Faut-il abandonner une partie de l’île énergétique d’Elia ?

Les grands consommateurs d’énergie demandent à Elia d’abandonner la troisième partie de l’île énergétique, qui n’est pas encore en construction. En cause : un coût énorme, alors que des alternatives moins chères existent.

Le chantier de l’île énergétique Princesse Elisabeth est en déroute. Les prévisions des coûts ont plus que triplé, de 2,2 à 7 milliards d’euros. Et les grands consommateurs, comme l’industrie belge, ne veulent pas payer la facture de ce dérapage. Sous le giron de la Febeliec, ils s’adressent au gestionnaire du réseau Elia et au monde politique ce mercredi.

En ligne de mire : la troisième partie de l’île, qui est en courant continu (capacité de 1,4 GW). Les coûts sont estimés à quatre milliards d’euros. Pourquoi ce coût énorme ? Elle “résulte du fait qu’il n’y a que quelques fournisseurs de sous-stations à courant continu sur le marché et que ce marché est en pénurie en raison de l’augmentation des projets offshore partout en Europe et au-delà. De plus, la conception atypique de l’île (au lieu d’utiliser la norme des plates-formes) contribue à l’augmentation des coûts, selon les experts techniques avec lesquels Febeliec s’est entretenue. Cela signifie que si Elia passe un contrat pour la sous-station de courant continue, les fournisseurs réaliseront probablement des surprofits de plusieurs milliards d’euros, car ces fournisseurs sont en mesure d’exercer leur pouvoir de marché”, explique l’association faîtière.

Revoir le projet

L’appel d’offres pour la troisième partie est encore en cours et aucun contrat n’a donc été signé – ce qui laisse encore la possibilité d’abandonner cette partie. Voilà ce que plaide la Febeliec dans son analyse des coûts. Car il y a des solutions moins chères et plus efficaces, souligne-t-elle.

Ces solutions, c’est par exemple baisser la densité des éoliennes dans les zones de vent. Il faudrait aussi connecter plus d’éoliennes par courant alternatif que ce qui est prévu maintenant (à savoir 2,1 GW, sur l’île énergétique), ce qui comblerait déjà une partie de ces 1,5 GW en courant continu. Pour combler l’autre partie, la fédération suggère de prolonger plus de nucléaire et pendant plus longtemps, et de construire du nouveau nucléaire (comme des petits réacteurs modulables, appelés SMR, par exemple).

Chute en bourse

Cette saga des coûts qui augmentent, entre autres, pèse sur le cours en bourse du gestionnaire du réseau. En un an, il a glissé de 40%. Le plaidoyer de la Febeliec semble en tout cas convaincre les actionnaires et leur donner espoir : le titre est en hausse de 0,6% ce mercredi matin.

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