Ce que la saison européenne des résultats nous dit sur l’état du marché boursier

Marché européen, image d’illustration. © Getty Images, Javier Ghersi.
Charly Pohu

La saison des résultats a été marqué par de grosses chutes des entreprises européennes annonçant leurs chiffres. Qu’est-ce que cela nous dit sur le marché boursier ?

La saison des résultats est toujours l’occasion de prendre le pouls des entreprises. Quels sont leurs chiffres, sont-ils en hausse ou en baisse ? Meilleurs ou pires que ce qui était espéré ou craint ? Qu’attendent les entreprises pour l’avenir ? Comment évoluent-elles dans le contexte macro-économique et sur leur marché respectif ? La publication des chiffres trimestriels ou semestriels des entreprises peut donner des réponses à ces questions.

Mais l’inverse est vrai aussi. La saison des résultats dit aussi quelque chose sur l’état du marché boursier. Quelles sont les réactions des cours (et donc des investisseurs) à des surprises positives ou négatives dans les résultats ?

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Réactions très fortes

En ces temps d’incertitude, découlant notamment de la politique commerciale des États-Unis, la réaction peut être extrême. C’est l’impression que donnent des chutes comme celle de Novo Nordisk, après sa révision à la baisse de ses prévisions pour l’année, la semaine dernière. Le géant danois de la pharma a perdu 23% sur une journée, soit plus de 70 milliards de dollars de valeur boursière. Au cours de la journée, sa chute avoisinait même les 30%. Plus le climat économique est incertain et tendu, plus la bourse nous semble volatile, en résumé.

Et ce n’est pas qu’une impression, et Novo Nordisk n’est pas un cas isolé. Les entreprises européennes qui présentent des résultats décevants sont durement sanctionnées cette saison, et ce le plus fortement depuis 2005, montre une étude de Goldman Sachs. Renault a ainsi perdu 18% en bourse en une journée, après une révision à la baisse des prévisions et Puma 16% après des résultats jugés alarmants. En Belgique, on peut aussi noter Proximus qui a chuté de 10% après l’annonce de ses résultats. Même chute pour le néerlandais ASMI après la publication de ses chiffres.

Cela, alors que la barre était déjà basse, selon les analystes. Le marché s’attendait à des “surprises légèrement positives”, mais dans l’ensemble, les entreprises n’ont pas atteint ce niveau. Moins de la moitié des entreprises du Stoxx 600 (4 sur 5 environ ont déjà annoncé leurs résultats) ont d’ailleurs battu les estimations de bénéfices (49%), alors que la moyenne historique est de 53%. Pour les ventes, 37% des entreprises seulement ont fait mieux que les attentes, contre une moyenne historique de 52%. Les secteurs de la consommation discrétionnaire, de l’automobile et de la santé sont les plus concernés.

L’euro fort a pesé sur les chiffres des entreprises qui exportent aux États-Unis, et de nombreuses entreprises ont aussi noté une certaine réserve du côté de leurs clients, en vue du climat économique incertain. Mais il n’y a pas que ces aspects qui pèsent sur les entreprises. La saison des résultats est un reality check pour les rallyes boursiers. Et l’Europe boursière est en hausse cette année, sur base d’espoirs de croissance améliorée et de dépenses publiques supplémentaires. Cette hausse des cours rend les entreprises d’autant plus vulnérables à des corrections, en cas de résultats en deçà des attentes. Reste désormais à voir comment ce rallye européen va continuer pour le reste de l’année, maintenant qu’il prend ces nouveaux chiffres en compte.

Tout n’est pas négatif

Tout cela nous montre qu’effectivement, en temps incertains et de cours volatiles, les réactions post-résultats peuvent être très fortes. Plus que d’habitude ; si la conjoncture est par exemple bonne et que de nombreuses entreprises pètent les scores, les mauvaises surprises sont moins lourdement punies qu’en ces mois de juillet-août 2025.

Au contraire, dans ce climat boursier plus tendu, les bonnes surprises des entreprises sont ainsi davantage applaudies en bourse. Le secteur financier notamment s’en sort bien – KBC gagne par exemple près de 5% ce jeudi, après la publication de ses chiffres. Le secteur représente même trois quarts de toutes les surprises positives.

A ce sujet, voir également le Journal des Marchés de Trends Z de ce mercredi : Vincent Juvyns, expert d’ING, revient sur l’amélioration des indicateurs économiques en Europe, la saison des résultats et la bonne performance des banques européennes :

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