajoutant que les marques chinoises surjouent souvent ces facteurs pour attirer les consommateurs. Mais à échelle internationale, cela demande d’autres efforts, note l’expert : “Les marques doivent évoluer lentement et régulièrement afin de construire leur réputation de manière cohérente.”
Bourse
Le parcours de Laopu plaît en tout cas aux investisseurs. La hausse du prix ces deux dernières années n’y est peut-être pas pour rien. Depuis son introduction en bourse, à Hong Kong à la fin juin 2024, le cours a été multiplié par près de 15, passant de 70 à 1.035 dollars hongkongais.
Et l’entreprise veut continuer à surfer sur cette vague, en continuant à jouer la carte de l’exclusivité. Elle veut notamment augmenter ses prix deux fois par an, même si le cours de l’or se replie.