Les commandes et accords pleuvent pour Airbus au Salon du Bourget à Paris. Pour Boeing, les annonces sont beaucoup moins tonitruantes. Le point sur le match entre les deux avionneurs.
Le dollar versus l’euro, le Stoxx 50 contre Wall Street, ou encore Airbus contre Boeing : dans l’économie, il y a des matchs ainsi où l’Europe et les États-Unis se mesurent l’un contre l’autre. Et le Vieux continent l’emporte sur les trois tableaux en ce moment.
Les deux avionneurs compètent au Salon du Bourget, qui se tient actuellement à Paris. Airbus, l’Européen qui a son siège social en France et qui joue à la maison certes, enchaine les commandes. Lundi, premier jour du salon, le groupe signe des contrats de commandes pour 132 avions avec différentes compagnies de leasing et compagnies aériennes. Mardi et mercredi les affaires continuent à aller bon train : le groupe signe des protocoles d’accord pour quelques autres 150 engins. Recette totale sur les trois journées, selon les calculs de Reuters : 21 milliards de dollars.
Boeing de son côté a annoncé 41 commandes lundi. Mardi et mercredi, il n’y a eu aucune annonce. L’Américain se fait ainsi également damer le pion par le Brésilien Embraer, qui a vendu 15 avions lundi et 60 mercredi.
Voilà pour les trois premiers jours du Salon, qui continue jusque dimanche. Les commandes pourraient encore continuer à augmenter : les spécialistes d’IBA (cabinet d’analyses du secteur de l’aviation) s’attendaient à un total de 800 commandes d’engins commerciaux.
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Crash
Ces salons sont souvent l’occasion solennelle et symbolique de signer des contrats de commandes, négociés des mois durant. Soyons donc, comme public de ce match entre les deux géants, fair-play : comme les clients d’Airbus attendaient le Paris Air Show pour conclure les deals, le constructeur européen n’a enregistré aucune commande en mai. Zéro. Boeing de son côté était en tournée au Moyen-Orient avec Donald Trump et a signé de gros contrats, dont un pour 210 avions avec Qatar Airways, portant le total pour le mois de mai à 300 avions.
Dans le classement général sur 2025, l’Américain est en tête, avec 552 commandes. Airbus en compte 291. Mais le mois de juin devrait visiblement redistribuer les cartes. En termes de commandes totales dans le pipeline, c’est Airbus qui est devant, avec 8.617 avions (le 31 mai), contre 6.528 pour Boeing.
Il y a une autre raison pour laquelle Boeing se fait discret : le crash d’Air India, le 12 juin. C’est la première fois qu’un Boeing Dreamliner tombe du ciel. Le constructeur est donc pleinement occupé avec l’enquête de l’accident. Le CEO Kelly Ortberg a annulé sa venue en conséquence et Boeing n’a pas organisé de défilé aérien ni d’autres actions promotionnelles importantes au Bourget. Tout comme en 2024, lorsque Boeing se faisait également petit après une série de déboires arrivés les mois précédents, dont la porte arrachée en plein vol (et qu’Airbus raflait aussi la mise en termes de commandes).
Bourse
Voilà pour le match au Bourget et sur 2025. Mais qu’en est-il en bourse ? Sur l’année, c’est l’Américain qui l’emporte, avec une hausse de 15% à ce jour. Airbus n’a gagné que 2%… et ce malgré un important rallye des valeurs de défense européennes (secteur dans lequel Airbus est également actif).
Il y a différents facteurs qui pèsent sur le cours d’Airbus. Notamment le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, ses droits de douane et son protectionnisme qui peut favoriser Boeing aux États-Unis et à l’étranger (comme le montrent les commandes au Moyen-Orient indiquées plus haut). Et Boeing revient d’une chute de 30% environ en 2024, ce qui lui donne la force de l’effet de rattrapage cette année (+11% pour Aribus en 2024).