Malgré une certaine lassitude des investisseurs, le Bel20 renoue avec les 4.500 points

(ABM FN) S’adjugeant 1,6 pour cent au sortir du mois de mai à plus de 4.500 points, le Bel20 évolue à ses plus hauts annuels en ce moment, en marge d’un mois écoulé favorable aux bourses mondiales.

Frank Vranken de la Banque Edmond de Rothschild retient à ce titre que le mouvement d’achat qui a débuté en avril s’est poursuivi en mai, tandis que les actions ont nettement surperformé les obligations, avec une mention spéciale aux valeurs cycliques, là où les valeurs défensives ont été à la traîne.

Et si selon Frank Vranken, la volatilité devrait perdurer, elle a été une nouvelle fois de mise la semaine passée lorsque les bourses ont salué la volte face de Donald Trump quant à sa volonté d’imposer des droits de douane de 50 pour cent à compter du 1er juin sur les importations en provenance de l’Union européenne.

En début de semaine, le président américain, suite à un entretien avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a ainsi postposé au 9 juillet leur introduction.

Mais en marge de la saga judiciaire entourant les tarifs douaniers, on observe une certaine lassitude qui semble s’être installée chez les investisseurs.

En fin de semaine, une cour d’appel fédérale a temporairement rétabli les tarifs douaniers les plus importants, un jour après qu’un tribunal ait jugé que Donald Trump avait outrepassé son pouvoir en imposant ces mêmes tarifs, ordonnant leur blocage immédiat. 

Selon l’économiste en chef de CBC Banque, Bernard Keppenne, “tout cela vient ajouter une bonne dose d’incertitude dans des marchés financiers qui n’en avaient vraiment pas besoin.

Et ce d’autant que Donald Trump a fustigé vendredi l’attitude de la Chine, qu’il accuse de ne pas respecter ses engagements en marge de l’accord conclu en milieu de mois avec Pékin sur une baisse temporaire des droits de douane.

Donald Trump a par ailleurs annoncé vendredi soir que les taxes sur l’acier et l’aluminium seraient doublées à partir du 4 juin à 50 pour cent.

Nvidia continue de surprendre positivement

Sur le front des entreprises, Nvidia a retenu l’attention et a rassuré le marché avec une croissance de 69 pour cent de ses revenus au premier trimestre.

Malgré une dépréciation d’un milliard de dollars découlant des réglementations américaines en matière d’exportation de sa puce d’intelligence artificielle H20 en Chine, le géant de la tech a fait état d’une croissance supérieure aux attentes.

Certes, les prévisions de 45 milliards de dollars de revenus pour le trimestre en cours sont quelque peu décevantes, alors que la marché tablait sur 46 milliards.

Nvidia a toutefois précisé que ces prévisions incluaient huit milliards de dollars de ventes perdues en raison de l’interdiction d’exportation de la puce H20.

Selon Jensen Huang, patron du groupe, la demande mondiale pour l’infrastructure en intelligence artificielle de Nvidia est “incroyablement forte et à mesure que les applications génératives d’IA se généralisent, la demande va augmenter”.

Du côté des analystes, on estime chez  Citi que les prévisions de revenus vont engendrer un vent sectoriel favorable pour des entreprises européennes comme ASML, ASMI, Infineon et Arm.

Jos Versteeg de Theodoor Gilissen Bankiers a lui souligné que Nvidia perd des parts de marché en Chine en raison de la politique strictes à l’exportation, mais ne voit pas de concurrence chinoise pour le segment “haut de gamme” que les Américains veulent protéger pour l’instant.

Même pour une entreprise comme Apple, les nouveaux droits de douane de 25 pour cent sur les iPhones fabriqués en Chine par la marque à la pomme “ne sont pas un désastre”, estime Jos Versteeg, selon qui l’impact sur les ventes ne représente finalement qu’un très faible pourcentage.

Pendant que l’inflation reflue, Jérôme Powell rend visite à Trump

Au niveau des indicateurs économiques, la contraction du PIB américain au premier trimestre à été revue en légère baisse en seconde lecture à -0,2 pour cent, tandis que l’indice des prix des produits de consommation courante (PCE) a reflué conformément aux attentes de 2,7 à 2,5 pour cent en mai.

Autant de données qui vont dans le sens de la Fed, bien qu’il y ait peu de chances de voir la Banque centrale s’écarter de sa politique prudente en matière de taux pour le moment. 

L’homme fort de la Fed, Jerome Powell, l’a d’ailleurs encore souligné à la Maison Blanche, où il a fait savoir que les décisions monétaires seraient fondées sur des données et non sur des facteurs politiques. Des annonces à contre-courant des volontés de Donald Trump qui continue de penser que les taux devraient être abaissés immédiatement.

“La Fed et les marchés craignent que les tarifs douaniers du président Trump fassent grimper les prix des matières premières de manière significative dans les mois à venir, ce qui limiterait la capacité de la Banque centrale à soutenir l’économie si les faibles données des enquêtes de consommation se traduisent par des données de dépenses concrètes beaucoup plus faibles”, retient James Knightley, économiste chez ING.

A ce titre, on notera que la confiance des consommateurs américains telle que mesurée par l’université du Michigan s’est stabilisée, suite à l’accord commercial entre les États-Unis et la Chine. Les attentes en matière d’inflation ont également reculé.

Alors que les investisseurs pourront prendre le pouls de l’inflation dans l’ensemble de la zone euro, cette même inflation a atteint 2,1 pour cent en mai en Allemagne, proche de l’objectif de la BCE qui doit rendre sa décision sur les taux cette semaine.

Carsten Brzeski est d’avis que l’évolution des prix en Allemagne constitue un “soulagement supplémentaire” pour la BCE dans sa politique graduelle d’assouplissement monétaire.

“Si les derniers soubresauts dans la guerre commerciale a quelque peu renforcé les arguments en faveur d’un statu quo monétaire la semaine prochaine, les arguments en faveur d’une baisse de ces même taux sont beaucoup plus forts”, ajoute Carsten Brzeski qui table sur une baisse de 25 points de base.

Du côté des devises et du pétrole, l’euro pointait à 1,134 dollar vendredi soir, sans grand changement en glissement hebdomadaire, tandis que le baril a perdu quelques plumes, les investisseurs anticipant une nouvelle hausse de sa production par l’OPEP en juillet.

Sur le front obligataire, les rendements en dollar ont à nouveau reflué. Dans un entretien accordé à ABM Financial News, Vincent Juvyns d’ING Investment Office a indiqué que les obligations d’État constituent “une garantie contre une perte de pouvoir d’achat”.

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