Qu’attendre des principales devises en 2024 (partie IV) ?
Après avoir passé en revue les dollars américain, canadien, australien et néo-zélandais, la livre sterling, les couronnes danoise, norvégienne et suédoise, la rédaction clôt son analyse de ce que l’investisseur peut attendre des principales devises en 2024 avec celle qui fait toujours figure de roc, le franc suisse, et celle dont il vaut mieux se détourner, la livre turque.
Le franc suisse (CHF)
Retour sur l’année 2023
Le CHF s’est apprécié de 4 % par rapport à l’euro (et de 16 %, même, sur cinq ans) : même sans être productif d’intérêts, il est un investissement très sûr. Un CHF a depuis juillet plus de valeur qu’un euro. Après avoir été inférieur à zéro pendant plusieurs mois, le taux directeur suisse est repassé dans le vert, à 1,75 %. L’inflation a brièvement franchi la barre des 3 %, avant de retomber à un acceptable 1,44 %. Le gouvernement estime désormais à 2 % la croissance économique de 2023.
Qu’attendre de l’économie ?
Pour l’OCDE, la croissance réelle du PIB ne devrait pas dépasser 0,9 % en 2024, avant d’accélérer légèrement à partir de 2025. Quant à l’inflation, elle devrait être supérieure à 2 %, ce qui pourrait contraindre la Banque nationale suisse (BNS) à relever son taux directeur à 2 % avec, à la clé, un fléchissement des nouveaux investissements. Le taux de chômage devrait tourner autour de 4,5 %. Le déficit public sera pratiquement inexistant, ce qui permettra à la dette publique de ne pas dépasser 36,5 % du PIB.
Qu’attendre de la monnaie ?
Si la Banque centrale européenne abaisse ses taux directeurs en 2024, le CHF s’appréciera encore face à l’euro, et plus même si la BNS augmente les siens. Le CHF devrait continuer à faire figure de roc – lorsque l’explosion de la dette commencera à peser sur les marchés, investir en CHF sera plus intéressant encore.
La livre turque (TRY)
Retour sur l’année 2023
Le tremblement de terre du mois de février pèse sur la plus grande économie du Moyen-Orient, dont la santé reste malgré tout relativement bonne. Après avoir été relevé à six reprises cette année pour lutter contre l’inflation, le taux directeur s’est établi à 40 % – il était de 8,5 % au tournant de l’année. L’inflation est tombée de 85,5 % en octobre 2022 à 62 % aujourd’hui. Hafize Gaye Erkan, gouverneure de la Banque centrale de Turquie (TCMB) depuis juin, a réussi à convaincre le président Erdogan que ce qu’il fallait pour lutter contre l’inflation était non pas une baisse, mais une augmentation, des taux. La TRY a perdu 60 % de sa valeur cette année.
Qu’attendre de l’économie ?
La TCMB annonce une inflation de 36 % pour 2024. Si cette prévision se concrétise, les taux d’intérêt dépasseront pour la première fois depuis longtemps le taux de dépréciation de la monnaie. Malgré tous les problèmes, des agences de notation comme Moody’s revoient leurs prévisions de croissance à la hausse. On attend visiblement beaucoup du nouveau ministre des Finances, le célèbre économiste Mehmet Şimşek.
Qu’attendre de la monnaie ?
L’investisseur prudent continuera à se détourner de la TRY : la dégringolade s’arrêtera certes un jour, mais quand ? L’an dernier déjà, certains analystes avaient annoncé que le moment d’acheter était venu. A l’époque, les Turcs mettaient sur la table 19,7 TRY pour un euro ; aujourd’hui, ils déboursent 60 % de plus. Même détenir des obligations qui promettent un rendement de 40 % l’an reste une opération largement déficitaire.
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