Les bons trimestriels de Cameco
Après une “décennie perdue”, l’uranium fait son grand retour. Le prix spot (livraison dans l’année) a déjà augmenté de plus de moitié depuis janvier, franchissant la barre des 70 dollars pour la première fois depuis 2011. Dans son sillage, l’action Cameco a gagné plus de 85% depuis 2023.
Le producteur d’uranium profite d’une demande à son paroxysme depuis 10 ans (145 millions de livres d’uranium de contrats à terme signés depuis janvier par Cameco, principalement, et par ses concurrents), nourrie par la prolongation et la construction de réacteurs et par l’arrivée d’anciens clients de la Russie. Il a annoncé avoir généré un chiffre d’affaires (CA) de 575 millions de dollars canadiens (CAD) entre juillet et septembre, en hausse de 48% sur un an.
La direction a relevé pour la deuxième fois de l’année ses prévisions de CA, à 2,43 – 2,58 milliards CAD. A 7 millions de livres d’uranium, le volume vendu a bondi de 32% sur un an (+19% sur les neuf premiers mois de 2023); le prix de vente moyen a quant à lui augmenté de 18%. La division Fuel Services a aussi brillé: son CA a progressé de 15% et ses prix, de 19%.
Le bénéfice net ajusté du groupe s’est élevé à 137 millions CAD (0,34 CAD par action), soit presque trois fois plus que prévu et nettement plus que les 10 millions CAD (0,03 CAD par action) de 2022.
Malgré la hausse des prix, Cameco n’envisage pas de relèvement significatif de sa production; les prévisions pour Cigar Lake et McArthur River ont même été revues à la baisse il y a quelques mois. La mise en service de nouvelles mines ne se fera que si le portefeuille de contrats continue à s’étoffer. Cameco doit livrer en moyenne 29 millions de livres par an entre 2023 et 2027. Fin septembre, le compteur pour 2023 s’élevait à 22,2 millions de livres. La Commission canadienne de sûreté nucléaire a prolongé de 20 ans le permis d’exploitation de McArthur River et de Key Lake, et de 15 celui de Rabbit Lake.
Cameco espère recevoir, d’ici décembre, le feu vert des autorités britanniques de la concurrence pour le rachat de Westinghouse (2,2 milliards de dollars), qui lui permettra d’ajouter des services à sa palette et de devenir un acteur intégré à part entière. Le groupe a obtenu deux prêts à terme de 300 millions de dollars et financera le reste du rachat sur ses liquidités et ses cash-flows. Au terme du troisième trimestre, Cameco disposait de 2,7 milliards CAD de liquidités et titres négociables, ainsi que d’une ligne de crédit inutilisée de 1 milliard CAD. Un dividende de 0,12 CAD (50% de plus qu’un an plus tôt) sera versé le 15 décembre.
A l’aune des bénéfices attendus en 2023 (1 CAD par action environ), Cameco peut sembler onéreux, mais c’est sans compter l’important effet de levier. Les augmentations de prix ne se répercutent que progressivement sur les contrats à long terme, et donc sur le CA du producteur. En tenant compte du recul des coûts et de l’augmentation des volumes, une multiplication des bénéfices par deux en 2024 est plausible. Cameco a donc toujours sa place dans le portefeuille à long terme (rating 2B). Son poids a toutefois augmenté dans le portefeuille modèle, de sorte que nous plaçons une limite de vente de 50 actions.
Conseil: conserver/attendre
Risque: moyen
Rating: 2B
Cours: 41,95 dollars
Ticker: CCJ US
Code ISIN: CA13321L1085
Marché: New York Stock Exchange
Capit. boursière: 18,2 milliards USD
C/B 2022: 120
C/B attendu 2023: 52,5
Perf. cours sur 12 mois: +76%
Perf. cours depuis le 01/01: +83%
Rendement du dividende: 0,3%
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