Chute d’Arcadis : le marché exagère-t-il ?


La rédaction répond à la question d’un abonné : “Mes actions Arcadis ont déjà perdu 30% depuis le début de l’année. La Bourse n’a-t-elle pas déjà trop anticipé le ralentissement du marché ?”
L’action de la société d’ingénierie a en effet perdu 30% depuis janvier et même près de 40% depuis son sommet historique de la mi-novembre, à 66,85 euros. Les investisseurs craignent une nette dégradation des résultats de cette année. Les chiffres du premier trimestre, attendus le 7 mai, donneront une meilleure idée de la situation. Les entrées de commandes et la croissance organique du chiffre d’affaires (CA) seront particulièrement scrutées. Au quatrième trimestre, la hausse du CA avait déjà ralenti, de 5 à 2,8% ; la direction avait attribué cette baisse à l’incertitude liée aux élections aux États-Unis (37% du CA), qui a amené les clients à reporter leurs décisions d’investissement. En outre, plusieurs grands projets d’infrastructures sont arrivés à leur terme, tandis que de nouveaux projets pluriannuels en étaient encore à leur phase de démarrage.
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Depuis lors, l’environnement de marché s’est encore détérioré. La guerre commerciale attise les incertitudes à court terme et plombe l’économie mondiale. Au Royaume-Uni, marché important pour le groupe, de grands projets d’infrastructures ont été retardés dans l’attente de l’attribution des budgets d’investissement pour les années à venir, qui sera probablement effectuée le mois prochain. La société constate aussi un coup de frein aux projets d’infrastructures en Australie, où elle était très active ces dernières années. Dans l’ensemble, donc, Arcadis traverse une période difficile.
Perspectives
Le groupe est toutefois présent sur de nombreux marchés et a réussi, lors des récessions qui ont ponctué les 23 dernières années, à limiter la baisse autonome de son CA à 4% maximum. Les bénéfices ont probablement baissé plus fortement dans ces phases, du fait de la hausse constante des coûts fixes (salariaux, notamment). Il semble désormais que des accords commerciaux pourront être conclus rapidement avec les États-Unis, ce qui permettrait d’éviter la récession. Les clients d’Arcadis devraient donc se montrer plus enclins à investir.
Les tendances de long terme restent quant à elles inchangées. Arcadis fait état depuis longtemps d’une forte demande pour des projets liés au changement climatique, à la durabilité, à la protection du littoral, à la mobilité et au renforcement du réseau énergétique. Les pouvoirs publics devraient continuer à investir dans ces domaines, même si en Europe, une part plus importante des budgets est consacrée à la défense. Donald Trump mettra moins l’accent sur la durabilité, mais le gouvernement fédéral américain ne représente que 2% du CA du groupe.
Grâce notamment à un carnet de commandes record, les résultats devraient rester robustes cette année, malgré des investissements supplémentaires dans le personnel et l’informatique. Le consensus a revu à la baisse son estimation du bénéfice, de 3,30 à 2,85 euros par action (-5% par rapport à 2024). À 14 fois les bénéfices, le cours a connu un plongeon excessif ; le titre nous semble de nouveau digne d’achat (rating 1B).
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