(ABM FN) Conformément aux attentes, la Banque centrale européenne a réduit à nouveau ses taux directeurs de 25 points de base ce jeudi, ramenant notamment le taux de dépôt à 2,00 pour cent.
Alors que l’inflation est actuellement proche de l’objectif à moyen terme des 2 pour cent fixé par le Conseil des gouverneurs, la BCE anticipe que cette même inflation soit inférieure que prévu cette année.
Selon l’institution de Francfort, l’inflation dans la zone euro devrait ainsi pointer à 2,0 pour cent en 2025, à 1,6 pour cent en 2026 ou encore à 2,0 pour cent en 2027.
L’inflation de base est pour sa part désormais attendue à 2,4 pour cent en 2025 et à 1,9 pour cent en 2026 et 2027.
On se souvient qu’en mars, la BCE tablait encore sur une inflation de 2,3 pour cent en 2025 et de 1,9 pour cent en 2026. Pour l’inflation de base, les prévisions étaient alors de 2,2 et 2,0 pour cent.
Incertitudes entourant les nouvelles prévisions
En ce qui concerne la croissance, la BCE s’est montrée légèrement moins optimiste, anticipant une croissance de 0,9 pour cent pour cette année, stable par rapport à ses dernières prévisions, mais vise 1,1 pour cent pour 2026 contre encore 1,4 pour cent il y a trois mois.
En 2027, cette même croissance du PIB de la zone euro devrait atteindre 1,3 pour cent selon ses dernières prévisions.
Rappelons que les prévisions datant de mars étaient antérieures à l’annonce des droits de douane sur les importations annoncés par Donald Trump le “jour de la libération” début avril.
“Les perspectives de croissance pour 2025 sont inchangées et reflètent un premier trimestre plus fort que prévu avec des perspectives plus faibles pour le reste de l’année”, a précisé la BCE.
Selon cette dernière, l’incertitude de la politique commerciale pèsera sur les investissements des entreprises et les exportations, en particulier à court terme. D’autre part, l’augmentation des investissements publics dans la défense et les infrastructures “soutiendra de plus en plus la croissance à moyen terme”.
Les nouvelles prévisions économiques sont toutefois entourées d’incertitudes, reconnait la BCE, alors que l’augmentation des tensions commerciales pourrait conduire à une croissance et à une inflation plus faibles dans les mois à venir.
“En revanche, si les tensions commerciales étaient résolues de manière favorable, la croissance et, dans une moindre mesure, l’inflation seraient plus élevées que dans les projections de base », conclut la BCE.
Le marché s’interroge sur le ratio des votes
Carsten Brzeski, économiste chez ING, avait indiqué en préambule de cette réunion que si la baisse de ce jeudi était une “affaire réglée”, la discussion entre les décideurs politiques pourrait avoir été plus animée que prévu par le marché.
Nomura se demandait pour sa part “s’il s’agirait de la première décision sur les taux d’intérêt qui ne sera pas unanime”.
“Holzmann, Nagel et Schnabel ont tous indiqué qu’ils ne soutiendraient pas une baisse des taux d’intérêt en juin”, mettait ainsi en lumière Nomura.
Notons que la patronne de la BCE, Christine Lagarde, doit prendre la parole sur le coup de 14h45 et fera notamment la lumière sur le ratio des votes, bien qu’il soit peu probable qu’elle donne des détails spécifiques sur les gouverneurs qui ont voté pour ou contre ce nouvel assouplissement monétaire.
Peu après l’annonce de la décision de la BCE, l’euro évoluait à 1,143 dollar.