Une fin de semaine cauchemardesque éloigne le Bel20 de ses records

(ABM FN) Entre une rafale de résultats dont ceux de la big tech US, la réunion de la Fed, les tensions commerciales ou encore des données sur l’inflation, les investisseurs sortent de l’une des semaines les plus chargées de l’année. Une semaine qui a vu le Bel20 se rapprocher un temps de son record historique de mai 2007, avant de s’en éloigner pour abandonner au final 1 pour cent en glissement hebdomadaire sous les 4.600 points.

En début de semaine, les investisseurs n’ont finalement que peu réagi aux termes de l’accord entériné durant le week-end en Ecosse par Donald Trump avec l’Union européenne, un accord qui prévoit un tarif douanier de 15 pour cent sur les produits européens. De quoi faire dire à Tom Simonts de chez KBC Securities que le locataire de la Maison Blanche est “le gagnant du jour”.

“La taxe de 15 pour cent sur pratiquement tous les produits en provenance de l’UE vers les États-Unis, y compris les voitures, était déjà dans l’air après que le Japon se soit vu imposer les mêmes tarifs”, retient pour sa part Simon Wiersma, gestionnaire d’investissement chez ING. 

“Ces tarifs sont-ils agréables ? Non. Sont-ils supportables ?” Simon Wiersma pense que “oui”.

Plus tard dans la semaine, Donald Trump a imposé au Brésil une taxe supplémentaire de 40 pour cent sur les importations et a également fixé un tarif de 50 pour cent sur le cuivre, ce qui a entraîné une chute du cours de ce métal. Le président US a par ailleurs lancé une autre salve de droits de douane visant la Corée du Sud et l’Inde.

Des voix discordantes au sein de la Fed

En parallèle, les investisseurs avaient également rendez-vous avec la Fed qui a comme prévu opté pour le statu quo monétaire mercredi soir, le cinquième de rang, avec un taux des fonds fédéraux qui continue donc d’osciller entre 4,25 et 4,50 pour cent.

Si la Fed n’est donc pas encore disposée à baisser ses taux, on retiendra que deux de ses membres ont voté pour un assouplissement monétaire, à savoir la vice-présidente de l’institution Michelle Bowman et le gouverneur Christopher Waller. 

“Nous estimons que la politique monétaire actuelle nous place en bonne position pour réagir en temps utile aux éventuelles évolutions économiques”, a clarifié pour sa part l’homme fort de la Fed, Jerome Powell.

Avant de baisser les taux, le grand argentier a ajouté que la Fed veut s’assurer que les tarifs douaniers n’entraînent pas une reprise de l’inflation, ajoutant qu’il est “de notre devoir de maintenir les anticipations d’inflation à long terme bien ancrées et d’éviter qu’une hausse ponctuelle des prix ne se transforme en un problème d’inflation persistant”.

Au lendemain de la réunion, la banque Van Lanschot Kempen a retenu que “la barre pour une baisse des taux en septembre est devenue beaucoup plus haute, sachant que pour justifier un assouplissement monétaire, l’inflation doit se rapprocher de l’objectif des 2 pour cent fixé par la Fed, ce qui semble très improbable compte tenu des tarifs douaniers”.

Fortunes diverses pour la pour la big tech US

En semaine, les investisseurs ont également pu prendre la température des résultats des géants de la tech, avec un festival boursier pour Meta et Microsoft, dopés à l’IA, de quoi notamment permettre à l’éditeur de Windows d’atteindre les 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.

Apple a pour sa part moyennement rassuré bien que la marque à la pomme ait fait état de la plus forte croissance des revenus issus de ses iPhones depuis 2021. Amazon en revanche a été durement sanctionné, les prévisions annoncées ayant été jugées trop optimistes.

A Bruxelles, on retiendra que jeudi a été l’une des journées les plus chargées de l’année, qui a notamment vu Argenx bondir de 13 pour cent à la lecture des bons chiffres de ventes de son médicament vedette, le Vyvgart. 

Même topo pour UCB qui a relevé ses prévisions tandis qu’un autre poids lourd du Bel20, AB Inbev, a plongé en revanche de 12 pour cent en marge d’une nouvelle baisse des volumes écoulés. Déjà en début de semaine, le premier brasseur mondial avait été à la peine en bourse, lesté par les résultats décevants d’Heineken.

Une fin de semaine cauchemardesque

La séance de vendredi, qui coïncidait avec le 1er août soit la date butoir de l’instauration de droits de douane pour les pays qui n’avaient pas conclu d’accord avec Washington sur le commerce, a été cauchemardesque.

Alors que le locataire de la Maison Blanche a annoncé de nouveaux droits de douane d’au moins 10 pour cent pour les pays qui n’ont pas encore conclu d’accord et qui n’ont pas d’excédent commercial avec les États-Unis, les pays qui ont, eux, un excédent commercial avec les États-Unis se voient affecté d’un tarifs douanier d’au moins 15 pour cent. 

On pense au Canada pour qui les taxes atteignent désormais un niveau de 35 pour cent et même de 39 pour cent pour la Suisse.

Mais si la plupart de ces tarifs entreront en vigueur le 7 août, “cela laisse encore quelques jours aux pays pour parvenir à un accord”, tempère quelque peu Simon Wiersma de chez ING.

Toujours vendredi, le secteur de la pharma a été dans le dur. En toile de fond, Donald Trump a envoyé des lettres aux grands laboratoires pharmaceutiques, les exhortant à réduire considérablement le prix de leurs médicaments aux États-Unis.

Last but not least, la publication du rapport sur l’état du marché de l’emploi aux Etats-Unis a franchement déçu. En juillet, seuls 73.000 emplois ont été créés, soit moins que les 100.000 créations anticipées en moyenne par les économistes, tandis que les créations pour juin et mai ont été révisées à la baisse et réduites à peau de chagrin.  Comme prévu en revanche, le taux de chômage est passé de 4,1 à 4,2 pour cent.

“Les révisions à la baisse considérables des créations d’emplois en mai et juin ont jeté un tout autre éclairage sur la santé de l’économie américaine, retient l’économiste James Knightley de chez ING, selon qui une baisse des taux par la Fed semble dès lors “très probable”, même si l’inflation augmente.

Notons que dans la foulée de la publication du rapport, Donald Trump s’en est une nouvelle fois pris à Jerome Powell qu’il a qualifié de “catastrophe”. Au passage, le président US a également décidé de licencier le directeur du bureau des statistiques BLS, responsable du rapport sur l’emploi.

“Je pense que les chiffres actuels de l’emploi ont été manipulés pour nuire aux républicains, et à MOI”, a commenté Donald Trump.

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