Investir : sept obligations rentables et peu risquées
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
La réaction a répertorié sept obligations rentables et peu risquées. Analyse.
La Banque centrale européenne et la Réserve fédérale américaine (Fed) espèrent pouvoir réduire encore leurs taux directeurs, mais telle n’est pas précisément la direction empruntée par les taux longs actuellement. Francfort a ramené en début d’année ses taux à un an ou plus à 2,75%, soit un point de pourcentage de moins qu’en janvier-février 2024. Les taux courts américains sont aujourd’hui de 4,5%, en retrait d’un demi-point de pourcentage sur un an.
Jerome Powell, le gouverneur de la Fed, s’est récemment dit peu pressé de procéder à de nouvelles réductions ; reste que le taux à 10 ans est passé de 4,2% l’an dernier à 4,75% aujourd’hui. En Belgique, les taux longs ont grimpé de 2,9% à 3,27%. S’ils ont cédé un peu de terrain depuis, la tendance n’en est pas moins claire. Les taux des prêts hypothécaires sont certes tombés juste sous les 3%, mais cela est dû au recul des taux courts au moyen desquels les banques rémunèrent l’épargne, qu’elles utilisent par ailleurs pour prêter des capitaux.
Inflation
Aux yeux de bien des experts, les baisses pratiquées par les Banques centrales auraient dû provoquer une chute généralisée des taux. Il est effectivement souvent arrivé, par le passé, que des taux d’échéances diverses se comportent d’une manière identique. Mais pas cette fois, donc, du moins pas pour l’instant. Les inquiétudes qui entourent la dette américaine freinent la demande de bons du Trésor, dont le tassement des cours contribue à la progression des rendements effectifs.
L’évolution des taux dépendra dans une très large mesure de l’inflation. Alors que la plupart des économistes pensaient la valse des étiquettes plus ou moins maîtrisée, ils n’en sont désormais plus si sûrs. De 1,74% en septembre 2014, l’inflation de la zone euro s’est hissée à 2,50% aujourd’hui. Aux États-Unis, les prix à la consommation ont augmenté de 2,44% en septembre 2024, et de 3% récemment. Les perspectives de croissance économique et la vigueur escomptée du marché du travail font partie des principaux moteurs de l’accélération de l’inflation, tout particulièrement outre-Atlantique. Ajoutons à cela l’augmentation d’une série de droits de douane, et l’on comprendra que l’inflation ne s’arrêtera sans doute pas en si bon chemin. Au vu de l’augmentation des rendements réels, il est clair que les marchés eux-mêmes ne pensent plus que la Fed doive assouplir davantage sa politique monétaire.
Si Donald Trump donne suite à son projet d’augmenter les droits de douane, l’Europe prendra des mesures similaires, a annoncé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Auquel cas les produits en provenance des États-Unis deviendront nettement plus chers, ce qui alimentera d’autant l’inflation. Il n’est donc pas inutile de revoir les allocations de titres à revenu fixe, car les liquidités devraient se comporter moins bien que les obligations de maturité courte durant les mois qui viennent. La duration (échéance moyenne pondérée) des obligations peut être légèrement accentuée.
Obligations à haut rendement
Jusqu’à présent, nous avons mis l’accent sur la qualité des débiteurs. Cela ne changera bien sûr pas, mais nous allons nous ouvrir davantage aux obligations à haut rendement de qualité acceptable, qui surclassent ces derniers temps nettement les emprunts de type investment grade (‘‘investissables’’). Les rendements actuels (5,6% environ en euros et jusqu’à 9% en dollars) sont alléchants et la fréquence des défauts de paiement s’améliore. Le gestionnaire d’actifs américain PIMCO voit en la récente progression des taux obligataires une véritable aubaine pour les investisseurs. Pour l’entreprise T. Rowe Price, les obligations à haut rendement sont historiquement bon marché et sources d’intéressantes opportunités.
Chez PIMCO toujours, Daniel Kraft prédit pour les obligations à haut rendement des résultats similaires à ceux des actions, mais assortis d’une volatilité moindre, au cours des trois à cinq années qui viennent. Il constate également que la qualité de ce marché s’est améliorée – sa note moyenne atteint BB, proche de la qualité “investissable”. Tout comme BlackRock, le stratégiste préfère les obligations à haut rendement européennes, aux spreads plus intéressants que les écarts de rendement américains. Ce marché se caractérise par ailleurs par une relative faiblesse de ses défauts de paiement.
Les obligations à haut rendement sont un facteur de diversification intéressant. Outre qu’elles sont plus rentables que les emprunts souverains et ceux d’entreprises de qualité, elles sont moins sensibles aux risques de taux. Elles sont donc résolument attractives, surtout si la croissance économique reste positive.
Segment qualitatif
Kempen Capital Management, qui fait partie de Van Lanschot Kempen, préfère, en raison de son bon rapport risque/rendement, le segment de qualité supérieure du marché à haut rendement. Son fonds Kempen (Lux) Euro High Yield Fund I Acc, pour ne citer que lui, est axé sur cette stratégie. Les analystes de Morningstar voient d’un très bon œil plusieurs fonds à haut rendement, dont HSBC GIF Euro High Yield Bond, PGIM Broad Market US High Yield Bond et Robeco High Yield.
Le tableau ci-joint propose sept obligations à haut rendement. Cette catégorie va de BB+ (juste sous investment grade) à D (défaut de paiement, avec peu ou pas de perspectives de remboursement). Les cours peuvent varier d’un jour à l’autre. Pour minimiser le risque, nous déconseillons les notes inférieures à BB-. Et rappelons que les notations peuvent elles aussi fluctuer.
Devise | Émetteur | Coupon | Échéance | Cours | Rendement | Coupure | Rating | Code ISIN |
EUR | Iliad Holding | 6.88% | 15/04/31 | 106.47% | 5.75% | 1000 | BB | XS2810807094 |
EUR | Immobel | 3.00% | 12/05/28 | 92.00% | 5.69% | 1000 | – | BE0002827088 |
EUR | Immobel | 4.75% | 29/06/26 | 99.00% | 5.66% | 1000 | – | BE0002866474 |
EUR | Romania | 2.00% | 14/04/33 | 75.60% | 5.86% | 1000 | BBB | XS2330503694 |
USD | Carnival | 10.50% | 01/06/30 | 106.12% | 9.24% | 1000 | BB | US143658BS00 |
USD | RingCentral | 0.00% | 15/03/26 | 93.79% | 6.33% | 1000 | BB | US76680RAH03 |
USD | Kohls Corporation | 3.38% | 01/05/31 | 77.32% | 9.83% | 1000 | BB- | US500255AX28 |
Obligations de guerre européennes
Au ministère français des Affaires étrangères, Benjamin Haddad en appelle à l’émission d’obligations européennes communes pour accroître le financement de la défense de la zone. Bloomberg avait déjà fait savoir qu’une émission massive destinée à soutenir Kiev était envisagée : les obligations européennes pourraient donc jouer un rôle majeur dans ce cadre. Emmanuel Macron réclame depuis longtemps une augmentation des investissements en faveur d’obligations de défense communes.
Le marché obligataire semble en tout cas prendre cette idée “d’obligations de guerre” au sérieux, comme en témoigne le fléchissement des cours des emprunts européens à la suite de l’annonce de ces divers projets. Le soutien à l’Ukraine exige des montants colossaux. Selon l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, l’Union européenne a d’ores et déjà fourni pour plus de 120 milliards de dollars d’aide à son allié depuis l’invasion russe.
Les obligations de guerre sont loin d’être une nouveauté. Pendant les deux conflits mondiaux, les États-Unis ont émis des Liberty Bonds, le Canada a proposé des Emprunts de la victoire, et le Royaume-Uni et la Belgique y sont eux aussi allés de leurs émissions. Dès 2022, l’Ukraine proposait un emprunt de guerre destiné à financer sa lutte armée.
Lire aussi : L’idée d’un emprunt européen commun pour la défense fait son chemin
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