Anticiper avant que les autres anticipent: comment préparer son portefeuille aux élections françaises de 2027?

Emmanuel Macron, actuel président français, ne pourra pas se représenter en 2027, ayant déjà exercé deux mandats. THIBAUD MORITZ/Pool via REUTERS © via REUTERS
Charly Pohu

Les élections présidentielles françaises de 2027 approchent à grands pas. D’ici-là, de nombreux risques pèsent sur le pays. Comment les investisseurs peuvent-ils adapter leur portefeuille dans ce contexte ? Une analyse de BCA Research fait le point sur la situation et les perspectives.

Elles n’ont lieu que dans un peu moins de deux ans, et pourtant les élections présidentielles françaises font déjà parler d’elles. Comme, ce lundi, Dominique de Villepin qui crée son propre parti, tout comme Raphaël Glucksmann. Mais il n’y a pas que ces éléments ponctuels qui ancrent les élections dans l’actualité. Tout ce qui se passe à échelle politique et économique aujourd’hui peut déjà avoir un impact sur les prévisions de l’événement. Et plus on s’approche de la date, plus l’impact sera grand.

La politique française, suivie avec intérêt en Belgique, a aussi des conséquences pour le reste de l’Europe. Elle touchera donc, de près ou de loin, le portefeuille des investisseurs européens. C’est pour cela que Jérémie Peloso, stratège en investissements européens chez BCA Research, a récemment publié une analyse sur comment ces élections, et leur anticipation qui va aller crescendo, pourraient impacter les marchés… et comment les investisseurs peuvent adapter leurs portefeuilles en vue de l’événement, même si ce n’est que dans 22 mois.

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Risques

Quelles sont donc les perspectives ? L’expert décrit la période, d’ici aux élections, de “route dangereuse”. C’est que la situation financière de l’Hexagone est déjà délicate, avec le déficit du budget le plus important en Europe (4% du PIB) et la troisième dette (112% du PIB) la plus importante. Dette qui en plus est en hausse, tandis que celles des deux pays qui ont un ratio encore plus élevé (Grèce et Italie) est en baisse ou stagne.

Le gouvernement va donc proposer des réductions des dépenses dans son budget 2026, de l’ordre de 40 milliards d’euros, a récemment annoncé François Bayrou, Premier ministre. Il compte notamment couper dans la sécurité sociale et les pensions. Ce qui devrait générer d’importantes tensions sociales et augmenter l’instabilité politique (pour un gouvernement déjà minoritaire au Parlement), prévoit l’expert.

Dans ce contexte, “les partis anti-establishment saisiront cette occasion pour affaiblir le gouvernement avant les élections présidentielles de 2027.”

Portefeuille

La situation des finances publiques ne va donc pas se résoudre par magie. “La montée des risques politiques, une deuxième crise budgétaire potentielle et la détérioration des perspectives budgétaires créent un terreau fertile pour des taux d’intérêt plus élevés et plus volatils”, écrit Jérémie Peloso.

Ce qui veut dire concrètement : “Les investisseurs devraient continuer à sous-pondérer les obligations souveraines françaises dans leurs portefeuilles obligataires européens. Sur une base ajustée au risque, les obligations d’État espagnoles et grecques sont plus attractives. Ces dernières offrent une hausse similaire des taux d’intérêt, mais avec moins de risques de baisse.”

Concernant les actions, malgré une hausse des indices européens, la Bourse de Paris est à la traîne par rapport à d’autres places de marché. Le tumulte politique pèse sur les actions, mais pas que, analyse l’expert. Mais l’activité manufacturière française est en train de s’améliorer “de manière substantielle”, et les actions françaises ont ainsi “beaucoup de retard à rattraper” et pourraient donc rallier plus que d’autres indices (notamment dans le secteur de la consommation, qui pourrait surperformer ses concurrents internationaux).

“Nous relevons la note des actions françaises de « sous-pondérer » à « surpondérer », car nous anticipons une rotation des marchés d’actions périphériques vers les marchés centraux. Nous restons structurellement optimistes à l’égard de la Bourse française, car elle surpondère deux de nos secteurs préférés : l’aérospatiale et la défense, ainsi que les banques”, écrit Jérémie Peloso. L’amélioration de la note est également effectuée grâce à “une composition sectorielle favorable, à l’amélioration des données macroéconomiques et à un retour à la moyenne des valorisations.”

Qui va gagner ?

L’expert prévoit que les deux partis traditionnels, le PS et LR, pourraient regagner en popularité et obtenir un score similaire à celui de 2017 et récupérer des électeurs perdus à l’extrême gauche et l’extrême droite. Mais leurs candidats ne devraient pas atteindre le second tour.

“Dans notre scénario de base, la France se dirige vers un troisième affrontement consécutif entre le Rassemblement national et un candidat centriste. Nous sommes modérément convaincus qu’Édouard Philippe battrait le Rassemblement national en 2027, mais avec une marge plus faible que celle obtenue par Macron en 2017 et 2022. Le principal risque qui pèse sur notre opinion est le début d’une récession économique dans les 12 mois avant l’élection”, peut-on lire. Le terreau économique n’est actuellement pas des plus fertiles pour l’extrême droite, comme l’inflation et le chômage sont bas, estime l’expert.

Les jeux sont faits ; l’avenir nous dira qui sera le prochain président de la République.

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