(ABM FN) Dopé par le trio gagnant de la semaine Umicore-Melexis-Sofina, le Bel20 s’est adjugé 1,6 pour cent en glissement hebdomadaire, renouant au passage avec les 4.500 points. En toile de fond, l’optimisme sur les tensions commerciales et un accord de cessez-le-feu en Iran.
A l’approche du congé estival, l’optimisme reste donc de mise sur les bourses. A Wall Street, les principaux indices tutoient leurs records alors que Washington pourrait repousser la date butoir du 9 juillet concernant l’instauration des droits de douane réciproques voulus par Donald Trump.
“L’élément déclencheur de ce petit rally d’été est bien évidemment le cessez-le-feu entre l’Iran et Israël avec en toile de fond, la chute du prix du baril”, résume par ailleurs l’économiste en chef de CBC Banque, Bernard Keppenne.
“Mais ce n’est pas la seule raison”, ajoute l’économiste, selon qui l’optimisme ambiant s’explique aussi par le fait que la Maison Blanche est parvenue à un accord dans la nuit de jeudi à vendredi avec Pékin sur la manière d’accélérer les expéditions de terres rares vers les États-Unis”.
Bernard Keppenne ajoute que le secrétaire US au Trésor, Scott Bessent, a déclaré avoir demandé aux républicains du Congrès de supprimer l’article “section 899”, lequel prévoit jusqu’à 20 pour cent de surtaxes sur les bénéfices réalisés par des entités de pays appliquant des impôts jugés injustes aux firmes US.
“Les chocs dus aux tensions géopolitiques sont généralement de très courte durée”
Simon Wiersma, gestionnaire d’investissement chez ING, rappelle lui que les chocs découlant des tensions géopolitiques sont généralement de très courte durée, et que les baisses des bourses dans l’interval sont considérées comme d’excellentes opportunités d’achat, “ce qui s’est à nouveau produit cette semaine”.
Redoutés, une éventuelle riposte de l’Iran et un blocage du détroit d’Ormuz qui mettrait en péril l’approvisionnement mondial en pétrole ne se sont pas produits, ce qui a engendré une chute à deux chiffres du brut. Dans la même veine, les frappes de missiles de l’Iran contre certaines bases militaires US au Moyen-Orient en guise de représailles ont en outre été limitées, d’autant qu’elles ont été annoncées à l’avance par la voie diplomatique.
“Pas d’euphorie excessive”
Bernard Keppenne prévient toutefois que ce “petit rallye boursier d’avant vacances” ne veut cependant pas dire euphorie excessive, “sachant que les écueils restent nombreux”.
Il cite entre autres la tension entre Donald Trump et Jerome Powell qui n’est pas retombée, tandis qu’on commence manifestement à observer au sein de la Fed une forme de schisme entre les partisans d’une baisse des taux en juillet, et ceux qui s’inquiètent des risques de hausse de l’inflation”.
En semaine, les directeurs Michelle Bowman et Christopher Waller ont notamment laissé entendre que les taux pourraient être abaissés en juillet.
Jerome Powell a lui confirmé le cap monétaire de l’institution devant la chambre des représentants et le Sénat mardi et mercredi à l’occasion des traditionnelles auditions semestrielles.
Powell a notamment confirmé que la Fed a la latitude d’attendre d’en savoir plus sur l’évolution de l’économie avant d’envisager des ajustements de la politique monétaire, ce qui n’a pas manqué de susciter à nouveau la colère de Donald Trump.
Selon le Wall Street Journal, le président américain aurait même caressé l’idée de choisir et d’annoncer le remplaçant de Jérôme Powell d’ici septembre ou octobre afin d’affaiblir sa position, ce qui a contribué à faire chuter le dollar un plus bas de quatre ans face à l’euro.
Selon les cambistes d’ING, si la monnaie européenne reste durablement au-dessus de 1,17 dollar, cela pourrait ouvrir la voie vers 1,20 dollar.
Ils soulignent que le billet vert pourrait être encore davantage sous pression si l’indépendance de la Fed se voit remise en question, maintenant que des rapports indiquent que Donald Trump veut nommer le successeur de Powell avant l’échéance de son mandat en 2026, créant ainsi une sorte de président fantôme qui pourrait bien parler de taux d’intérêt plus bas, ce qui est préjudiciable au billet vert”.
L’inflation US reste soutenue
En fin de semaine, les investisseurs avaient par ailleurs rendez-vous avec l’évolution des prix à la consommation. Il en ressort que l’inflation de base PCE, cette jauge privilégiée d’inflation de la Fed a légèrement augmenté en mai à 2,7 pour cent sur un an et reste donc soutenue, à contre-courant des déclarations de Donald Trump.
Toujours au rayon des indicateurs économiques, le PIB US s’est contracté davantage que prévu au premier trimestre, à hauteur de 0,5 pour cent, soit davantage qu’annoncé en première lecture.
De notre côté de l’Atlantique, les indices préliminaires des directeurs d’achat des entreprises ont été publiés pour le mois de juin. Pour l’ensemble de la zone euro, l’indice est ressorti à 50,0 points contre 49,7 points en mai, tandis que l’indice de l’industrie manufacturière est resté stable à 49,4 points.
Et alors que l’indice composite ressort dès lors à l’équilibre lui aussi à 50,2 points, Cyrus de la Rubia, économiste à la Hamburg Commercial Bank, retient que l’économie de la zone euro a du mal à redémarrer. “La croissance est minimale depuis six mois, avec une activité stagnante dans le secteur des services et des augmentations limitées dans la production manufacturière”.
Aux États-Unis, notons que la croissance dans le secteur des services a ralenti et est restée stable dans l’industrie.
“Les chiffres préliminaires suggèrent que l’économie US a continué à croître à la fin du deuxième trimestre”, retient Chris Williamson, économiste chez S&P, selon qui les perspectives restent incertaines, “tandis que les pressions inflationnistes ont fortement augmenté au cours des deux derniers mois”.