(ABM FN) Dopé notamment par ses composants chimiques que sont Solvay et Syensqo, le Bel20 s’est adjugé 1,4 pour cent au sortir de semaine écoulée, renouant avec les 4.600 points et se rapprochant au passage de son record de 4.757 points de mai 2007, juste avant la crise des subprimes.
En parallèle, Wall Street continue d’enchaîner les records, soutenus par la crainte des investisseurs “de rater le coche” et de louper le rally boursier en cours selon Simon Wiersma, gestionnaire chez ING.
“Imaginez ceux qui ont paniqué et qui ont vendu en avril au plus fort des tensions sur les tarifs douaniers… Investir, c’est être présent sur le marché, pas essayer d’anticiper le marché. Il suffit de rester en place et d’acheter lors des corrections”, ajoute le gestionnaire.
Au cours de la semaine écoulée, les investisseurs ont eu à digérer une salve de résultats trimestriels en marge d’une saison globalement couronnée de succès jusqu’à présent, avec certes quelques échecs durement sanctionnés. On pense à Tesla qui en a fait les frais, à la lecture d’une baisse historique de ses revenus au second trimestre, tandis que les prévisions ont également déçu le marché.
“Tesla est dépassé sur sa gauche et sa droite par des véhicules électriques chinois meilleurs et moins chers. En Chine, un marché important, Tesla n’a d’ailleurs pratiquement plus aucune chance face aux constructeurs chinois”, commente Simon Wiersma.
Un autre géant de la tech et membre des ‘Magnificent Seven’, Alphabet, a pour sa part convaincu, alors que la maison mère de de Google a annoncé une hausse de 10 milliards de dollars de ses investissements dans l’IA et les services cloud cette année.
Selon Simon Wiersma, “cela profitera aux spécialistes des semi-conducteurs et autres puces”.
Les tarifs douaniers, la Fed et la BCE en animateurs de la semaine
Pendant que la saison des résultats bat son plein, les investisseurs restent attentifs à l’annonce d’accords commerciaux par Washington avec ses partenaires. En ce qui concerne l’UE, Donald Trump a fait savoir vendredi que les chances de conclure un accord sont de 50 pour cent, “voire un peu moins”.
“Nous travaillons assidûment avec Bruxelles et c’est le plus important des dossiers à l’heure actuelle”, a ajouté le locataire de la Maison Blanche, qui note que la plupart des accords ont été conclus à des tarifs douaniers revus à la baisse, Trump disant “ne pas vouloir nuire aux autres pays”.
Et si ce dernier a averti que tous les accords ne seront pas conclus avant la date butoir du 1er août, il semble que l’on se dirige vers un tarif douanier global de 15 pour cent sur les importations en provenance de l’UE aux Etats-Unis, soit peu ou prou ce qui a été annoncé avec le Japon en semaine.
Outre avec Tokyo, notons que Washington a également conclu des accords avec l’Indonésie et les Philippines.
Jerome Powell sous pression, potentiellement accusé de fraude par Trump
En parallèle, les investisseurs gardent un œil attentif sur la Fed qui doit annoncer sa décision sur ses taux mercredi.
En marge des diatribes de Trump qui accuse l’homme fort de la Fed de potentielle fraude, “Jerome Powell est soumis à une pression énorme et on peut se demander combien un être humain peut en supporter”, retient Frank Vranken de la Banque Edmond de Rothschild.
S’il semble encore assez improbable que Powell soit licencié en raison du coût élevé de la rénovation du siège de la Fed, Frank Vranken ajoute que l’incertitude quant à l’indépendance de la Fed persiste.
Bas van Geffen de la Rabobank s’attend lui aussi à ce que la pression politique sur l’institution se maintienne, tandis que la banque batave est d’avis qu’il ne s’agit que d’une question de temps avant que cette pression n’influence les décisions monétaires de la Fed”.
La BCE “n’exclut rien”
Au rapport jeudi, la BCE a pour sa part opté comme prévu pour le statu quo monétaire, mettant ainsi sur “pause” son cycle d’assouplissement entamé il y a près d’un an.
Pour Bas Van Geffen, la BCE juge que ses taux sont à un niveau approprié. Pour autant, cela n’exclut pas de nouvelles baisses, même si la barre est “très haute” pour un assouplissement supplémentaire.
“Cela nécessiterait une détérioration significative des perspectives économiques, un scénario que nous n’anticipons pas, même si l’incertitude entourant la politique commerciale reste un risque important dans nos prévisions”.
Mark Wall, de la Deutsche Bank, se demande lui si cette pause de la BCE sera de courte ou de longue durée, “et si le taux de dépôt actuellement fixé à 2 pour cent pourrait être le taux final de ce cycle d’assouplissement”.
Mais si l’incertitude commerciale diminue, la combinaison d’une économie résiliente et d’un assouplissement budgétaire important finira par entraîner des risques de regain d’inflation, prévient l’économiste.
Notons qu’en conférence de presse, la femme forte de la BCE, Christinne Lagarde, a répondu que rien n’était exclu en ce qui concerne une hausse des taux en cas de résurgence de l’inflation, ce qui a poussé les rendements obligataires à la hausse, dont le dix ans belge à un plus haut depuis avril à 3,32 pour cent en fin de semaine.
Du côté des devises, l’euro a perdu quelques plumes en fin de semaine à 1,173 dollar, les cambistes ayant accueilli favorablement les propos de Donald Trump qui a fait savoir qu’il n’envisageait pas de limoger le patron de la Fed. Du côté de l’énergie, le pétrole a cédé 1 pour cent sur la semaine.