(ABM FN) Lors d’une conférence de la Réserve fédérale à Atlanta hier soir, trois hauts dirigeants de la Réserve fédérale ont déclaré qu’ils ne prévoyaient pas de récession aux États-Unis cette année. Ils n’ont pas non plus prévu de baisse des taux d’intérêt.
Mary Daly, Beth Hammack et Raphael Bostic ont souligné la nécessité d’adopter une approche prudente en raison de l’incertitude, et non de l’urgence. “Nous sommes dans une position intermédiaire”, a déclaré Daly. “Ma réaction est de rester dans cette position et de conserver notre flexibilité, mais de ne pas réagir de manière abrupte ou rapide si cela n’est pas nécessaire, car nous ne disposons pas de suffisamment d’informations pour intervenir”.
La Fed attend, alors que la politique commerciale du président Trump perturbe les marchés et affecte l’économie. La semaine dernière, Moody’s a abaissé la note de crédit des États-Unis et prédit que le déficit atteindra près de 9 pour cent du PIB cette année, contre 6,4 pour cent en 2024. Cette révision soulève de nouvelles questions sur la capacité de Washington à maîtriser sa dette à long terme, d’autant plus que la Maison Blanche insiste sur de nouvelles réductions d’impôts.
Hamack a présenté trois scénarios. Le premier est que les droits de douane agissent comme un choc ponctuel sur les prix, qui freine la croissance et a des répercussions sur le marché du travail. Le deuxième est que les entreprises répercutent progressivement le coût des droits de douane sur leurs prix, ce qui pourrait prolonger la période d’inflation élevée et rendre nécessaire une nouvelle hausse des droits de douane. Le troisième scénario prévoit une détérioration de l’inflation et du chômage, ce qui obligerait la Fed à faire un choix difficile entre ses deux mandats. “Je suis un homme d’action”, a déclaré Hammack. “Mais pour l’instant, je pense que la meilleure chose à faire est de rester immobile”.
Bostic s’est montré plus catégorique. “Je ne prévois pas de récession”, a-t-il déclaré. Néanmoins, de nombreux chefs d’entreprise reportent leurs investissements importants jusqu’à ce qu’ils aient plus de visibilité sur la politique commerciale, l’immigration et les priorités fiscales. “L’économie est solide”, a-t-il déclaré. Mais les nouveaux projets et l’innovation sont en grande partie au point mort.
Daly a déclaré que ses perspectives économiques “ne sont pas non plus sombres” et a toutefois mis en garde contre le fait de considérer les prévisions comme parole d’évangile et a déclaré que la Fed doit être honnête sur ce qu’elle ne sait pas. Les tarifs douaniers continuent de jouer un rôle. Les entreprises s’adaptent à des rythmes différents. Les consommateurs sont peut-être plus épuisés qu’ils ne le semblent.
Les trois dirigeants de la Fed ont souligné les limites des données historiques et l’importance croissante des informations anecdotiques. Chaque district s’appuie davantage sur des entretiens, des visites d’entreprises et des informations qualitatives fournies par les employeurs et les employés.
Daly et Hammack ont également déclaré que leurs banques expérimentaient l’apprentissage automatique et l’analyse textuelle afin de détecter plus rapidement les changements de sentiment que ne le permettent les indicateurs économiques traditionnels. “Il est vraiment important de veiller à séparer l’émotion de l’impact réel”, a déclaré Hammack.