L’Europe boursière est en hausse sur l’année. Mais ce rallye pourrait-il désormais être freiné ? Il y a quelques risques.
Le match en bourse, entre l’Europe et Wall Street, va toujours bon train. Aux États-Unis, le S&P 500 vient de retrouver son niveau d’avant la chute de début avril, puis son niveau du début de l’année. Il est maintenant en hausse de 0,41% sur 2025. L’Europe a toujours une longueur d’avance : l’Euro Stoxx est en hausse de 9% sur l’année et l’Euro Stoxx 600 de 6%.
Mais cette semaine, Wall Street a rattrapé un peu de son retard. Avec les annonces d’accord commercial et de pause dans les droits de douane, entre les États-Unis et la Chine, le S&P 500 est en hausse de plus de 4% depuis lundi. Mais les deux indices européens n’ont pas, autant, suivi le même enthousiasme : ils sont en hausse de respectivement 1,5 et 1% entre lundi et matin et mercredi soir.
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Évaluation trop élevée ?
Et l’Europe pourrait davantage ralentir. C’est ce qu’estime Sharon Bell, spécialiste chez Goldman Sachs. L’Euro Stoxx 600 affiche actuellement un ratio de 14,5 fois les bénéfices attendus, ce qui est supérieur à sa moyenne des 20 dernières années (13,4). Cette évaluation élevée pourrait donc couper l’herbe sous les pieds du rallye. “Le potentiel de hausse est désormais limité, compte tenu des faibles attentes en matière de croissance des bénéfices et du fait que les actions européennes ne sont historiquement plus bon marché”, souligne l’experte dans une note citée par la presse.
Son objectif de prix pour les six mois à venir est de 560 points. L’indice est à un niveau de 542 à l’heure d’écrire ces lignes… ce qui lui donne un potentiel de hausse de 3,3%. Pour les 12 mois à venir, l’objectif est de 570 points : ce qui ferait donc une hausse de 5,2% en un an, soit moins importante que celle des cinq derniers mois.
Incertitude
L’autre élément qui peut peser sur l’Europe, c’est l’incertitude. Le premier trimestre a certes été bon, en termes de résultats. Selon les attentes, les bénéfices des entreprises européennes seraient en hausse de 1,9% en moyenne, comparé au même trimestre de 2024. Sans le secteur de l’énergie, ils seraient même en hausse de 7,3%. C’est le quatrième trimestre de suite dans le vert. 60% des entreprises ont battu les estimations, contre 54% en temps normal.
Mais la saison des résultats dégage, aussi, une autre image : le flou au niveau des prévisions. C’est surtout dû aux tarifs douaniers de Donald Trump et de l’impact qu’ils pourraient avoir sur le commerce mondial. Dont la hausse de l’euro, qui pèse déjà sur les entreprises qui exportent (les exportations représentent en moyenne 60% du chiffre d’affaires des entreprises de l’Euro Stoxx 600).
“La dernière fois que nous avons connu ce type d’incertitude concernant les prévisions et que les entreprises ont fait état d’un manque de visibilité, c’était au premier trimestre 2020, au début du covid”, explique Magesh Kumar Chandrasekaran, stratège en actions chez Barclays, à Reuters. “Ceci a été la saison des résultats la moins claire, ou la plus incertaine, du point de vue des prévisions.” Il ajoute que les entreprises qui ont le plus réduit leurs prévisions sont celles qui exportent le plus.
Cela dit, les perspectives ne sont pas forcément beaucoup plus roses pour les États-Unis. Balle au centre, le match continue.