PostNL vit une époque compliquée
Comme nombre de ses concurrents, PostNL est pris en étau entre envolée des coûts et recul des revenus dû à la concurrence sur le marché des colis et au désamour du public à l’égard du courrier.
Entre 2022 et 2023, ses coûts ont bondi de 316 millions d’euros, dont 209 millions seulement ont pu être récupérés par le biais d’augmentations tarifaires. Le groupe s’est engagé à faire preuve de plus d’efficacité et à réaliser des économies, mais défendre sa rentabilité est une gageure.
Après une année 2022 difficile, le bénéfice d’exploitation avait augmenté de 10 %, à 92 millions d’euros, en 2023. Le bénéfice net avait atteint 52 millions (0,11 euro par action), soit, au cours de 1,34 euro et pour une capitalisation boursière de 670 millions d’euros, un ratio cours/bénéfice (C/B) de 13, ce qui est correct pour un groupe aux perspectives restreintes. PostNL distribue 80 % de ses bénéfices, ce qui correspond à un dividende de 0,09 euro. Il annonce pour cette année un bénéfice d’exploitation de 80-110 millions d’euros, avec un léger relèvement du milieu de la fourchette par rapport à 2023, et un bénéfice net de 40-70 millions.
Sans être extraordinaires, les résultats du premier trimestre lui ont permis de confirmer ses pronostics pour l’exercice. Mais l’année est marquée par l’indexation des salaires – aux Pays-Bas aussi, les travailleurs veulent au moins que l’inflation soit compensée –, que vient soutenir un marché de l’emploi tendu. Les coûts augmenteront de 155 millions d’euros, dont 135 millions seront absorbés par les hausses de prix. PostNL espère que ses marges bénéficiaires se redresseront à compter de 2025, pour atteindre la moyenne enregistrée en 2019-2023. Ce qui n’est pas impossible. Si l’activité distribution de courrier, qui avait assuré l’an dernier encore la moitié du bénéfice d’exploitation, continue de céder du terrain, la direction mise beaucoup sur un assouplissement de la réglementation. Les Pays-Bas sont un des derniers pays d’Europe où le courrier est livré en 24 heures, contre deux ou trois jours chez ses voisins. Le nouveau gouvernement devrait autoriser un délai de deux jours, auquel cas la livraison en 24 heures serait surtaxée. La distribution du courrier pourrait alors être réorganisée, ce qui réduirait de dizaines de millions d’euros les coûts. PostNL prévient en tout cas que le modèle actuel n’est plus viable.
Les volumes de colis distribués, eux, repartent à la hausse. Le ralentissement qui avait – inévitablement – suivi l’explosion due aux confinements semble être de l’histoire ancienne. Les volumes ont progressé de 4 % au premier trimestre et de 7 % en mars. C’est le trafic international qui, porté par les commandes sur les sites asiatiques, progresse à un rythme particulièrement soutenu. Les tarifs ne permettent pas encore au chiffre d’affaires de suivre, mais PostNL mise sur une croissance constante de son activité distribution de colis au cours des années qui viennent ; il en profiterait alors pour stimuler la progression de son chiffre d’affaires, plutôt que celle des volumes.
Conclusion
L’indexation des salaires, en particulier, reste une pierre d’achoppement. PostNL espère que la révision des délais obligatoires de livraison du courrier et la croissance constante de l’activité colis lui permettront d’enregistrer une (modeste) hausse de ses bénéfices par rapport à 2023. Dans ces conditions, un ratio C/B de 13 peut être qualifié de correct.
Conseil : conserver/attendre
Risque : moyen
Rating : 2B
Cours : 1,34 euro
Ticker : PNL
Code ISIN : NL0009739416
Marché : Euronext Amsterdam
Capit. boursière : 670 millions EUR
C/B 2023 : 11
C/B attendu 2024 : 13
Perf. cours sur 12 mois : -16 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -8 %
Rendement du dividende : 6,6 %
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