(ABM FN) Les nouvelles menaces de tarifs douaniers de la part de Donald Trump vendredi ont eu raison des 4.500 points du Bel20, qui a touché en semaine un plus haut annuel de 4.523 points et qui a finalement cédé 0,2 pour cent en glissement hebdomadaire.
Sur sa plateforme Truth Social, le président US a ainsi fait savoir que les négociations commerciales “n’aboutissaient à rien” et qu’il est “très difficile de négocier avec l’UE”. Ce faisant, Donald Trump menace de tarifs douaniers de 50 pour cent sur les importations à compter du 1er juin.
“Alors que nous pensions que tout était calme sur le front des tarifs douaniers et que nous commencions à nous inquiéter à nouveau du déficit américain, boum ! Trump menace l’UE de tarifs douaniers supplémentaires”, retient James Smith, économiste chez ING.
Le président américain ne s’en est pas tenu à l’UE et s’en est également pris à Apple, la marque à la pomme qui peut s’attendre à des droits de douane de 25 pour cent si elle ne commence pas à fabriquer ses iPhones aux États-Unis.
“J’ai indiqué à Tim Cook il y a longtemps que je m’attendais à ce que les iPhones vendus aux États-Unis soient fabriqués et construits aux États-Unis, et non en Inde ou ailleurs”, a fait savoir le président américain.
“Si ce n’est pas le cas, Apple devra payer des droits de douane d’au moins 25 pour cent aux États-Unis”, avertit Donald Trump.
Selon Daniel Ives de Wedbush, la fabrication d’un iPhone aux Etats-Unis conduirait à un prix de vente au détail d’environ 3.500 dollars, contre environ 1.000 dollars actuellement, tandis qu’il faudrait des années pour mettre en place les capacités de production nécessaires, selon l’analyste.
Inquiétudes sur la soutenabilité de la dette américaine
En parallèle, la soutenabilité de la dette américaine s’est rappelée au bon souvenir des marchés suite à la perte par les Etats-Unis de leur “AAA” chez Moody’s, tandis que les projets fiscaux ont ravivé les craintes sur le déficit.
A ce titre, la Chambre des représentants a adopté en semaine le projet de loi budgétaire de Donald Trump visant à prolonger les baisses d’impôts introduites en 2017 et qui devrait creuser le déficit budgétaire à 9 pour cent du PIB au cours de la prochaine décennie, selon les analystes d’Edmond de Rothschild.
Et alors que ce projet de loi doit encore passer par le Sénat, les taux en dollars ont culminé à 5,10 pour cent pour l’échéance à 30 ans en milieu de semaine.
Selon les analystes, le plan fiscal de Trump pourrait ajouter entre 3.000 et 5.000 milliards de dollars sur 10 ans à la dette américaine, qui plafonne déjà à 36.200 milliards. C’est également la raison pour laquelle Moody’s estime que la dette publique américaine atteindra 134 pour cent du PIB d’ici 2035.
Chez ING, on note que le ralentissement de la croissance pourrait avoir un impact beaucoup plus important sur la taille du déficit que la loi fiscale, surtout si les conditions économiques venaient à se détériorer.
“Ce n’est qu’une question de temps avant que le taux US à 30 ans ne teste le pic de 2023 à 5,17 pour cent et n’atteignent peut-être le niveau le plus élevé depuis 2007”, prévient-on chez KBC, selon qui des taux plus élevés pourraient également exercer une pression sur les bourses.
Léger assouplissement monétaire en Chine
KBC retient également les baisses de taux par la Banque centrale de Chine, avec le taux à un an qui a été réduit de 10 points de base à 3,0 pour cent, tout comme le cinq ans à 3,50 pour cent. Les principales banques d’État chinoises ont également toutes réduit leurs taux de dépôt de 5 à 25 points de base.
Selon KBC, cet assouplissement devrait être considéré comme une tentative globale de protéger l’économie de l’impact de la guerre commerciale sino-américaine par le biais d’une politique monétaire plus accommodante.
Les directeurs d’achats des entreprises au menu
Les investisseurs avaient également rendez-vous avec les indices des directeurs d’achats des entreprises du secteur industriel et des services de la zone euro, indices qui ont montré que la tendance reste délicate.
Cyrus de la Rubia, économiste en chef de la Hamburg Commercial Bank, retient que la situation en mai “n’est pas réjouissante et que pour l’avenir, les entreprises ne font preuve que d’un optimisme prudent”.
“Il y a toutefois des raisons d’être confiant à long terme”, estime l’économiste, qui note que la reprise dans le secteur de l’industrie s’est elle, généralisée, avec des signes encourageants en Allemagne et en France, et ce alors que de nouvelles baisse des taux par la BCE pourraient apporter un soutien supplémentaire, au même titre que la baisse du pétrole”.
Toujours selon Cyrus de la Rubia, l’Allemagne se prépare à redevenir le moteur de la croissance de la zone euro, grâce à sa politique fiscale très généreuse.
De l’autre côté de l’Atlantique, le secteur manufacturier a vu sa croissance se renforcer en mai, tout comme les services selon l’enquête menée par S&P Global.
Cela s’explique en partie par le fait que les producteurs ont déjà constitué des stocks pour se protéger en partie d’éventuelles taxes à l’importation après l’expiration de l’exemption temporaire en juillet.
Du côté du pétrole et des devises, semaine faste pour l’euro qui pointait à 1,134 dollar vendredi soir, en hausse de plus de 1,5 pour cent au sortir de la semaine, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord a perdu du terrain.