Un tournant stratégique pour Unilever

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Alors que les coûts augmentent fortement, trouver la juste équation entre hausse des prix, maintien des volumes et compétitivité reste un défi pour le groupe, qui mise sur les économies pour pouvoir continuer à investir dans son portefeuille de marques. Son action reste digne d’achat.

Après l’échec de la tentative de rachat par Kraft Heinz, qui avait mis 143 milliards de dollars sur la table en 2017, les rumeurs d’acquisition ou de scission d’Unilever refont surface. En février dernier, ne voyant guère de synergie entre des marques alimentaires comme Knorr et la branche entretien (Cif) ou produits personnels (Dove), deux grands actionnaires ont exigé une refonte en profondeur du modèle du géant de la grande consommation. L’investisseur activiste Nelson Peltz, dont le fonds spéculatif Trian Fund Management a acquis environ 1,5% du groupe, début 2022, leur a emboîté le pas. Il avait déjà travaillé chez Heinz avec le Néerlandais Hein Schumacher, qui a rejoint Unilever en octobre dernier en tant que directeur non exécutif.

Le 1er juillet, Unilever a adopté une nouvelle stratégie, fruit d’une restructuration qui scinde l’activité en cinq divisions: Beauty & Wellbeing, Personal Care, Home Care et Nutrition, qui affichent toutes un chiffre d’affaires (CA) similaire, et Ice Cream, un peu plus petite. Le groupe fait également la part belle au développement durable et s’est fixé plusieurs objectifs ESG. Il entend accélérer sa croissance aux Etats-Unis, en Inde, en Chine et dans les pays émergents, en misant sur des marques fortes.

Au premier trimestre, Unilever a réalisé un CA supérieur aux prévisions. Le CA sous-jacent a augmenté de 10,5%, avec des volumes en baisse de 0,2% seulement. Le CA des marques les plus importantes a même gagné 12,1%, ce qui témoigne du fort pouvoir de fixation des prix du groupe. Alors que les coûts augmentent fortement, trouver la juste équation entre hausse des prix, maintien des volumes et compétitivité reste néanmoins un défi pour Unilever, qui mise sur les économies pour pouvoir continuer à investir dans son portefeuille de marques.

Après ces bons résultats, Unilever estime que la croissance du CA sous-jacent de 2023 se situera dans la partie supérieure de sa fourchette prévisionnelle (de 3 à 5%); au fil des mois, la croissance sera de moins en moins imputable à la hausse des étiquettes. La marge d’exploitation sous-jacente devrait atteindre au moins 16% en 2023 (16,1% en 2022). Unilever affiche une bonne santé financière, avec une dette nette de 23,7 milliards d’euros à fin 2022 (un an plus tôt: 25,5 milliards), grâce surtout à des cessions, et malgré des rachats d’actions à hauteur de 1,5 milliard d’euros et des effets de change négatifs. Le ratio dette nette/cash-flow d’exploitation (Ebitda) était de 2,1 au 31 décembre 2022 (fin 2021: 2,2).

Les intentions de Nelson Peltz ne sont pas claires mais la présentation de la vision de Hein Schumacher apportera des éléments de réponse. Le groupe saura-t-il faire fi des pressions extérieures et améliorer encore ses performances? A 16%, la marge d’exploitation actuelle est encore loin des 18,5% de jadis. Une fois que l’inflation des coûts aura diminué, les investissements dans des marques fortes devraient porter leurs fruits.

Le ratio cours/bénéfice d’Unilever est largement inférieur à celui du groupe suisse Nestlé (23) ou de l’américain Procter & Gamble (25), ce qui reflète les doutes des actionnaires. En outre, les concurrents affichent des marges bénéficiaires plus élevées (17,1% chez Nestlé, 23% chez Procter & Gamble).

Conclusion

La nouvelle stratégie devrait remettre le groupe à flot; en cas d’échec, une scission nous paraît possible. Au vu, surtout, du potentiel de ses marques fortes, nous recommandons toujours l’achat de cette valeur défensive, particulièrement indiqué dans le contexte incertain que nous connaissons.

Conseil: acheter

Risque: faible

Rating: 1A

Cours: 46,56 euros

Ticker: UNA NA

Code ISIN: GB00B10RPZ78

Marché: Amsterdam

Capit. boursière: 116,98 milliards EUR

C/B 2022: 19,5

C/B attendu 2023: 18

Perf. cours sur 12 mois: +5%

Perf. cours depuis le 01/01: -1%

Rendement du dividende: 3,7%

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