Les holdings, sociétés de portefeuille ou d’investissement, constituent souvent un excellent premier pas en Bourse. Elles offrent une diversification immédiate et permettent aux actionnaires de profiter du savoir-faire de gestionnaires professionnels. Mais s’associer à des experts ne garantit pas toujours le succès : il suffit de voir le parcours décevant de GBL, la holding du défunt Albert Frère.
Dans le cas de la holding luxembourgeoise Brederode, l’évolution boursière illustre au contraire une gestion solide. Sur les 20 dernières années, le rendement total annuel (évolution du cours et dividendes inclus) s’est établi à 9,2 %, contre 7,4 % pour le Stoxx Europe 600. Sur 10 ans, les chiffres sont encore plus parlants : 13,2 % pour Brederode, contre 6,6 % pour l’indice européen.
Une histoire de plus de deux siècles
Brederode a une histoire qui remonte au XIXe siècle et s’étend jusque dans les anciennes colonies belges.
Au fil des deux derniers siècles, elle a changé plusieurs fois de visage, absorbant ou cédant des activités dans les mines, les matières premières ou les assurances, avant de se transformer en 2014 en société d’investissement telle que nous la connaissons aujourd’hui. Fin juin, les fonds propres de la holding représentaient 135 € par action, contre 141 € fin 2024. Au cours actuel, Brederode s’échange avec une décote de 22 %. La décote moyenne à long terme s’élève à 10 %. En 2021 et 2022, le titre se rapprochait encore de sa valeur intrinsèque, mais il n’a jamais bénéficié d’une prime structurelle.
La baisse des fonds propres s’explique par la faiblesse du dollar. Une grande partie du portefeuille de private equity de Brederode est libellée en dollars, et la holding ne se couvre pas contre le risque de change. Les distributions perçues des fonds sont généralement réinvesties dans de nouveaux véhicules, ce qui limite l’intérêt d’une conversion en euros.
Atout majeur
Au premier semestre, la valeur du portefeuille de private equity a reculé de 165 millions d’euros. L’année dernière à la même période, il affichait encore un gain de 139 millions. Depuis quelques années, les fonds de private equity peinent à céder des actifs et à lever de nouveaux capitaux, ce qui explique la stagnation du portefeuille de Brederode depuis 2022, après avoir été multiplié par cinq au cours des 15 années précédentes.
Ce portefeuille reste cependant l’atout majeur de la holding, qui a accès aux fonds les plus prestigieux au monde, tels que EQT, Carlyle ou Bain. Grâce à Brederode, les investisseurs particuliers peuvent bénéficier de l’expertise de ces grands noms. Le secteur traverse aujourd’hui une phase de sélection : l’accès aux meilleurs fonds devient toujours plus exclusif, tandis que les investisseurs se détournent des véhicules moins performants.
Les investissements non cotés représentent environ deux tiers du portefeuille
Les investissements non cotés représentent environ deux tiers du portefeuille. Le reste est constitué d’actions cotées, réparties sur six secteurs : technologie, santé, électricité, services financiers, biens de consommation et autres.
Ce portefeuille coté a généré 25 millions d’euros de gains au premier semestre, contre 87 millions un an plus tôt. Les meilleures performances sont venues d’Iberdrola, Enel et Siemens, tandis que les principales déceptions ont concerné Alphabet (maison mère de Google) et LVMH – même si Alphabet s’est redressé depuis fin juin.
Brederode se rapproche aussi du statut envié de « dividend aristocrat » : depuis 2011, la société a augmenté son dividende chaque année. S’il maintient cette cadence pendant encore dix ans, Brederode pourra rejoindre cette catégorie prestigieuse.
Elle a également renforcé régulièrement ses fonds propres, qui ont progressé en moyenne de 11,4 % par an sur la dernière décennie. Sa santé financière reste excellente, avec très peu de dettes et plus de 300 millions d’euros de lignes de crédit disponibles.
Conclusion
Le titre a mal réagi aux résultats semestriels, et la pression sur le cours a accentué la décote. Pourtant, la stratégie n’a pas changé. Brederode reste, pour l’investisseur particulier, un ticket exclusif vers le sommet du private equity mondial, avec en prime un portefeuille coté diversifié et composé d’entreprises de qualité.
Conseil : à acheter
Risque : moyen
Notation : 1B
Cours : 104,6 €
Ticker : BREB BB
ISIN : LU1068091351
Marché : Euronext Bruxelles
Capitalisation boursière : 3,06 Mds €
P/E 2024 : –
P/E estimé 2025 : –
Perf. cours sur 12 mois : -9 %
Perf. cours depuis janvier : -7 %
Rendement du dividende : –