Un euro par jour pour s’offrir la Bourse : quels sont les avantages de l’investissement périodique ?

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Grâce à des investissements périodiques dans des fonds, la Bourse n’est plus réservée aux initiés. Le principe du placement programmé est relativement simple. En investissant la même somme à intervalle régulier, vous achetez plus quand les marchés baissent, et moins quand ils montent. Objectif ? Lisser les risques.  

“Après 20 ans de carrière, j’ai abandonné l’idée que l’on peut prédire durablement les marchés, lance Vincent Juvyns, chief investment strategist d’ING. Le véritable repère pour votre épargne, c’est l’inflation. Tout placement qui rapporte moins vous appauvrit à long terme. Dans cette optique, l’investissement périodique est à la fois une stratégie rationnelle et accessible. Il ne s’agit pas de deviner l’avenir, mais d’agir avec méthode, en gardant son sang-froid et en visant un rendement supérieur à l’inflation.”

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L’une des plus grandes craintes des investisseurs est d’acheter au plus mauvais moment. Or, tenter de “timer” le marché est extrêmement difficile, même pour les professionnels. La solution ? L’investissement périodique.
“Investir à intervalles réguliers, chaque mois, trimestre ou année, permet de retirer l’émotion des décisions d’investissement, poursuit Vincent Juvyns. Cela permet de ne plus réagir à l’actualité économique, aux tensions géopolitiques ou aux fluctuations du marché, qui influencent souvent les choix au mauvais moment. Une fois ce mécanisme enclenché, on ne se pose plus chaque mois la question : ‘Est-ce le bon moment ?’. Et c’est justement ce qu’il faut faire, avancer sans hésiter.”

“Ça vous rend plus malin”

“Avec un montant fixe investi régulièrement, quand les marchés sont bas, vous achetez automatiquement plus de parts. Et quand les marchés sont hauts, vous en achetez moins toujours avec le même budget, résume Matthieu Sougné, responsable de l’offre de solutions d’épargne et d’investissement pour le groupe Belfius.

Premier avantage : cette opération automatique vous rend plus malin que si vous investissiez ponctuellement. Second avantage : cela permet aussi à toute une série d’investisseurs, dont le profil le permet, d’accéder plus facilement, y compris psychologiquement, à des classes d’actifs plus risqués. En général, pour obtenir de meilleures performances sur le long terme, il faut diversifier et s’exposer à des actifs plus dynamiques. Mais on n’ose pas toujours le faire.

Grâce à ces plans d’investissement récurrents de type Flex Invest Plans, des plans d’investissement programmés dans des fonds et accessibles dès 25 euros par mois chez Belfius, on s’autorise à aller vers des classes d’actifs que l’on n’aurait peut-être jamais envisagées si l’on investissait uniquement de manière ponctuelle. Et au final, tous les graphiques et toutes les statistiques le montrent, les actifs plus risqués affichent une rentabilité nettement supérieure sur la durée par rapport aux classes défensives. Ces deux effets combinés font que tout investisseur a intérêt à envisager cette stratégie, évidemment en fonction de son propre profil de risque.”

Une double vertu : discipline et sérénité

“L’investissement récurrent repose d’abord sur la discipline. Il s’agit d’un engagement à long terme, automatisé, qui protège contre la panique en cas de chute des marchés. Bien sûr, on reste libre de vendre ou d’ajuster son plan. Mais on évite ainsi que chaque décision soit dictée par l’émotion, embraye Vincent Juvyns. Historiquement, les marchés ont toujours progressé à long terme. Les meilleures décisions d’investissement sont rationnelles et détachées de l’instant. Même sans prédire l’avenir, être présent régulièrement sur les marchés permet de lisser les points d’entrée et de viser des rendements supérieurs au cash. D’autant qu’aujourd’hui, certains outils permettent même d’investir automatiquement les arrondis de vos achats quotidiens dans des fonds, preuve que l’investissement n’est plus réservé aux gros patrimoines.”

Cet avis est partagé par Bart Abeloos, économiste en chef chez Crelan. “Grâce à un domaine d’étude relativement récent qu’on appelle ‘behavioral finance’ ou finances comportementales, on sait que prendre des décisions financières, notamment en matière d’investissement, est souvent coûteux sur le plan émotionnel, explique-t-il. C’est psychologiquement éprouvant, et nous cherchons instinctivement à l’éviter. Pour contourner cette difficulté, nous avons recours à divers mécanismes mentaux ou raccourcis cognitifs, qui nous conduisent parfois à prendre de mauvaises décisions, ou en tout cas des décisions sous-optimales.”

Et Bart Abeloos d’ajouter : “L’un des grands avantages de l’investissement automatique, c’est justement de nous soulager de cette pression. En instaurant une discipline régulière et automatique, on agit avec plus de sérénité. Cela permet d’éviter une série de décisions malheureuses, dictées par l’émotion ou la panique. Par exemple, beaucoup d’investisseurs, ou de candidats investisseurs, croient, à tort, que le plus important est de ‘prédire’ la Bourse ou d’anticiper le marché. Or, nous savons que cela est quasiment impossible, en tout cas pas de façon structurelle ou répétée dans le temps. Ce mythe du bon timing est un piège mental. En investissant de manière automatique et périodique, on évite cette tentation. La décision d’investir ne dépend plus de nos émotions ou de notre perception des marchés, mais simplement d’un calendrier. Ce n’est ni l’euphorie ni la peur qui déclenchent l’investissement. Et cela change tout.”

Reste qu’une autre idée reçue relevant des croyances des potentiels investisseurs persiste : il faudrait être fortuné pour se lancer en Bourse. C’est inexact. On peut investir dans un fonds diversifié dès 10, 20 ou 30 euros par mois selon les institutions bancaires. Ces fonds regroupent différentes classes d’actifs (actions, obligations…) pour un niveau de risque adapté à chaque profil. “En Belgique, nombreux sont ceux qui n’hésitent pas à emprunter pour acheter un appartement à minimum 150.000 euros afin de le mettre ensuite en location, conclut le chief investment strategist d’ING, mais ils sont tout aussi nombreux à estimer que la Bourse est trop risquée ou réservée à d’autres. C’est totalement faux. L’investissement a été largement démocratisé ces dernières années. Il est temps de battre en brèche ce mythe tenace.”

Inflation vs épargne : la perte invisible

D’autant qu’avec une inflation autour de 2% et des comptes d’épargne classiques qui offrent du 1%, l’argent placé perd de sa valeur. Par exemple, 100.000 euros placés sur un compte épargne vont générer 1.000 euros d’intérêts. Mais avec 2% d’inflation, le pouvoir d’achat va chuter de 2.000 euros, soit une perte réelle de 1.000 euros, sans que cela ne figure sur le relevé bancaire. L’inflation, c’est comme des frais invisibles de 2% chaque année. Heureusement, certains investissements permettent d’espérer un rendement supérieur. Le rendement du dividende des actions est relativement stable, entre 3% et 3,5%. Quant aux obligations d’entreprise, selon leur qualité, les rendements se situent entre 3% et 5% avec coupon. Même sans hausse des cours, ces instruments protègent mieux que le cash et offrent des revenus réguliers.

Une poignée d’euros pour s’offrir les marchés financiers

Une autre manière d’investir progressivement en Bourse, mais sans passer par des produits bancaires, c’est de lorgner du côté des assurances-vie en branche 23. Elles permettent d’accéder à une large gamme de fonds, adaptés au profil de risque de chaque investisseur, qu’il s’agisse de particuliers ou d’indépendants (en nom propre ou en société).

“L’un des grands avantages de cette approche, résument Valérie Gauthier et Xavier Gérard, market development chez AG, c’est qu’elle est également accessible sans disposer d’un capital important. Certains produits permettent de démarrer dès 10 à 30 euros par mois, via un ordre permanent ou une domiciliation bancaire. Soit environ 1 euro par jour pour s’exposer aux marchés financiers, sans stress ni nécessité de suivre quotidiennement l’évolution des indices. Des spécialistes s’occupent de la gestion.”

L’option “drip feed”

“Lorsque l’on dispose d’un montant plus important à investir (15.000 euros, 30.000 euros ou même 100.000 euros), ajoutent les experts, il est souvent délicat de choisir le bon moment. Pour éviter de tout investir d’un coup, on peut opter pour le système dit “drip feed” (investissement “au compte-gouttes”, ndlr), proposé gratuitement à la souscription. Le principe est simple, le client choisit le montant total à investir, le fonds ciblé, ainsi qu’une durée de répartition (entre 6 et 24 mois). Le capital est d’abord versé dans un fonds monétaire (fonds “cash”, ndlr), puis investi automatiquement par fractions régulières dans le fonds choisi. Par exemple, un versement de 15.000 euros sera réparti sur 6 mois, à raison de 2.500 euros par mois. Ce mécanisme permet de limiter le risque d’investissement au mauvais moment et d’être plus serein, en particulier dans un marché volatil comme celui de 2025.” Cette option est désormais utilisée dans environ un tiers des cas par des clients souhaitant investir un montant unique.

Quid des frais ? “Ils varient selon le produit et le canal de distribution et s’élèvent à maximum 3%, répondent les assureurs. Mais à long terme, les rendements historiques de la Bourse sont largement supérieurs à l’inflation et aux frais. Les phases de hausse sont plus longues et plus marquées que les baisses, ce qui fait des actions l’investissement le plus performant sur le long terme, devant les obligations. Le cadre fiscal est par ailleurs avantageux. Même s’il y a une taxe d’entrée de 2%, il n’y a pas de taxe à la sortie, ni de précompte mobilier, ni de taxe sur les opérations de Bourse. De plus, le contrat d’assurance permet de désigner librement un bénéficiaire, ce qui peut être utile en matière de succession.”

Et pour quel horizon d’investissement ? “Nous recommandons un horizon de 4 à 5 ans pour une prime unique avec option ‘drip feed’ et de 10 à 15 ans pour une constitution progressive de capital via des primes mensuelles.”

En période d’incertitude économique, l’investissement périodique fait figure de boussole. Plutôt que de chercher à anticiper les soubresauts des marchés, cette stratégie permet d’investir avec rigueur, en évitant les pièges émotionnels et en profitant des opportunités offertes par la volatilité. Accessible dès quelques euros par mois, elle ouvre les portes de la Bourse à un public plus large, tout en favorisant une meilleure diversification. Dans un contexte où l’inflation grignote lentement, mais sûrement, l’épargne classique, il devient urgent de repenser la manière dont on fait fructifier son argent. Et cela commence peut-être… par un simple ordre permanent.

Par Rodolphe Masuy

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