Droits de douane : quel impact sur les banques et assurances européennes ?

Immeuble de la banque ING Etterbeek en fin de journee 08/01/2022 © BELGAIMAGE
Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Les turbulences qui ont secoué les marchés à l’annonce de la guerre commerciale des États-Unis au reste du monde ont fait des remous dans le secteur financier européen. À commencer par le secteur bancaire. La plupart des bancaires européennes ont vite cédé plus de 10% suite à l’annonce des droits de douane.

Une guerre commerciale peut affecter les résultats des banques de plusieurs façons. Premièrement, par la baisse de la croissance économique. Après le “Liberation Day”, les économistes ont abaissé le taux de croissance attendu en Europe de 0,5% pour 2025 et 2026. Même si faire des prévisions est difficile, la durée et l’issue de la guerre étant incertaines.

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Créances douteuses

La croissance économique atone conjuguée à la hausse des coûts (produits américains plus chers) entraîne une nouvelle vague de faillites. Leur nombre avait déjà crû en Europe en 2024 et la tendance s’est intensifiée au premier trimestre de 2025. Et le véritable impact de la guerre commerciale est encore à venir.
Qui dit hausse du nombre de faillites dit que les prêts ne seront pas (totalement) remboursés. Les banques devront donc mettre plus de côté pour les créances douteuses. ING a ainsi doublé, l’an dernier, le montant mis de côté pour les créances douteuses par rapport à 2023 (à plus d’un milliard d’euros). La gestion des risques dans les banques sera par ailleurs renforcée. Au pire, les dépréciations sur les portefeuilles de prêts de la plupart des banques européennes pourraient être supérieures de plusieurs centaines de millions d’euros à ce qui avait été prévu début 2025. Avec un effet négatif sur le bénéfice net.

La marge d’intérêt à son pic

Les revenus nets d’intérêts des banques européennes ont progressé et ont permis une belle croissance bénéficiaire. Cette marge nette d’intérêt a été comprimée il y a peu en raison de la reprise du contrôle de l’inflation. Les baisses de taux de la Banque centrale européenne contribuent néanmoins à ralentir la réduction de cette marge.

D’un autre côté, les bancaires européennes attirent par leurs dividendes, même s’ils ont peut-être atteint leur pic : les hausses de dividendes ne vont plus de soi s’il faut mettre plus de côté. Il n’est pas question de réductions fermes pour autant.

Moins de dommages opérationnels

Les actions des assureurs ont aussi pâti des droits de douane. Les assureurs sont toutefois moins touchés, sur le plan opérationnel, par la détérioration de l’économie que les banques. Les clients ne vont pas subitement souscrire moins d’assurances santé et vie. Les effets de l’intensification de la guerre commerciale se font plus sentir dans le non-vie.

La hausse des droits de douane fait grimper le prix des matériaux (idem pour les voitures). Les assureurs non-vie dépensent donc plus pour régler les sinistres. Ces hausses de coûts peuvent être compensées par des primes plus élevées, la rentabilité se rétablissant en général en quelques mois ou années.

Effet sur les portefeuilles d’investissement

Les turbulences du marché ont aussi des effets sur les portefeuilles d’investissement. Les assureurs font partie des grands investisseurs institutionnels, même s’ils privilégient désormais les obligations, réglementation oblige.

NN Group suggère qu’une correction boursière de 25% entraîne une baisse de 0,09% du ratio Solvabilité II. Ce n’est pas rien. Les assureurs sont outre sensibles aux fluctuations des prix de l’immobilier.

Conclusion

Les taux longs se cherchaient une direction, ces dernières semaines, mais dans l’ensemble, les banques sont plus vulnérables à une guerre commerciale que les assureurs. L’effet sur les bénéfices devrait aussi être plus fort. Mieux vaut donc ne pas acheter plus de bancaires européennes et réduire (un peu) les pondérations. Les positions sur les assureurs peuvent être conservées.

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