Bernard Keppenne (CBC): “Nous ne sommes pas loin d’un krach boursier”


Au vu de la chute généralisée, le chief economist de CBC parle de “corrections sévères”, met en garde au sujet de “l’incertitude” qui incite la Fed à ne pas réagir et évoque la disparition de l’ordre économique existant. Une reconstruction est nécessaire de la part de l’Europe, insiste-t-il. Dans l’urgence.
Les bourses européennes et asiatiques chutent lourdement ce lundi 7 avril, tous les marchés sont annoncés à la baisse. Bernard Keppenne, chief economist de CBC, analyse pour Trends Tendances.
Question naïve: à partir de quand peut-on parler de krach boursier?
Je prends le parti d’utiliser ce terme à partir de chutes de 10%. Nous n’en sommes pas loin sur les marchés asiatiques, après les mesures de rétorsion de la Chine contre les droits de douane imposés par le président américain, Donald Trump. Mais je n’utilise pas encore le terme de ‘krach’ sur mon blog. Il s’agit, à tout le moins, d’une série de corrections importantes. Cela est également accentué par le fait que la Maison-Blanche minimise l’impact et que la Banque centrale américaine (Fed) ne réagit pas.
Pourquoi?
Si on reprend l’analyse de son président Jerome Powell, la Fed ne sait pas comment se positionner. “L’incertitude est grande”, a-t-il dit. Il a mis en exergue la contradiction entre les tendances lourdes, comme la création d’emplois, qui sont positives, et l’indice de confiance qui chute fortement. La Fed ne voit donc pas suffisamment clair. Les droits de douane annoncés par Donald Trump sont plus élevés que prévus et cette prudence de la banque centrale refroidit les marchés.
Assiste-t-on à une remise en cause profonde de l’ordre économique?
C’est clairement une remise en cause du commerce international et des flux tels qu’ils existent. Nous allons devoir créer de nouveaux flux, l’Europe a une responsabilité importante et doit miser sur le Canada, l’Inde…. comme elle a commencé à le faire. Les exportations vers les vont forcément diminuer et il est essentiel de renforcer notre marché intérieur européen. Il y aura sans doute un rééquilibrage et certaines marches arrière de la part de la Maison-Blanche, mais cela ne changera pas la dynamique.
La confiance s’est brisée?
Exactement, la confiance est rompue. On ne reviendra pas au système d’avant. Nous sommes dans une situation qui nous oblige à revoir notre modèle de croissance, comme nous devons réinvestir dans notre défense.
C’est un tournant?
Oui, on parle d’une risque de récession aux États-Unis, certaines agences misent sur cela à raison de 50%. Quand on sait que nous étions à 2,4% de croissance, c’est tout simplement hallucinant.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici