“La Fed n’interviendra pas” : Powell effraie les marchés

Jerome Powell à l’Economic Club de Chicago. (Photo by KAMIL KRZACZYNSKI / AFP) (Photo by KAMIL KRZACZYNSKI/AFP via Getty Images) © AFP via Getty Images
Charly Pohu

Les marchés sont en chute après les annonces de Trump, mais c’est le signe qu’ils fonctionnent correctement, déclare le président de la Fed, Jerome Powell, dans un discours. La Fed n’interviendra pas pour freiner les chutes, avertit-il.

Les apparitions publiques de Jerome Powell, président de la Fed, sont toujours des moments très attendus par le marché, surtout en temps turbulents. C’était donc aussi le cas de son discours à l’Economic Club de Chicago, ce mercredi soir.

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Peur aux marchés

La bourse a en tout cas réagi négativement : le S&P 500 a clôturé en baisse de 2,24%. Et la bourse européenne suit la même direction ce matin, avec des baisses entre 0,5 et 1%. En cause : l’attitude attentiste affichée, alors que les marchés s’attendent à des baisses des taux pour contrecarrer le ralentissement probable de l’économie américaine.

Il faudrait attendre plus de données pour voir où va l’économie avant de changer les taux d’intérêt, souligne l’homme fort de la Fed. Pour lui, la volatilité des marchés est également une réaction logique aux changements dans les politiques commerciales et le signe que les marchés fonctionnent correctement, plus qu’un vrai stress financier qui nécessiterait une réponse de la part de l’institution monétaire. Il répond d’ailleurs clairement “non” à une question sur une intervention de la Fed dans le cas d’autres chutes des marchés.

Incertitude

Voilà pour ce qui concerne les nouvelles qu’attendaient les marchés. Mais plus globalement, Powell s’exprime sur l’incertitude ambiante. Dans les questions-réponses après son discours, il admet que les droits de douane pourraient faire augmenter les prix et fragiliser la croissance et le marché du travail, rapporte Reuters. L’un comme l’autre éloignerait la Fed de ses objectifs, et entre les deux “nous prendrions en compte la distance qui sépare l’économie de chaque objectif, ainsi que les horizons temporels potentiellement différents sur lesquels ces écarts respectifs devraient être comblés”, précise Powell.

Il commente aussi les droits de douane en tant que tels. Il affirme qu’ils sont plus importants que ce que la Fed avait prévu dans ses scénarios les plus graves. Ils sont un “changement fondamental” et les économistes et entreprises n’ont pas vraiment de parallèle sur lequel s’appuyer pour étudier les impacts potentiels.

Il rappelle aussi que la Fed est un organe indépendant. Elle dépend de la loi, qui peut uniquement être modifiée par le Congrès. Il souligne que la Fed prend ses décisions de politique monétaire sur base de concepts économiques et qu’elle ignore les influences politiques. Powell est fortement applaudi pour ces paroles. Trump souhaite notamment que la Fed réduise les taux et critique régulièrement l’institution.

Powell ajoute aussi qu’il s’attend à un ralentissement de l’économie, même si elle est toujours dans une “position solide” : “Les données disponibles jusqu’à présent suggèrent que la croissance s’est ralentie au premier trimestre par rapport au rythme soutenu de l’année dernière.” Les dépenses des consommateurs augmentent modestement et leur confiance tourne au vinaigre, continue-t-il, et une hausse des importations en début d’année, par peur des droits de douane, pourrait d’ailleurs perturber les estimations de la croissance.

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