Euro/dollar : à quoi s’attendre en 2024 ?
L’euro n’aura finalement pas connu la remontada spectaculaire que certains imaginaient en 2023. Mais quel parcours devrait-il connaître en 2024 ? Quels sont les scénarios les plus probables et quel serait le pire ?
2023 devait être l’année de l’euro, prédisaient des analystes il y a un an. Après une année de pertes, de plus de 10%, face à son homologue américain, l’euro devait rebondir fortement. C’est que le marché imaginait alors que la Fed allait arrêter la hausse des taux avant la BCE. Mais au final, les choses se sont passées autrement, et les deux banques centrales se sont arrêtées plus ou moins au même moment. Du moins officieusement : la Fed n’a pas encore laissé entendre que les taux étaient “assez élevés”, contrairement à la BCE.
Entre 1,065 dollar le premier janvier, et 1,085 à l’heure d’écrire ces lignes, l’euro n’a donc pas gagné beaucoup de terrain, malgré un pic à 1,12 dollar. Mais pour l’année prochaine, à quoi faudrait-il s’attendre ?
Fenêtre de tir
Pour les analystes de ING, le dollar devrait perdre du terrain l’année prochaine. “Cela ressemble à un match de catch et le dollar ne se laissera pas faire aussi facilement”, écrivent-ils dans leurs “Perspectives pour les taux de change en 2024“, parues ce mercredi.
Plusieurs raisons devraient réduire la force du dollar. D’un côté, la Fed devrait baisser les taux d’intérêt de 150 points de base (à une fourchette de 3,75 à 4%). Mais l’économie américaine, qui connaît une croissance “exceptionnelle” cette année (contrairement à la zone euro, qui stagne), devrait également ralentir.
C’est là que d’autres monnaies devraient rebondir. D’ici à la fin de l’année 2024, l’euro devrait ainsi gagner environ 4% sur le dollar. Il s’établirait à près de 1,15 dollar pour un euro. Mais d’autres monnaies gagneraient davantage, comme la couronne norvégienne (+13%).
Scénarios
Ce scénario où l’euro monte jusque 1,15 dollar est le plus probable, selon ING. Avec une économie stagnante, la BCE commencerait à réduire les taux dans la deuxième moitié de l’année, à côté de la situation économique des États-Unis indiquée plus haut. En Chine, le soutien fiscal ferait tenir l’économie, mais la relance serait toujours lente. A échelle géopolitique, les tensions resteraient présentes et la menace du protectionnisme trumpien se profilerait à l’horizon, en vue des élections.
Mais les analystes mettent en garde que des éléments pourraient venir perturber le cours. Une récession, un retour strict aux critères de Maastricht (normes de ratios de dette et de déficit, en termes de % du PIB) et une crise de la dette, un retour de Trump et des tensions encore plus fortes avec Pékin, une escalade au Proche-Orient et en Ukraine, un fameux retour d’inflation aux États-Unis… autant d’éléments qui pourraient tirer le cours vers le bas, jusqu’à 0,93 dollar.
Le cas le plus positif pour l’euro, le portant jusqu’à 1,25 dollar, pourrait être si une crise économique (avec le chômage en forte hausse) touche les États-Unis. La Fed devrait rapidement et fortement baisser les taux. La BCE, en raison d’une inflation élevée à cause des salaires en hausse, devrait garder les taux inchangés. La Chine sortirait le bazooka financier pour relancer l’économie, la Russie et l’Ukraine commenceraient des négociations de paix et “les troubles au Moyen-Orient s’apaisent.”
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