Les marges de Colruyt piétinent
Contrairement à l’année dernière, la dynamique inflationniste n’est pas favorable au groupe. Les prix d’achat augmentent plus vite que les prix de vente. De plus, la concurrence reste vive.
Le distributeur avait assisté à un spectaculaire redressement de ses bénéfices, sur l’exercice 2023/24, achevé le 31 mars. Ce ne sera pas le cas cette année : la direction s’attend à une stagnation. L’annonce a déçu les investisseurs, qui espéraient une nouvelle hausse. En raison de la concurrence intense et de la nouvelle dynamique inflationniste, la marge bénéficiaire ne pourra augmenter. Sur la base de ces projections, le bénéfice s’élèvera à environ 2,8 euros par action pour l’exercice 2024/25, soit un ratio cours/bénéfice de 16, au cours actuel de 43 euros. Une valorisation qui nous semble juste, après le chemin cahoteux qu’ont emprunté les bénéfices ces dernières années.
Colruyt avait beaucoup souffert de l’inflation, en 2022 : les prix d’achat ayant progressé bien plus rapidement que les prix de vente, la marge bénéficiaire était tombée à son plus bas niveau. La dynamique s’est toutefois inversée en 2023, ce qui a permis à la marge de passer de 2,9 % en 2022/23 à 4,3 % en 2023/24. Le bénéfice courant a ainsi augmenté de 75 %, donnant des ailes à l’action.
Mais cette année, les marges ne parviennent pas à se redresser : malgré le ralentissement de l’inflation, les prix d’achat ont recommencé à augmenter plus vite que les prix de vente, exerçant une pression sur elles. En outre, les prix des denrées alimentaires augmentent un peu moins vite que les prix généraux ; c’est une mauvaise nouvelle pour Colruyt, dans la mesure où l’indexation des salaires est liée à l’inflation générale. Or, répercuter la hausse de ses coûts est difficile quand la concurrence multiplie les promotions. Pour rester fidèle à sa stratégie de prix les plus bas, le groupe est donc contraint de s’aligner. La dynamique à long terme des vagues inflationnistes est hélas difficile à estimer.
Et il n’y a pas que la marge bénéficiaire qui stagne. Le groupe n’a pas non plus réussi à accroître sa part de marché, au premier trimestre – laquelle avait légèrement progressé au cours de l’exercice précédent (de 30,5 à 31,2 %). La réorganisation de la concurrence (en premier lieu, Delhaize), dont l’ouverture d’un nombre croissant de magasins indépendants le dimanche, n’aide pas Colruyt. Pour le groupe, ouvrir ses points de vente le dimanche serait une stratégie trop coûteuse.
Les volumes distribués restent à l’équilibre (-1 % l’année passée) ; la hausse de 11,9 % du chiffre d’affaires enregistrée l’année dernière a résulté principalement du relèvement des étiquettes. Le directeur financier de Colruyt, Stefaan Vandamme, table pour cet exercice sur des volumes stables, voire en légère progression, car le marché est toujours en phase de normalisation après la crise sanitaire.
Pour autant, le bilan de Colruyt est toujours extrêmement bon. Notamment les liquidités qu’il a perçues en cédant Parkwind lui ont permis de bien réduire sa dette nette. Elle a quasiment fondu. Les dettes à long terme sont compensées par le même montant de liquidités. “Ces liquidités rapportent aujourd’hui plus que ce que coûtent les charges d’intérêt, puisque les emprunts ont été souscrits à des taux faibles”, a commenté le CFO.
Conclusion
Sur la base des pronostics actuels, le bénéfice s’élèvera à 2,8 euros par action. A un ratio cours/bénéfice de 16, l’action est valorisée correctement. Nous conseillons toujours de la conserver.
Conseil : conserver/attendre
Risque : moyen
Rating : 2B
Cours : 43 euros
Ticker : COLR BB
Code ISIN : BE0974256852
Marché : Euronext Bruxelles
Capit. boursière : 5,5 milliards EUR
C/B 2023/24 : 15
C/B attendu 2024/25 : 16
Perf. cours sur 12 mois : +26 %
Perf. cours depuis le 01/01 : +5 %
Rendement du dividende : 3,3 %
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