Economie maritime: l’eau douce et l’eau de mer

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Deux stratégies exposées sur l’économie maritime ont vu le jour ces dernières années. Assimilés aux fonds sur l’eau dans la classification Morningstar, leurs moteurs de croissance sont toutefois fondamentalement différents.

Les fonds exposés sur l’eau forment un segment qui compte aujourd’hui une petite dizaine de produits, dont sept affichent un historique de performance supérieur à trois ans. Le succès de ces fonds thématiques chez les investisseurs n’est plus à démontrer, avec des encours sous gestion qui approchent ou dépassent un milliard d’euros (à l’exception de celui de Natixis dont la création est encore assez récente). Ce succès s’explique par des performances très résilientes, en moyenne annualisée tournant autour de 9% durant la dernière décennie pour les quatre fonds ayant un historique de performance suffisamment long.

Ces fonds présentent des caractéristiques relativement similaires, avec des gestions concentrées sur une cinquantaine de valeurs, avec un poids relativement important des 10 premières positions du fonds (autour de 37% des encours). Ces produits ont également tendance à avoir une exposition élevée sur les moyennes capitalisations (55% des actifs sous gestion en moyenne), sur le secteur industriel (61%) et sur les actions américaines (53%).

Après une longue période de performance stellaire d’un point de vue boursier (avec notamment une progression moyenne supérieure à 30% en 2021), les fonds exposés sur l’eau ont toutefois connu un exercice 2022 difficile (-18,5% en moyenne) avec un rebond qui a été relativement timide depuis le début de l’année 2023 (+2,1%). En tête du classement, nous trouvons la stratégie de BNP Paribas Asset Management, la seule à encore afficher une progression annualisée supérieure à 10% sur les trois dernières années.

Opportunités aquatiques

Pour Justin Winter, gestionnaire du fonds BNP Paribas Funds Aqua Classic, la pertinence des stratégies sur l’eau douce n’a jamais été aussi forte. “L’impact du changement climatique est toujours plus évident. L’augmentation de la température entraîne une plus longue rétention de l’eau dans les nuages, qui débouche sur des précipitations beaucoup plus importantes et localisées avec un impact économique et humain très élevé. Les pénuries d’eau auront également une grande importance dans l’impact économique négatif du changement climatique pour les prochaines années. Aux Etats-Unis, l’agence fédérale pour la protection de l’environnement a récemment estimé que des investissements de 625 milliards de dollars seraient nécessaires durant les 20 prochaines années pour améliorer la distribution d’eau potable, soit 32% de plus que le chiffre publié il y a cinq ans.”

Justin Winter pointe également les opportunités qui existent pour les sociétés qui vont être en mesure d’apporter des solutions à la contamination des eaux par les PFA. “Ces produits chimiques ne se désagrègent pas, et vont constituer un marché attractif pour les sociétés qui produiront les équipements permettant de tester, filtrer et retirer ces produits de l’eau potable”, explique-t-il.

Nouvelle vague

A côté des fonds exposés sur la thématique de l’eau douce, nous trouvons désormais deux produits qui visent une exposition sur le monde marin. DWS Concept ESG Blue Economy fut historiquement le premier produit à se lancer en mars 2021 sur le marché belge.

“Nous sommes relativement différents des autres fonds exposés sur le secteur de l’eau, qui sont généralement intéressés par l’eau douce. J’estime que nous avons seulement 20% des sociétés qui sont communes”, souligne Paul Buchwitz, gestionnaire du fonds. CPR Invest Blue Economy (Amundi) est pour sa part arrivé sur le marché en 2022. Ces deux produits visent une exposition relativement large au thème maritime. Gaël Des Prez de la Morlais, gestionnaire de CPR Invest Blue Economy, expose ainsi 40% de ses encours sur la préservation de l’écosystème marin. “Environ 80% de sa pollution provient des activités terrestres. Une part significative de nos encours est donc dirigée vers des sociétés actives dans la gestion des déchets ou le traitement des eaux usées sur terre.

De son côté, Paul Buchwitz souligne qu’une part significative de son portefeuille est investie dans des sociétés qui vont apporter des solutions afin de protéger la santé des océans, par exemple des entreprises qui vont permettre de réduire la pollution des bateaux de croisière ou de trouver des substituts à l’alimentation à base de poisson dans l’aquaculture. “Notre stratégie dispose d’une concentration importante sur certains secteurs, avec le risque d’une forte déviation des marchés globaux, précise le gestionnaire. Il s’agit d’un fonds satellite qui doit être utilisé à titre de diversification.”

Compositions différentes

Si le secteur industriel reste le plus important dans la composition des encours des deux fonds “maritimes”, les valeurs liées à la consommation sont également bien représentées. Ils affichent également un poids plus important sur les actions européennes et asiatiques. Paul Buchwitz reste convaincu que l’économie maritime continue d’avoir de belles années devant elle. “Nous avons des poches de forte croissance dans notre stratégie. L’alimentation issue de la mer a vu sa demande doubler depuis les années 1960 et l’aquaculture a connu une croissance encore plus rapide. Cette activité conserve encore des perspectives solides pour le futur en dépit des menaces d’une taxation supplémentaire du secteur par le gouvernement norvégien. De même, l’éolien offshore devrait continuer à bénéficier d’une forte croissance.”

Fondamentaux intacts

“La montée du stress hydrique et un été particulièrement chaud ont conduit les pays les plus menacés par la sécheresse à renforcer leurs installations de dessalement, souligne pour sa part Gaël Des Prez de la Morlais. L’Arabie saoudite envisage ainsi de développer jusqu’à 17 gigawatts de capacité de nucléaire, dont une partie de la capacité pourrait être utilisée pour le dessalement.”

“Je peux également citer le cas des sociétés spécialisées dans les producteurs de câbles sous-marins (utilisés pour la transmission d’énergie produite offshore), qui ont relevé leurs objectifs à plusieurs reprises depuis le début de l’année sans que cette bonne performance opérationnelle ne se reflète dans les cours, souligne encore Paul Buchwitz. L’ensemble de ces anomalies devrait se corriger à mesure que les investisseurs retrouveront confiance dans les fondamentaux de ce segment.” Durant les derniers mois, le gestionnaire de DWS a d’ailleurs relevé son exposition sur les groupes d’aquaculture suite à la correction sur les cours, ainsi que sur les producteurs de câbles sous-marins. “Enfin, nous avons également trouvé davantage d’opportunités d’investissement dans le domaine des services entourant la production et l’entretien des éoliennes”, conclut-il.

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