ESG, un label condamné à mort ? BlackRock ne l’utilisera plus (mais continuera d’investir dans les entreprises vertes)
Trop politisée, l’étiquette “ESG” ? C’est ce que clame le patron de la plus importante société de gestions d’actifs du monde. BlackRock n’utilisera donc plus ce terme. Mais pas de marche arrière dans les stratégies d’investissement : le mastodonte de la finance continuera toujours à investir dans les sociétés responsables.
Lors du Aspen Ideas Festival ce dimanche, le patron emblématique de la société, Larry Fink, cité par Reuters annonce d’emblée qu’il “n’utilise plus le terme ESG, car il est entièrement utilisé comme une arme… par l’extrême gauche et par l’extrême droite”.
“J’ai honte de faire partie de ce débat”, continue-t-il, regrettant que le terme soit devenu trop politisé. Il est en effet considéré comme “woke” par une frange de la classe politique américaine. BlackRock est ainsi souvent au centre des débats pour ses investissements en la matière.
Il ajoute néanmoins que la plus grande société de gestion d’actifs du monde (avec un portefeuille pesant 9.000 milliards de dollars) ne changera pas de cap et continuera à investir dans les entreprises qui entrent dans la catégorie ESG. Cette étiquette s’applique aux entreprises qui se distinguent par leurs stratégies écologiques, sociales et de bonne gouvernance. Le label est mondialement reconnu pour qualifier ces entreprises : la Bourse de Bruxelles tient par exemple son propre indice “BEL ESG” et de plus en plus de banques créent des portefeuilles dédiés.
Fink ne précise cependant pas si la firme va désormais appliquer un autre terme pour qualifier ces entreprises. Mais si un mastodonte des finances, comme BlackRock, avant-gardiste en matière d’investissement dans tout ce qui est ESG précisément, refuse d’utiliser le terme, on peut se demander si l’étiquette est désormais menacée de disparition. C’est en tout cas un coup important qui lui est porté. Reste à voir comment les autres maisons d’investissement et banques vont suivre.
ESG et le “wokisme”
C’est que le label fait débat, surtout aux États-Unis. Certains républicains, dont le gouverneur de Floride et candidat à la présidentielle, Ron DeSantis, l’accusent d’être “woke” et contraire au capitalisme. Fink a d’ailleurs répondu à ces critiques, l’année dernière, en disant qu’il est bel et bien capitaliste. Il dit miser sur les entreprises qui vont rapporter à l’avenir. Voire les seules qui vont encore exister, au vu du réchauffement climatique.
Mais toujours est-il que BlackRock est sous le feu des critiques. Comme la firme veut désinvestir le pétrole (à terme), le Texas a promulgué une loi l’excluant des fonds de pensions de l’État en décembre dernier, par exemple. Fink profite du festival pour souligner que ces critiques n’ont pas fait perdre beaucoup d’argent au groupe : “seulement” 4 milliards de dollars, en 2022. “Pas d’impact matériel” résume-t-il, “une de nos meilleures années de tous les temps.”
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