La chute du luxe est-elle terminée ?
Les chiffres du quatrième trimestre du plus grand conglomérat de luxe au monde, LVMH, montrent une légère amélioration par rapport au trimestre précédent, mais trop peu pour soutenir la forte reprise du cours de l’action au cours des derniers mois.
Le cours de l’action a chuté de 5% après la publication des résultats, mardi dernier. Il est toujours en chute depuis. Au cours de la période octobre-décembre, la croissance organique (sans tenir compte des acquisitions, des cessions ou des taux de change) du chiffre d’affaires a été limitée à 1 %, ce qui représente une légère amélioration par rapport à une tendance stable de neuf mois.
La direction parle d’une performance « solide » malgré un environnement économique mondial défavorable. Il y a tout juste un an, cela ressemblait à une « normalisation » des ventes de produits de luxe après une période exceptionnelle (chute importante due à la pandémie de covid-19, suivie d’une reprise anormalement forte après la pandémie). Mais aujourd’hui, il est de toute façon clair que l’environnement a évolué vers une situation « défavorable ». Le fait que l’évolution organique des ventes de la division cruciale « Maroquinerie et articles de mode » reste en baisse (-1%) montre que le ralentissement n’est pas encore terminé.
Chiffres
Le chiffre d’affaires en 2024, à 84,68 milliards d’euros, reste juste au-dessus du consensus des analystes de 84,38 milliards d’euros, mais est inférieur de 2 % au chiffre de 2023 (86,15 milliards d’euros) en termes absolus. Sur le plan organique, nous restons légèrement au-dessus de la ligne zéro (+1%).
La situation géographique reste également inchangée. L’Europe, les États-Unis, le Japon et le reste de l’Asie (à l’exclusion de la Chine) se redressent. Le Japon reste la région à la croissance la plus rapide (à deux chiffres) en raison des touristes chinois qui y achètent de produits de luxe “moins chers”. Mais la faiblesse du yen japonais pèse sur les chiffres absolus.
La faible évolution des ventes a des répercussions sur les bénéfices. Le bénéfice d’exploitation (Ebit) recule de 14 % (de 22,80 à 19,57 milliards d’euros) et le bénéfice net baisse de 17 % (de 15,17 à 12,55 milliards d’euros). Soit un bénéfice par action de 25,12 euros contre 30,33 euros pour l’exercice 2023.
Divisions
Si l’on regarde les différentes divisions, la faiblesse de la division “Vins et spiritueux” reste un revers récurrent. Elle est en partie due à la faiblesse des ventes en Chine. D’une année sur l’autre, il y a une baisse de -11% (-8%, en organique) en termes de ventes et même de -36% en termes d’Ebit. L’homme fort Bernard Arnault ne boira pas de champagne à cette occasion.
Mais le fait que le bastion absolu du groupe (“Maroquinerie & articles de mode”) affiche un chiffre d’affaires en baisse de 3% sur 2024 (-1%, en organique) constitue un revers tout aussi important. Cette division représentait de nouveau 48,4% des ventes du groupe et même 77,8% du bénéfice d’exploitation en 2024. La baisse de 10 % de l’Ebit est donc légèrement plus résiliente qu’au niveau du groupe, de sorte que sa part dans l’Ebit du groupe a encore augmenté (elle était de 73,8 % pour l’exercice 2023).
Examinons ensuite les surprises positives. En première place, et c’est une constante pour 2024, se trouve la division « Distribution sélective » (chaînes de magasins sans taxes). Les restrictions liées à la pandémie de covid-19, sur tous les continents, ont pesé sur les chiffres pendant longtemps. Mais nous observons les chiffres de croissance les plus forts en 2023 et 2024 : croissance du chiffre d’affaires de 2% (+6% sur le plan organique). C’est la seule division qui ne publie pas d’Ebit. La division « Parfums et Cosmétiques » affiche également une augmentation des ventes de 2 % (+4 % sur une base organique). Cela est dû en partie à l’effet positif de Rihanna sur les ventes du parfum “J’adore”. Mais l’Ebit est également en baisse pour cette division (-6%).
Dividende
Malgré les résultats plus faibles, le dividende reste inchangé à €13 par action (dividende final €7,50 par action).
Conclusion
Après environ un an et demi de tendance baissière, au cours de laquelle l’action a perdu un tiers de sa valeur, nous avons assisté à une solide reprise du cours de 25% au cours des deux derniers mois. Cette reprise a été interrompue par ces chiffres néanmoins légèrement décevants. Le ralentissement du secteur du luxe n’est pas encore vraiment terminé. LVMH reste une entreprise de premier plan, mais à 25 fois les bénéfices attendus pour 2025 et à 23,5 fois les bénéfices attendus pour 2026, l’action n’est pas non plus une bonne affaire. Les chiffres sont insuffisants pour une recommandation d’achat. Par conséquent, la recommandation neutre est maintenue.
Conseil : conserver/attendre
Risque : faible
Rating : 2A
Cours : 714,6 euros
Ticker : MC FP
Code ISIN : FR0000121014
Marché : Euronext Paris
Capitalisation boursière : 375,16 milliards d’euros
Ratio C/B en 2024 : 28
Ratio C/B attendu en 2025 : 25
Différence de cours sur 12 mois : -6%
Ecart de cours depuis le début de l’année : +12%
Rendement du dividende : 1,8%.
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