IPO monstre: le métro de Tokyo bientôt coté en bourse
Tokyo Metro sera bientôt introduit en bourse, mais le gouvernement restera actionnaire majoritaire. Une IPO qui pourrait établir des records, mais qui n’est pas sans risques.
Une introduction en bourse monstre se prépare au Japon : celle de la société de transports en public de Tokyo, Tokyo Metro (à ne pas confondre avec Toei Subway, une autre compagnie publique qui exploite un autre réseau à Tokyo). Elle est aujourd’hui détenue à 100% par le gouvernement local et le gouvernement national, mais ceux-ci cherchent à lever des fonds en vendant des actions en bourse, apprend Reuters.
Les choses pourraient aller vite. Les gouvernements s’attendent à ce que la société soit introduite vers la fin octobre. Cette semaine, des réunions avec des courtiers sont prévus, et le feu vert de la Bourse de Tokyo pourrait tomber à la mi-septembre.
Record en six ans ?
L’entreprise restera publique. Les propriétaires ne mettent donc que la moitié des actions en vente. Mais ils espèrent néanmoins lever 350 milliards de yens, ou 2,17 milliards d’euros au taux de change actuel. Les propriétaires s’attendent à une valorisation de 700 milliards de yens, ou 4,3 milliards d’euros. Si tout se passe comme prévu, ce serait la plus grosse IPO depuis celle d’une unité de SoftBank Groupe, en 2018.
C’est une des plus importantes compagnies de transports urbains au monde. Le réseau de rails de métro fait 195 kilomètres de longueur et est emprunté par 6,5 millions de passagers par jour. Mais ce ne sont pas les seules activités de Tokyo Metro : la société opère également dans l’immobilier et le retail. L’entreprise est largement dans le vert : son dernier bénéfice annuel est de 43 milliards de yens (270 millions d’euros).
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Entreprises publiques cotées, un pari gagnant ?
Ce ne serait pas la seule compagnie de transports en commun japonaise cotée en bourse. Différentes entités de la société ferroviaire JR (Japan Railways) le sont, par exemple. JR Kyushu a été introduit en 2016 (et a gagné 25% depuis), JR East en 2002 et JR West en 2000. Mais pour ces entreprises, l’Etat a vendu l’entièreté de ses parts, lors de l’IPO au plus tard. Le rail japonais est d’ailleurs entièrement privatisé aujourd’hui.
Une autre entreprise de transports en commun d’une ville en particulier qui est cotée en bourse est le métro de Hong Kong, MTR. Le gouvernement détient plus de 75% de l’entreprise. Elle est cotée en bourse depuis l’an 2000, et semble être la seule compagnie de métro à être cotée en bourse. Son cours est en hausse de 130% sur son existence, mais en chute de 47% depuis son pic atteint en été 2019.
Les entreprises publiques cotées, sont-elles généralement un bon investissement ? Si on prend l’exemple de la Belgique, les investisseurs ont un doute. L’Etat belge détient par exemple une part majoritaire dans Proximus et bpost – et ces titres sont en chute ces dernières années. Pareil pour la Banque nationale, une des seules banques centrales au monde à être cotées en bourse. Le fait que l’Etat a pris des parts, plus tôt cette année, dans Umicore, a contribué à faire chuter le cours de cette entreprise. Il y a donc régulièrement débat sur la pertinence de cette participation publique.
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Le risque, que ce soit en Belgique, au Japon ou ailleurs, est souvent que l’Etat peut ralentir la croissance de l’entreprise. Il peut la contraindre à continuer un service qui n’est pas rentable, par exemple, parce qu’il s’agit d’un service public qui doit être assuré.
Marché japonais, quel horizon ?
Autre point d’interrogation : la bourse japonaise. Elle avait atteint un sommet à la toute fin des années 80… avant de chuter pendant des décennies. Elle n’a dépassé ce sommet que plus tôt cette année, soit 35 ans plus tard. Pour certains observateurs, elle pourrait mettre longtemps avant d’atteindre de nouveaux sommets.
Il y a deux semaines, le Nikkei 225 (indice phare de la bourse de Tokyo) a défrayé la chronique en chutant de plus de 12% en une journée. Soit la deuxième baisse la plus importante de son histoire (en pourcentages). Le lendemain, il avait rebondi de manière tout aussi folle. Le marché est assez volatil, et pourrait le rester. C’est donc une mer tempétueuse sur laquelle le navire Tokyo Metro va s’élancer.
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