Certains investisseurs s’intéressent surtout, voire exclusivement, à la hauteur des dividendes, un paramètre certes pas dénué d’importance mais qui pour nous, ne suffit pas. Nous comprenons que les personnes qui cherchent à compléter leur pension s’intéressent d’abord au rendement fixe, mais il convient d’insister sur la question de la qualité et de la croissance des dividendes.
Un rendement élevé, voire très élevé, est-il également stable et durable ? S’il doit dégringoler de moitié l’an prochain, quel est son intérêt pour l’investisseur en dividendes, surtout quand celui-ci est en quête d’un surcroît de revenus ? La stabilité du dividende est donc presque aussi importante que son niveau.
Un portefeuille de dividendes équilibré se caractérise aussi par la vigueur et la régularité de la croissance de ses rentrées. Peu importe en d’autres termes que le rendement en dividende soit moins élevé aujourd’hui, pour autant que sa croissance annuelle soit solide. Or seules les plus brillantes des entreprises cotées en Bourse parviennent à assurer ce résultat, qui traduit leur capacité à combiner croissance historiquement forte, marges bénéficiaires importantes et, souvent, avantage concurrentiel certain. Ces perles rares améliorent la qualité du portefeuille de dividendes. Si elle pèse sur le rendement en dividende moyen, leur présence s’avère payante sur le long terme. La répartition sectorielle est également plus équilibrée, puisque le portefeuille est composé de davantage d’entreprises de services, de sociétés peu cycliques et de groupes aux revenus récurrents, affichant une capitalisation boursière souvent plus marquée.
Nous avons sélectionné les 15 sociétés (quatre européennes et 11 américaines) qui conjuguent historique des dividendes impressionnant et croissance de la distribution de 10% par an au bas mot.
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Les quatre entreprises européennes
– AAK AB : cette société suédoise en pleine croissance produit des huiles et des graisses végétales destinées à l’industrie alimentaire et cosmétique. Combinée à une valorisation attrayante (ratio cours/bénéfice de 17 pour 2025), son action est une évidence pour la plupart des investisseurs. Son dividende a augmenté de 16% par an en moyenne au cours de la dernière décennie, et de 35%, même, en 2024 et en 2025. Il est donc prometteur. Le cours du titre a flambé davantage encore ces 10 dernières années. Le rendement en dividende est de 2% brut.
– Hermès : la capitalisation boursière de cet acteur français du luxe a récemment dépassé celle de LVMH. Hermès – connu pour ses emblématiques sacs Birkin – vise une clientèle ultra-riche et dégage une marge bénéficiaire deux fois supérieure à celle de son principal concurrent. Alors que LVMH et Kering sont en perte de vitesse, Hermès table pour l’exercice en cours sur une hausse de 10% de son chiffre d’affaires, à 16,7 milliards d’euros. Le groupe, qui n’est pas endetté, paie des dividendes à la croissance fulgurante (plus de 19% par an en moyenne, soit nettement plus que chez LVMH) depuis des décennies. Sa valorisation élevée est un inconvénient, peu grave toutefois dans une perspective pluriannuelle. Son rendement en dividende est de 0,6% “seulement”.
– Lotus Bakeries : on ne présente plus ce fabricant de produits de spéculoos et d’autres snacks (sains), mais considérons-le ici sous l’angle de son dividende. La croissance supérieure à la moyenne de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices se traduit par une progression des dividendes tout aussi exceptionnelle – le dividende a carrément bondi de 30% cette année. La moyenne des cinq et des 10 dernières années se situe plutôt autour de 15%. Alors qu’en 2015, l’actionnaire percevait 12,4 euros brut par action, il peut désormais prétendre à 76 euros. Pour autant, le rendement en dividende ne dépasse pas 0,9%.
– Norbit : cette entreprise norvégienne à la capitalisation boursière inférieure à 1 milliard d’euros affiche un modèle d’exploitation, un potentiel de croissance et une croissance du dividende uniques. Cette année, elle verse 1 couronne norvégienne (NOK) supplémentaire par action (+29%), pour un rendement en dividende qui s’établit à 1,4%. Le dividende sera passé, entre 2020 et 2025, de 0,3 à 3 NOK par action (2 NOK de dividende ordinaire et 1 NOK de dividende spécial).
Les onze valeurs américaines
Le marché boursier américain étant plus vaste, la sélection n’en a été que plus aisée. La ventilation par secteur est plus importante elle aussi.
– Badger Meter : ce fabricant de systèmes de mesure intelligents (compteurs d’eau numériques et plateformes de données) destinés à assurer une gestion efficace de l’eau avait été évoqué il y a 15 jours déjà, dans le dossier consacré aux aristocrates des dividendes américains. Son dividende, en hausse depuis 33 ans d’affilée, s’est envolé de 26% l’an dernier. Badger Meter se distingue également par l’extrême faiblesse de son ratio d’endettement, qui ne peut que contribuer à la croissance de sa distribution. Le rendement en dividende n’est en revanche “que” de 0,6% brut.
– Cintas : ce producteur d’uniformes professionnels faisait lui aussi partie de notre analyse consacrée aux aristocrates des dividendes. Relevée de 16% l’an passé, la somme versée aux actionnaires a progressé de quelque 19% par an en moyenne au cours des cinq dernières années. Le rendement en dividende est de 0,8% seulement.
– Eaton Corp. : le dividende de ce fournisseur de solutions de gestion de l’énergie alimentant systèmes électriques, hydrauliques et mécaniques croît très rapidement depuis plusieurs années. Cette fois, il progresse de 10,6%. Eaton acte une augmentation de son chiffre d’affaires comprise entre 7% et 8% par an. L’abondance de ses flux de trésorerie garantit la pérennité de la progression du dividende, dont le rendement atteint 1,35% brut.
– Eli Lilly : ses pilules “amaigrissantes” (Mounjaro/Zepbound) font actuellement d’Eli Lilly la star incontestée de l’industrie pharmaceutique américaine. Sa spectaculaire croissance lui permet d’augmenter son dividende de 15% chaque année. Le rendement en dividende s’établit à 0,8%.
– Marriott International : la chaîne hôtelière a certes sabré dans les frais pendant la pandémie mais l’an passé, elle a relevé son dividende de 21% et racheté 5% de son flottant. Le rendement en dividende est de 1%, la croissance du dividende au cours des cinq dernières années, de 11,8% par an en moyenne.
– McKesson : ce distributeur de médicaments augmente son dividende de 15% l’an et peut se prévaloir de fondamentaux solides. Son rendement en dividende ne dépasse toutefois pas 0,4% brut.
– Motorola Solutions : Motorola Solutions, qui fabrique des équipements de communication et des logiciels destinés aux services d’urgence, entre autres, a relevé son dividende de 11,3% l’an passé. Il a également racheté plus de 35% de ses propres actions en 10 ans. La hausse actuelle est parfaitement cohérente avec l’évolution des cinq dernières années (11,4% en moyenne). Le rendement en dividende s’établit à 1,1% brut.
– Rollins : spécialiste de la lutte contre les nuisibles très bien positionné dans un marché à forte croissance, Rollins est un habitué des cours records. Son dividende a grossi de 18% par an en moyenne durant la dernière décennie, et de 16% sur ces cinq dernières années. Le rendement en dividende est de 1,2% brut.
– Thermo Fisher : Thermo Fisher est un des groupes les plus importants et les plus diversifiés du monde dans le domaine des sciences de la vie. Il fournit du matériel de laboratoire, réalise et supervise des essais cliniques et produit des médicaments pour le compte de groupes pharmaceutiques et biotechnologiques. Son dividende a progressé de 15,2% en moyenne ces cinq dernières années. Son rendement en dividende plafonne toutefois à 0,4% brut.
– TJX Companies : sans la pandémie, ce distributeur de produits de décoration intérieure de qualité à prix raisonnables serait un aristocrate des dividendes. Il dispose d’un potentiel d’expansion toujours considérable, surtout à l’international. Les actionnaires ont perçu 10,3% de plus par an en moyenne durant ces cinq dernières années. Le rendement en dividende atteint 1,3% brut.
– Waste Management : l’expert américain de la gestion et du traitement des déchets et des services environnementaux est numéro un dans le secteur du recyclage. Il possède plus de 260 décharges, 350 stations de transbordement, 150 usines de recyclage et six centrales électriques. Il a augmenté son dividende de 10%, ce qui correspond également à la moyenne à long terme. Le rendement en dividende est de 1,4% brut.