Plusieurs incertitudes pèsent sur Miko en bourse

(ABM FN) Appartenant à la catégorie des small caps à la bourse de Bruxelles, l’action du spécialiste du café Miko n’est suivie que par KBC Securities, ce qui est “regrettable” selon Karl Hermans, nouveau patron du spécialiste du café. Dans un entretien accordé à ABM Financial News, ce dernier estime que l’action est “un placement intéressant pour les investisseurs ayant une perspective à long terme, précisément parce que l’entreprise, vieille de 225 ans, est gérée pour l’éternité, sans trop se concentrer sur l’illusion de la journée boursière”.

Alors que l’action cède 9 pour cent depuis le 1er janvier, Karl Hermans est ainsi convaincu que le cours de l’action “finira par suivre”.

Pour l’heure, toute une série d’incertitudes planent toutefois, reconnaît le grand patron, notamment sur le front géopolitique en Ukraine et au Moyen-Orient, de même que l’inconstance des politiques économiques douanières des Etats-Unis.

“Alors que tout cela crée de l’incertitude, il est intéressant selon Karl Hermans de parier sur une matière première comme le café, la demande étant très ferme en Europe occidentale et continuant de croître dans les économies émergentes ou dans les pays typiques pour le thé comme le Royaume-Uni.

Deuxièmement, on pointe chez Miko un “grand désordre logistique” depuis la pandémie, l’ensemble du trafic de conteneurs ayant été littéralement “bouleversé”.

“Les navires et les conteneurs n’étaient plus là où ils devaient être, les compagnies maritimes ont modifié leurs itinéraires, tandis que la mer Rouge est toujours évitée… Et ce chaos perdure”, selon Karl Hermans.

“En conséquence, les délais d’approvisionnement sont incertains, les entrepôts de l’Ouest sont toujours vides et, compte tenu des prix élevés, il reste trop onéreux de détenir des stocks importants”.

Troisièmement, le commerce du café est confronté aux règles européennes de plus en plus strictes sur la déforestation (EUDR).

“Nous devons prouver que les cafés que nous mettons sur le marché ne proviennent pas de champs qui étaient des forêts avant 2020”. Des règles qui sont si ambitieuses qu’elles ont été reportées l’année dernière.

Si bien entendu, cela crée un surplus d’incertitude, le patron de Miko estime que “l’on se tire une balle dans le pied”. 

Alors que ces réglementations sont tellement détaillées et complexes qu’elles exigent beaucoup de travail et d’attention, selon Karl Hermans, ce dernier estime que ces ressources seraient mieux utilisées si elles étaient directement affectées à la conservation des forêts, “mais aujourd’hui, elles disparaissent principalement dans les poches de consultants onéreux”, selon lui.

Le patron de Miko ajoute comme autre facteur perturbateur le réchauffement climatique, avec des conditions météorologiques extrêmes qui entraînent une grande irrégularité dans les récoltes. 

“Quand on sait qu’un pays comme le Brésil représente plus de 30 pour cent de la production mondiale de café vert, il est logique que les annonces de sécheresse, de tempêtes ou de gelées au Brésil provoquent à chaque fois des chocs importants dans les prix. C’est pourquoi, avec toute cette spéculation, on constate une corrélation entre les bulletins météorologiques brésiliens et les prix du café”.

Certes, Miko estime qu’on ne peut pas vraiment parler de pénurie structurelle. “Si nous avons des problèmes d’approvisionnement, la cause se trouve davantage dans la logistique que dans une pénurie de la production mondiale. Les agriculteurs sont aussi des gens intelligents et si tous les maillons de la chaîne peuvent en tirer un bénéfice, l’offre suivra également. Nous voyons aujourd’hui de nouvelles origines de café, comme la Floride ou le café “européen” des Açores.

Entre-temps, le marché du café arabica se stabilise légèrement en dessous des sommets atteints en décembre et en avril, note Miko, même s’il est trop tôt pour en tirer une quelconque confiance. “À l’exception des six derniers mois, le niveau actuel des prix reste un record absolu”.

Selon Karl Hermans, la hausse des prix du café a également un impact important. “Les entreprises de services de café comme Miko ont souvent des contrats à long terme qui comprennent des clauses de révision des prix liées à l’inflation ou à l’indice de santé. Il en résulte une augmentation moyenne des prix de 2,2 pour cent en Europe pour un produit qui a augmenté de 60 pour cent, relate le PDG.

Impact des taux de change

Ce dernier ajoute que le café étant négocié en dollars, le taux de change a naturellement un impact, bien qu’il ne soit évidemment pas aussi important que l’augmentation globale des prix du café. 

“En 2024, le dollar s’est déprécié de 6 pour cent, ce qui a eu un effet amplificateur positif sur les résultats de novembre et décembre. Et si cette année, le billet vert corrige de 10 pour cent, nous sommes sur le marché réel du café et ce n’est pas sur la spéculation que nous devons gagner de l’argent”.

“En tant qu’acteurs du véritable paysage du café, nous avons surtout besoin de stabilité”, souligne à ce titre le PDG.

Un impact modéré des tarifs douaniers

Quant à l’impact des droits de douane à l’importation voulus par le Donald Trump, il ne sera pas trop important, estime Karl Hermans.

“Sachant que nous n’exportons pas vers les États-Unis, je vois peu d’impact direct. Au contraire, les dommages qu’il cause au taux de change du dollar jouent en notre faveur. Le fait que les USA créent maintenant des barrières commerciales financières compense peut-être en partie la complexité administrative que nous voyons en Europe”, selon le dirigeant.

Rien de nouveau à signaler concernant Paccor

En ce qui concerne la contestation du bonus de la vente de la division d’emballage plastique Mikopac à Paccor en 2021, il n’y a toujours rien de nouveau à signaler, note le CEO. 

“Nous avons déjà annoncé lors de notre AG que nous estimons y avoir droit, mais les discussions avec Paccor n’ont rien donné pour l’instant, de sorte que nous suivons maintenant la procédure convenue par contrat pour continuer à faire valoir notre point de vue”.

Quid du cours de bourse?

Concernant le repli de 9 pour cent de l’action depuis le 1er janvier, là où le Bel20 prend plus de 4 pour cent, Karl Hermans souligne que “les cinq dernières années ont été très atypiques”.

“Pendant la pandémie, nous avons fait nos adieux à notre division plastique, échangeant une machine bien huilée contre deux investissements qui nécessitaient beaucoup de travail, à savoir Dutch Maas et private label brander SAS”, rappelle le patron de Miko.

“Entre-temps, nous avons cédé SAS tandis que chez Maas, les choses semblent aller dans la bonne direction. Malheureusement, cette année encore, la crise du prix du café s’est abattue sur nous. Il fallait donc s’attendre à ce que le cours de notre action en pâtisse”.

Pour autant, fort d’un EBITDA de 36 millions et d’une solvabilité de plus de 40 pour cent, Karl Hermans est d’avis que Miko “vaut de toute façon bien plus que sa capitalisation boursière actuelle”.

“Mais la bourse suit sa propre logique ces dernières années”, souligne-t-il, mettant en avant l’exemple de Tesla dont l’action reste très élevée malgré des résultats de vente très décevants.

“Miko n’est évidemment pas une action technologique et nous nageons dans des eaux beaucoup plus calmes. Pour autant, nous restons un excellent placement pour les investisseurs ayant une perspective à long terme, simplement parce que nous gérons notre entreprise vieille de 225 ans pour l’éternité, sans trop nous concentrer sur l’illusion de la journée boursière. Je suis convaincu que le cours de l’action finira par suivre”, conclut Karl Hermans dans cet entretien accordé à ABM Financial News.

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