Entre la BCE et l’inflation US, le résumé de la semaine boursière

(ABM FN) Le Bel20 a glané 0,1 pour cent au sortir de la semaine écoulée à 4.775 points, au sortir d’une semaine dominée par la décision de la BCE sur ses taux et la publication de plusieurs indicateurs d’inflation aux Etats-Unis.

Comme prévu, le début de semaine a été marquée par la démission de François Bayrou suite à un vote de défiance à l’Assemblée nationale lundi soir. Et comme prévu aussi, les marchés n’ont que peu réagi à ces développements, avec certes le rendement des emprunts français qui a quelque peu augmenté à 3,50 pour cent, en hausse de sept points de base sur la semaine. 

“La France a eu trois Premiers ministres en un an, ce qui soulève la question de savoir ce qui va se passer maintenant. Y aura-t-il un nouveau Premier ministre qui continuera à repousser le problème, ou y aura-t-il des élections anticipées ? Y a-t-il urgence ? La France paie cette année 66 milliards d’euros d’intérêts. Et les marchés obligataires continueront-ils à ignorer l’absence de progrès ?”, a résumé Frank Vranken, stratège en investissement chez Bank Edmond de Rothschild.

Au Japon, où le premier ministre a également démissionné, on notera que le PIB a augmenté de 2,2 pour cent au second trimestre, soit bien plus qu’annoncé en première lecture (1,0 pour cent). Notons que la Banque centrale nippone doit annoncer sa décision sur ses taux fin de semaine prochaine. Selon les analystes d’Evercore ISI, l’institution pourrait encore relever ses taux cette année, malgré l’instabilité politique qui règne depuis le départ du Premier ministre.

Le marché du travail US inquiète avant la Fed

La semaine a par ailleurs été dominée par la publication de plusieurs indicateurs d’inflation aux Etats-Unis. C’étaient aussi les derniers indicateurs majeurs avant la décision de la Fed sur ses taux mercredi prochain.

On retiendra que les prix à la consommation (CPI) sont ressortis légèrement supérieure aux attentes en août, à savoir de 0,4 pour cent en glissement mensuel.

“Le marché est globalement d’avis que cela n’empêchera pas la Fed de baisser ses taux la semaine prochaine. Et ce d’autant que les inscriptions hebdomadaires au chômage ont de nouveau augmenté la semaine dernière”, résume Bernard Keppenne, économiste en chef de CBC Banque.

C’est d’ailleurs sur l’affaiblissement du marché du travail sur lequel se focalisent désormais davantage les marchés plutôt que l’inflation.

Comme prévu, il a été annoncé une révision franchement à la baisse des créations d’emplois pour la période couvrant avril 2024 à mars 2025, à savoir de 911.000 unités, ce qui semble venir entériner encore un peu plus une baisse de ses taux par la Fed mercredi prochain.

Frank Vranken, stratège en investissement chez Bank Edmond de Rothschild, note que le marché tablait en moyenne sur une révision à la baisse de 700.000 emplois.

Maintenant que la révision s’avère encore plus importante, cela devrait constituer “le dernier élément déclencheur pour des baisses de taux par la Fed cette année”. Pour l’heure, il note que près de trois baisses de taux sont prises en compte pour cette année par le marché.

Forte révision à la baisse des créations d’emplois aux Etats-Unis

Toujours dans le même sens, il a également été annoncé que le nombre de nouvelles demandes d’allocations de chômage a de nouveau augmenté aux États-Unis, à hauteur de 263.000 au sortir de la semaine bouclée le 6 septembre dernier, soit 27.000 de plus que la semaine précédente. Il s’agit en outre du niveau le plus élevé de demandes initiales depuis octobre 2021.

Chez UBS, on est d’avis que « la combinaison d’un ralentissement de la croissance de l’emploi et d’une inflation toujours maîtrisable maintiendra la Fed sur la voie d’une baisse des taux, avec une réduction prévue de 25 points de base en septembre, suivie de trois baisses consécutives du même ordre jusqu’en janvier 2026.

Le stratège en investissement John Kerschner de chez Janus Henderson souligne qu’il y a toutefois des risques pour la Fed, sachant que l’inflation sous-jacente ne s’est guère améliorée au cours de l’année écoulée et menace de remonter vers les 4 pour cent.

Il ajoute que Jerome Powell promet de lutter contre le ralentissement de plus en plus évident du marché du travail en baissant les taux, tout en ignorant l’autre volet de son double mandat à savoir la stabilité des prix, ou plus précisément, une inflation de 2 pour cent.

Quid de l’indépendance de la Fed

En parallèle, les inquiétudes concernant l’indépendance de la Fed persistent, après la publication d’un essai du ministre US des Finances Scott Bessent dans le Wall Street Journal.

Bessent y compare la Fed à un “virus mortel qui s’est échappé d’un laboratoire et qui doit être remis en cage”. Alors que le ministre souhaite donc une réforme en profondeur de l’institution, il propose notamment qu’elle soit privée de ses pouvoirs de régulation des banques nationales.

La Fed devrait également se concentrer uniquement sur “la surveillance macroéconomique, la liquidité en tant que prêteur en dernier ressort et la politique monétaire”.

A ce titre, un tribunal a décidé que Lisa Cook, membre du conseil d’administration de la Fed, pouvait rester en fonction pour le moment, après la tentative de Donald Trump de la révoquer. La Maison Blanche a toutefois fait appel de cette décision, de sorte qu’il n’est pas encore certain que Mme Cook puisse participer au vote sur la décision relative aux taux la semaine prochaine. Entre-temps, Stephen Miran, que Donald Trump a nommé pour rejoindre le conseil d’administration de la Fed, pourrait être nommé à temps par le Sénat.

La BCE maintient ses taux d’intérêt

Ce jeudi, les investisseurs avaient rendez-vous avec la BCE qui a, comme largement anticipé par le marché, de nouveau laissé ses taux inchangés, de sorte que le taux de dépôt est maintenu à 2,00 pour cent.

Au passage, l’institution monétaire a légèrement revu à la baisse à 1,8 pour cent ses prévisions d’inflation en ce qui concerne 2027, de sorte que pour Mark Wall, analyste à la Deutsche Bank, “la pause monétaire imprimée par la BCE devrait se poursuivre”.

Dans un entretien accordé à ABM Financial News, l’économiste en chef de CBC Banque, Bernard Keppenne, retient lui que “la BCE se veut plutôt confiante et semble écarter le risque de déflation, un risque qui aurait fermé la porte à d’autres baisses de taux”.

Du côté des devises et de l’énegie, l’euro s’est maintenu autour de 1,17 dollar, là où le baril a pris environ 3 % sur la semaine. Dimanche dernier, l’OPEP+ a décidé d’augmenter encore sa production en octobre, mais cette augmentation a été moins importante que les mois précédents. Par ailleurs, le Royaume-Uni a imposé de nouvelles sanctions à la Russie, notamment dans le secteur de l’énergie.

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