Bourse : les gagnants de l’IA dans la finance


Le secteur financier n’est pas vraiment connu pour son côté aventureux et progressiste. Ce qui le caractérise le mieux, c’est la fiabilité. Il est difficile d’attirer des clients qui n’ont pas la certitude que leur argent est en sécurité. Et qu’on le veuille ou non, les banques et les assureurs sont à la pointe du développement et de l’application de l’intelligence artificielle (IA).
Il y a trois ans, une étude réalisée par Fortune avait révélé que le secteur reflétait 19% de tous les utilisateurs de l’apprentissage automatique, ce système qui apprend à découvrir certains modèles à partir d’un grand nombre de données, et qui permet de traiter toutes les informations relatives, par exemple, à une demande de prêt, bien plus vite qu’un être humain.
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L’IA est 70 fois plus rapide
Un essai mené par HSBC a montré que l’IA analyse une demande de crédit 70 fois plus vite. La marge d’erreur de 1% est aussi plus faible que les 5% de l’analyse traditionnelle. La technologie a permis de réduire les coûts de 75%. L’IA s’impose rapidement dans de nombreux autres domaines des services financiers. Le cabinet McKinsey a calculé que les gains de productivité dans le seul secteur bancaire pourraient atteindre 340 milliards de dollars.
Les méga-banques profitent le plus
Nombre de ces avantages reviennent aux méga-banques, qui ont investi en masse dans la nouvelle technologie dès le début. Bank of America a par exemple introduit un assistant virtuel alimenté par l’IA dès 2018. Cet assistant utilise l’analyse prédictive et la communication cognitive pour fournir des conseils financiers sur mesure et aider à effectuer des transactions ou à saisir des opportunités d’épargne.
Selon la banque, ces outils ont joué un rôle clé dans la maîtrise des coûts et le développement de la marge. Bank of America a investi 4 milliards de dollars dans l’IA rien qu’en 2024. JPMorgan Chase et HSBC ouvrent également la voie dans ce domaine. Il existe aussi de petites entreprises financières innovantes pour lesquelles le déploiement intelligent de l’IA ne se reflète pas encore assez dans la valorisation.
Candidate 1 : Capital One
Un bon exemple n’est autre que Capital One (ticker COF). La banque dispose d’un large réseau dans la région de Washington DC et d’un patrimoine clients de plus de 350 milliards de dollars. Elle se distingue par une marge nette d’intérêt qui est ressortie à plus de 7% au trimestre dernier. Beaucoup d’autres banques peinent à faire passer le différentiel de taux d’intérêt entre l’argent qu’elles reçoivent et celui qu’elles prêtent à 2 ou 3%. La grande différence s’explique par le fait qu’environ la moitié du portefeuille de prêts est constituée de prêts sur cartes de crédit. Aux États-Unis, le taux d’intérêt moyen dans ce segment est de plus de 20%. Ces revenus élevés sont contrebalancés par une sensibilité au climat économique supérieure à la moyenne.
Au trimestre dernier, le taux de défaillance sur le portefeuille de cartes de crédit de Capital One était de 6%. Ce taux est largement compensé par des revenus d’intérêts élevés pour l’instant, mais lors de la crise du crédit de 2009, les défauts de paiement ont atteint 10%. Le cours de l’action de Capital One est donc fortement tributaire du cycle économique américain. Partant, les craintes de récession ont fait chuter le cours de l’action de plus de 20% depuis mi-février. Depuis sa création en 1987, la banque utilise très intelligemment l’analyse des données pour optimiser la fixation des prix dans différents segments risqués.
À ce titre, Capital One dispose de plus de données clients que de nombreuses consœurs et les exploite de manière toujours plus intelligente. Fin 2024, l’entreprise possédait pas moins de 314 brevets différents dans le domaine de l’IA, ce qui la hisse à la 11e place du classement mondial, entre Microsoft (337 brevets) et Nvidia (273). Capital One se négocie à un peu plus de 10 fois son bénéfice par action attendu de 15,70 dollars. Bien que l’action soit vulnérable à une incertitude économique accrue, son utilisation efficace de l’IA fait de Capital One un investissement attrayant.
Candidate 2 : Upstart
Upstart (ticker UPST) a également intégré l’analyse intelligente des données dans son modèle depuis sa création. L’entreprise exploite une plateforme qui propose aux clients des offres de prêts de plus de 100 partenaires. Grâce à l’IA, Upstart a développé son propre modèle pour cartographier les risques de crédit et déterminer les taux d’intérêt. Ce système intègre plus de 2.500 variables, telles que les antécédents professionnels et le degré de formation. Il permet à Upstart de faire une proposition de prêt plus pointue que si l’on s’en tenait au seul score de crédit, comme le font beaucoup d’autres.
Cette approche permet à l’entreprise de s’implanter rapidement sur le marché américain du crédit. Au 4e trimestre de 2024, 245.663 prêts ont été accordés par le biais de la plateforme, pour un montant de 2,1 milliards de dollars, soit un bond de 68%. Les revenus pour Upstart ont crû de 56%, à 219 millions. Upstart prévoit de dépasser le milliard de dollars de chiffre d’affaires pour l’année en cours, tandis que le bénéfice ajusté est devenu positif pour la 1e fois. Forte de ces bons résultats, l’action a grimpé de 20%, à plus de 90 dollars, mi-février. Depuis, le cours de l’action a été divisé par deux, à moins de 40 dollars, en raison de l’incertitude économique croissante. Les investisseurs anticipent un avenir très sombre face à cette chute brutale du cours. Une candidate pour l’investisseur à contre-courant. L’évolution erratique du cours montre aussi qu’Upstart est un investissement assez spéculatif.
Candidate 3 : Manulife
Les résultats de la canadienne Manulife (ticker MFC) sont plus prévisibles : elle se concentre sur des segments plus matures (assurance-vie, gestion d’actifs et solutions de pension). Au-delà de son propre marché, Manulife se concentre surtout sur l’Asie et les États-Unis. Outre-Atlantique, elle opère sous la marque John Hancock. Ces deux dernières années, elle a investi plus d’un milliard de dollars dans le monde dans le développement et la mise en œuvre de nouvelles applications d’IA. En attendant, plus des trois quarts des employés utilisent la technologie d’une manière ou d’une autre. Au Canada, Manulife utilise l’IA pour numériser automatiquement les réclamations de groupe. Le système peut lire toutes sortes de documents, saisir le contexte, en extraire les informations pertinentes et lancer directement le bon processus de réclamation.
En Asie, l’accent porte davantage sur le resserrement des liens avec les clients. Les agents d’assurance y ont souvent plus de 200 clients dans leur portefeuille. Sur la base des informations disponibles, le modèle d’IA local peut aider à envoyer aux clients un message personnalisé plusieurs fois par an. Les chiffres annuels de Manulife montrent que son investissement dans l’IA a généré plus de 600 millions de dollars d’économies. Ce montant pourrait atteindre plus de 2 milliards de dollars dans les années à venir avec l’émergence d’applications toujours plus nombreuses et plus intelligentes. L’amélioration de la marge ouvre la voie à une croissance bénéficiaire un peu plus rapide que ne le laisse supposer le caractère mature du marché des pensions et des assurances.
Le bénéfice par action devrait passer de 4,10 dollars canadiens (CAD) en 2025 à 4,60 CAD en 2026. La société transfère une grande partie de ces revenus aux actionnaires sous forme de dividendes. La distribution est passée de 1,12 CAD par action en 2021 à 1,75 CAD pour cette année (rendement du dividende de 4,3%). Manulife prouve ainsi que l’IA fait naître aussi de belles opportunités pour les investisseurs dans le revenu.
Candidate 4 : Allstate
Il en va de même pour son homologue Allstate (ticker ALL), qui se focalise sur le marché américain de l’assurance. Comme Manulife, le groupe a donné à la technologie une place dans toutes sortes de processus. Parmi les résultats notables, on soulignera que les messages du modèle d’IA sont perçus par les clients comme plus empathiques que les e-mails des agents d’assurance. Le modèle opte davantage pour un langage clair et ne se cache pas derrière des abréviations maladroites ou un jargon technique. Ici aussi, force est de constater que la valorisation actuelle est faible, soit à peine 9 fois le bénéfice prévu pour l’an prochain (22 dollars par action).
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