Bourse : trois actions prometteuses dans l’alimentaire américain
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
Les valorisations de nombreuses actions alimentaires américaines n’avaient pas connu si bas niveau depuis des années, alors que le rendement du dividende est souvent de 4% ou plus. Coup d’œil sur trois actions prometteuses. Le coup de mou de la plupart des cours des actions du secteur des aliments emballés n’aura pas échappé aux investisseurs. Explications.
Le spectre de l’inflation
L’inflation est une cause souvent évoquée. Les entreprises où les matières premières représentent un coût important (c’est le cas pour les produits alimentaires emballés), y sont particulièrement sensibles. Autre inconvénient : la Fed ne veut pas trop réduire les taux en raison de l’inflation. La concurrence dans le secteur alimentaire est de surcroît acharnée. Si, par le passé, les groupes alimentaires rivalisaient surtout entre eux, ils sont aujourd’hui confrontés à l’augmentation du portefeuille de marques propres des détaillants qu’ils approvisionnent. Si c’est une bonne chose pour les détaillants, les groupes alimentaires voient leur part de marché rabotée.
Autre tendance, le consommateur recherche aujourd’hui des aliments plus sains et plus frais (sans parler de l’effet de l’essor des pilules amincissantes). Enfin, on ignore les mesures (supplémentaires) que le nouveau secrétaire d’État à la santé, Robert F. Kennedy, pourrait prendre dans sa lutte contre les aliments ultra-transformés et les conservateurs.
Un choix défensif
Il n’y a toutefois pas lieu d’être trop pessimiste quant aux perspectives du secteur en général. ll reste certes à savoir quelles actions sont intéressantes et dignes d’un choix défensif. Dans la perspective des droits de douane que Donald Trump impose (potentiellement) aux entreprises européennes, nous avons cherché cette fois parmi les actions internationales qui tirent le gros de leur chiffre d’affaires (CA) des États-Unis.
Coup d’œil sur trois acteurs majeurs qui ont réussi à maintenir leurs marges d’Ebitda au-dessus de 20% l’exercice dernier : un signe que le consommateur est prêt à payer pour ses produits.
Action 1 : Campbell’s
Campbell Soup a changé de nom l’an dernier, après 155 ans. La nouvelle Campbell’s évoque aussi le prochain chapitre. Le nouveau nom rend mieux justice au groupe alimentaire actuel, qui propose une large gamme de produits alimentaires préemballés. Il y a un an, Campbell’s a racheté Sovos, fabricant de sauces italiennes, un marché considéré comme porteur, pour 2,7 milliards de dollars. L’opération a fait grimper la dette, mais le ratio actuel dette nette/Ebitda de 3,5 est acceptable et s’améliorera sous peu. Campbell’s ventile son portefeuille entre les snacks, et les repas et boissons. Les deux volets possèdent huit marques fortes privilégiées par Campbell’s et qui représentent respectivement 83 et 85% du CA de leur volet.
Pour sa future croissance, l’entreprise entend investir dans l’innovation et ajouter de la valeur pour le consommateur. Si l’investissement dans l’innovation reflétait 1,9% du CA en 2022, il était déjà de 3,1% en 2024. La cible finale est de 4%.
Campbell’s s’est fixé comme objectifs à long terme une croissance organique du CA de 2 à 3%, une croissance de l’Ebit de 4 à 6% et une croissance du bénéfice par action (BPA) ajusté de 7 à 9%, un dessein pour le moins ambitieux. Un programme de rachat d’actions de 250 millions de dollars est en cours, reflétant plus de 2% de la capitalisation boursière actuelle. Si l’on se réfère aux prévisions de BPA publiées par Campbell (entre 3,12 et 3,22% pour l’exercice 2025 (clos fin juillet)), le ratio C/B se situe à un niveau très raisonnable de 12, avec un rendement du dividende de 4,2%.
Action 2 : J.M. Smucker
J.M. Smucker a fait l’objet d’une métamorphose ces dernières années. Il a cédé 30% environ de son portefeuille, ces activités ne correspondant plus à son cœur de métier. Parallèlement, l’entreprise a acquis Hostess Brands fin 2023 pour 5,6 milliards de dollars, ce qui lui a permis d’ajouter des snacks sucrés cuits au four à son portefeuille d’aliments préemballés, de boissons (café) et d’aliments pour animaux de compagnie. À titre indicatif, la capitalisation boursière actuelle de J.M. Smucker est de 11 milliards de dollars. Une dette supplémentaire a été contractée pour cette importante acquisition et de nouvelles actions ont été émises. Là encore, bien que le ratio actuel dette nette/Ebitda de plus de 3,5 soit élevé, il est jugé acceptable, la dette étant susceptible de baisser rapidement.
L’objectif est de prioriser les marques à potentiel de croissance. J.M. Smucker voit surtout des opportunités dans les snacks. Elle distingue trois catégories de snacks : les produits surgelés et les sandwiches, les pâtes à tartiner et les confiseries. Il s’agit donc davantage d’une répartition en fonction des moments où le consommateur peut grignoter sur le pouce, plutôt que de la définition du produit. Le fait d’enduire rapidement un sandwich de beurre de cacahuète Jif ou de confiture Smucker’s s’inscrit aussi dans ce schéma.
Les objectifs à long terme sont une croissance du CA de plusieurs pour cent, une croissance du bénéfice d’exploitation d’environ 5% et une croissance à un chiffre du BPA ajusté. En novembre dernier, J.M. Smucker a revu ses prévisions de BPA à la hausse pour l’exercice 2025 (clos fin avril), de 9,70 à 10,10 dollars. Ce qui porte le ratio C/B à 10,5 et le dividende à 4,2%.
Action 3 : General Mills
Nous avions déjà proposé General Mills comme favori. Après avoir dépassé les 75 dollars en septembre dernier, le cours de Bourse de nouveau perdu plus de 20%. General Mills possède un portefeuille de huit groupes de produits dont le CA se répartit comme suit : snacks 22%, céréales 16%, repas 15%, aliments pour animaux domestiques 12%, pâtes 12%, produits de boulangerie 10%, yaourts 7% et crèmes glacées et autres 6%. General Mills entend aussi se développer en se focalisant sur des marques fortes, en cédant les parties les moins rentables et en acquérant des entreprises favorisant une croissance durable. En septembre dernier, General Mills a vendu sa division nord-américaine de yaourts, ce qui réduira son CA de 8%.
La vente de ses activités canadiennes a été approuvée en janvier. Aux États-Unis, la vente est en attente d’une approbation définitive par les autorités de réglementation. Les 2,1 milliards de dollars de liquidités qui seront générés par la vente totale, soit environ 6,5% par rapport à la capitalisation boursière actuelle de 32 milliards, seront utilisés pour racheter de nouvelles actions propres. General Mills utilise son cash-flow élevé, en plus des versements de dividendes, pour racheter des actions, lorsqu’elle n’a pas besoin de fonds pour financer une acquisition. En décembre dernier, elle a racheté Whitebridge Pet Brands pour 1,45 milliard de dollars. Il s’agissait de la cinquième acquisition de General Mills en cinq ans sur le marché en plein essor des (aliments pour) animaux de compagnie.
Le BPA ajusté ressort à 4,52 dollars pour l’exercice 2024 (clos fin mai) et après la dernière mise à jour sur les acquisitions et les désinvestissements, General Mills estime que le BPA ajusté pour cette année sera inférieur de 2 à 4% (soit de 4,38 dollars environ) sous l’effet de la hausse des charges d’intérêts liée à l’acquisition de Whitebridge Pet Brands.
Le groupe prévoit de redoubler d’efforts en matière de promotion et de publicité pour ses marques afin de booster le CA, mais cela ne se traduira pas par des gains immédiats: les dépenses supplémentaires liées aux campagnes éroderont légèrement les marges. General Mills table sur une croissance organique du CA à long terme de 2 à 3% par an. L’objectif est toutefois d’accroître le BPA d’environ 5 à 8% l’an. Le ratio C/B de 13,3 est modeste et le rendement du dividende de 4,1% est appréciable.
General Mills n’a pas réduit son dividende depuis 124 ans et 2025 ne fera pas exception. D’août 2017 à août 2020, le dividende trimestriel est resté stable à 0,49 dollar par action. Les dernières années ont été marquées par des hausses nettes pour atteindre un dividende trimestriel de 0,60 dollar par action. Compte tenu du désendettement, les augmentations de dividendes devraient être limitées à court terme.
Conclusion
Il ne faut pas s’attendre à des miracles pour les trois actions épinglées mais pour les investisseurs qui apprécient un beau dividende et considèrent les futures hausses du cours comme un bonus, les niveaux d’entrée actuels semblent très attrayants.
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