Surfer sur la tendance de la “premiumisation” des boissons
Voici trois entreprises européennes actives dans le secteur des boissons, dont l’achat peut être envisagé pour le long terme.
Un demi-milliard de personnes viendront grossir la classe moyenne mondiale ces 10 prochaines années. La consommation s’orientera donc davantage encore vers des boissons premium, au détriment de la production locale (voire illégale) actuelle. Cette tendance, qui s’observe sur les marchés plus matures également, est tout bénéfice pour les entreprises du segment haut de gamme, dont les cours ont lourdement chuté l’an dernier. Voici trois acteurs européens dont l’achat peut être envisagé pour le long terme.
Diageo
La britannique Diageo (capitalisation boursière de 62,5 milliards de livres) possède plus de 200 marques de boissons, qu’elle commercialise dans près de 180 pays. Elle est connue pour ses whiskies, mais pas seulement ; elle propose aussi désormais quelques produits sans alcool.
Diageo vise une part de marché de 6 % en 2030 (4 % en 2020, 4,7 % en 2022). La mise à jour du 10 novembre est néanmoins pessimiste pour 2024, à cause des chiffres sud-américains. L’entreprise est quoi qu’il en soit une valeur stable et défensive pour le long terme, dont la valorisation est par ailleurs historiquement faible (rapport cours/bénéfice, ou C/B, de 14 ; rendement en dividende de 4,4 %). Elle a annoncé en octobre un programme de rachat d’actions d’une valeur de 1 milliard de dollars, soit 1,5 % environ de sa capitalisation boursière.
Pernod Ricard
C’est en 1975 que les familles Pernod et Ricard ont fusionné leurs entreprises. La famille Ricard détient toujours 15 % des actions. Avec une capitalisation boursière de 40,4 milliards d’euros, Pernod Ricard est un acteur d’envergure mondiale, dont les marques haut de gamme – marques internationales (63 % du CA), marques spécialisées (6 %), vins (4 %) et marques locales (18 %), soit plus de 240 noms au total – s’inscrivent dans toutes les grandes catégories de vins et de spiritueux.
Le groupe a clos son exercice 2023 décalé sur un CA de 12,1 milliards d’euros (9,2 milliards en 2019, avant la crise sanitaire). Son CA a enregistré au premier trimestre de 2024 une baisse organique de 8 %, qu’explique pour l’essentiel le recul des ventes aux Etats-Unis et en Chine. La direction mise néanmoins toujours sur une croissance organique de 4-7 % du CA en 2024. Le bénéfice a atteint en 2023 9,11 euros par action, à quoi correspond un ratio C/B de 11,5 à peine. Le rendement en dividende s’établit à 3 %. Malgré le ralentissement forcé de 2020, le dividende a été multiplié par près de trois en 10 ans.
Rémy Cointreau
Rémy Cointreau (5,4 milliards de capitalisation boursière), dont l’histoire remonte à 1724, sait ce que signifie investir pour le long terme. Le groupe actuel est le résultat de la fusion, en 1999, de holdings des familles Dubreuil et Cointreau. Orpar, le holding de la famille Dubreuil, détient aujourd’hui 41 % des actions et la majorité des droits de vote. Rémy Cointreau vise le titre de leader mondial des spiritueux d’exception. Son CA provient à 27 % des liqueurs et spiritueux et à 71 %, des cognacs.
Le groupe a publié le 30 novembre des semestriels décevants, que le marché avait apparemment anticipés. Son CA à périmètre organique a chuté de 22,2 % sur un an. Bien qu’il se soit redressé de 5 %, son cours est toujours en recul de 30 % en rythme annuel. Alors qu’elle avait misé sur une croissance organique stable du CA pour 2023-2024, la direction s’attend désormais à une baisse de 15-20 %. Le CA est néanmoins de 21 % supérieur à ce qu’il était au premier semestre de 2019-2020, avant la pandémie.
Rémy Cointreau considère l’exercice en cours comme une année intermédiaire, à l’issue de laquelle il recommencera à viser les objectifs définis pour 2030, dont une marge d’exploitation brute de 33 % (27,7 % l’an dernier). Le rendement en dividende est de 2,8 % et le ratio C/B, de 18,5.
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