La géopolitique a eu raison des 4.500 points du Bel20

(ABM FN) Au sortir d’une semaine chargée, marquée par la vigueur de l’euro, du pétrole et de l’or, le Bel20 a cédé 1,2 pour cent sous les 4.500 points, alors que les tensions géopolitiques au Moyen-Orient atteignent leur paroxysme en marge des attaques israéliennes contre des cibles militaires et nucléaires en Iran.

Le début de semaine a été marqué par la rencontre entre les délégations sino-américaines en Suisse qui a accouché d’un accord-cadre entre les deux puissances.

Selon le secrétaire US au commerce, Howard Lutnick, l’accord devrait permettre de résoudre les problèmes liés aux terres rares. La Chine accepterait des tarifs douaniers de 55 pour cent sur ses produits, contre 10 pour cent pour les produits américains exportés en Chine.

“Nous offrirons à la Chine ce que nous avons convenu, y compris l’accès des étudiants chinois aux collèges et universités”, a en outre promis Donald Trump.

Alors que les deux pays ont jusqu’au 10 août pour poursuivre les négociations, le marché n’a que peu réagi à l’annonce de cet accord, Joost van Leenders de chez Van Lanschot Kempen indiquant que “beaucoup de choses ne sont pas encore réglées et que les discussions se poursuivent”.

“S’il est clair que l’approvisionnement par la Chine en terres rares pourrait évoluer, Pékin aimerait que les États-Unis se montrent plus indulgents à l’égard du matériel informatique, ce qui ne semble pas être le cas pour l’instant. En outre, la taxe punitive imposée par Washington en raison de la production chinoise de fentanyl ne semble pas non plus avoir disparu de la table”, retient par ailleurs Joost van Leenders.

Notons qu’après l’annonce d’un accord avec Pékin, Donald Trump a de nouveau pris à parti d’autres partenaires commerciaux en fin de semaine, ce qui a mis la pression sur le billet vert alors que l’euro a atteint 1,16 dollar jeudi, un plus haut de quatre ans.

“La faiblesse du dollar, reflet de l’inconstance de Trump”

Selon Bernard Keppenne, économiste en chef de CBC Banque, le recul du dollar reflète d’ailleurs “l’inconstance de Donald Trump”.

“Le billet vert a accentué son recul après de sérieux doutes sur l’accord entre Pékin et Washington, et surtout parce que l’administration US aurait l’intention d’envoyer ses conditions pour des accords commerciaux à ses partenaires, ces dernières étant à prendre ou à laisser”.

Et alors que l’euro s’affichait à 1,155 dollar vendredi soir, en hausse de 1,5 pour cent sur la semaine, les cambistes de BNP Paribas s’attendent à une nouvelle faiblesse du billet vert et n’excluent pas une remontée vers 1,20 dollar.

Bernard Keppenne ajoute que l’accord annoncé mardi par Pékin et Washington “ne résout fondamentalement rien et que nous sommes revenus à la case départ”.

“C’est compte tenu de ce constat, et aussi parce que le doute s’insinue sur les effets délétères des mesures prises par l’administration US, que le dollar continue de s’affaiblir”.

Notons qu’en ce qui concerne les négociations commerciales avec l’UE, Bas Van Geffen de chez Rabobank souligne que “l’administration Trump n’est pas du tout enchantée par les processus bureaucratiques que l’UE suit pour conclure ce type d’accords”.

“Le secrétaire US au commerce a exprimé à ce titre sa frustration face à des négociations sirupeuses et difficiles, Howard Lutnick ayant indiqué que l’UE serait probablement l’une des dernières parties à conclure un accord avec les États-Unis”.

Pétrole et or bondissent après l’attaque sur Téhéran

En fin de semaine, les droits de douane ont été relégués au second plan en marge de l’attaque d’Israël sur Téhéran dans la nuit de jeudi à vendredi, dans le but de détruire le programme nucléaire iranien.

En toile de fond, l’Iran a annoncé jeudi qu’il allait ouvrir une nouvelle installation d’enrichissement d’uranium et augmenter sa production de matières fissiles hautement enrichies, en réponse à une résolution de l’Agence internationale de l’énergie atomique selon laquelle Téhéran n’a pas respecté ses obligations en matière nucléaire pour la première fois en 20 ans.

“Soyons clairs, les marchés n’avaient vraiment pas besoin d’avoir une nouvelle couche d’incertitude dans le contexte actuel, et les bourses reculent, sans surprise évidemment”, résume Bernard Keppenne de CBC Banque.

Et alors que le Brent de la mer du Nord a bondi de 6 pour cent vendredi à 74 dollars, Hans van Cleef, spécialiste de l’énergie chez Public Affairs, a indiqué dans un entretien accordé à ABM Financial News que le transport du pétrole par le détroit d’Ormuz est désormais menacé et que la grande question qui se pose est de savoir dans quelle mesure le conflit va s’intensifier. 

L’inflation fait de la résistance face aux tarifs douaniers

En cours de semaine, les investisseurs avaient également rendez-vous avec l’inflation américaine qui n’a augmenté que de 2,3 à 2,4 pour cent en mai, montrant une nouvelle fois que les tarifs douaniers élevés ne se répercutent pas encore sur les prix. 

“Cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas, car ils devront de toute façon être absorbés, soit par une baisse des bénéfices des entreprises, soit par une hausse des prix pour les consommateurs. Mais en regard des dernières données, Joost van Leenders de chez Van Lanschot Kempen est d’avis que le marché n’a pas à s’inquiéter pour l’instant.

Selon Goldman Sachs, ces derniers chiffres d’inflation suggèrent que les droits d’importation n’ont pas d’impact immédiat important. Les économistes de la banque  pensent que les entreprises utilisent leurs stocks existants ou choisissent d’ajuster lentement leurs prix en raison de l’incertitude de la demande.

“Il est possible que les prix des biens augmentent plus tard, mais les prix des services devraient rester stables, ce qui suggère que toute augmentation de l’inflation sera probablement temporaire”, conclut à ce titre Alexandra Wilson-Elizondo de chez Goldman.

Les chiffres de l’inflation sont “excellents” de sorte que “la Fed devrait réduire ses taux d’intérêt d’un point de pourcentage” a commenté pour sa part Donald Trump, qui s’est une nouvelle fois emporté contre l’homme fort de l’institution, Jerome Powell.

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