Fonds de capitalisation ou fonds de distribution : que choisir?

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La plupart des fonds d’investissement se déclinent en une variante de distribution et une variante de capitalisation. Plusieurs éléments détermineront le choix de l’investisseur.

Les fonds permettent à leur détenteur de diversifier aisément son portefeuille entre différentes classes d’actifs, secteurs, régions et entreprises. “Les fonds d’investissement ne sont pas seulement appréciés par l’investisseur qui n’a pas les moyens de diversifier son patrimoine en acquérant plusieurs types d’actifs, opine Erik Joly, économiste en chef chez ABN Amro Belgique : les portefeuilles plus importants y trouvent eux aussi leur compte, puisqu’ils disposent de la sorte d’un certain nombre d’opportunités supplémentaires, comme l’accès à des thèmes très spécifiques et à certaines régions exotiques.”

Les fonds d’investissement classiques sont la plupart du temps disponibles en une variante de distribution et une variante de capitalisation. Les fonds de distribution versent chaque année des dividendes, qui sont eux-mêmes constitués des rendements réalisés par leur gestionnaire. Ces rendements peuvent par exemple procéder des dividendes payés par les actions sous-jacentes, ou des intérêts versés par les obligations dans lesquelles le fonds a investi.

Les fonds de capitalisation, eux, ne versent pas de dividendes : ils réinvestissent au contraire les rendements, ce qui, en provoquant un effet boule de neige, accélère la croissance du capital. L’investisseur ne perçoit donc les rendements réalisés qu’au moment où il revend son fonds, dont la valeur de l’actif est par conséquent en principe beaucoup plus élevée.

Tenez compte de la fiscalité, qui diffère selon le type de fonds.

Besoin d’un revenu régulier ?

Plusieurs aspects déterminent le choix entre fonds de capitalisation et fonds de distribution. “Tout d’abord, l’investisseur doit savoir s’il a besoin d’un revenu régulier, détaille Erik Joly. Si c’est le cas, un fonds de distribution sera le choix le plus logique. Comme les fonds sont généralement acquis pour longtemps, la plus-value réalisée à la revente n’est qu’une perspective lointaine ; mais les dividendes peuvent être considérés comme une sorte d’avance sur cette plus-value.”

Songez à un immeuble de rapport : pendant que le bien s’apprécie, son propriétaire perçoit des revenus locatifs. Les fonds de distribution font à peu près la même chose. Pour les retraités, leurs dividendes peuvent venir compléter avantageusement une pension légale souvent peu élevée.

Les fonds de distribution peuvent être un outil de planification patrimoniale également. Si vous souhaitez faire don d’une partie de votre portefeuille d’investissements à vos enfants, vous pouvez parfaitement envisager de leur donner un fonds de distribution, dont vous continuerez à percevoir les dividendes.

Si percevoir des revenus périodiques revêt moins d’importance et que vous cherchez surtout à accroître votre capital, optez pour un fonds de capitalisation qui, en réinvestissant les dividendes perçus, générera des rendements supplémentaires. Vous obtiendrez un effet boule de neige, qui devrait vous permettre d’obtenir des plus-values plus élevées à terme.

Fiscalité

Tenez en outre compte de la fiscalité, qui diffère selon le type de fonds. Le précompte mobilier dont sont grevés les dividendes versés par les fonds de distribution classiques (non cotés en Bourse) est fixé à 30 %. Les fonds de capitalisation ne distribuant pas de dividendes, ils ne peuvent évidemment faire l’objet d’aucun précompte mobilier.

Si l’investisseur a besoin d’un revenu régulier, un fonds de distribution sera le choix le plus logique.” – Erik Joly (ABN Amro Belgique)

“A cela s’ajoute la taxe sur les opérations de Bourse, poursuit Erik Joly. Les fonds de capitalisation classiques sont imposés au taux de 1,32 % à la revente (mais pas à l’achat), avec un maximum de 4.000 euros. Cette taxe ne s’applique ni à l’achat ni à la revente des fonds de distribution.”

Evoquons enfin l’impôt sur les plus-values, dit “taxe Reynders”. Si le fonds est composé à hauteur de 10 % au moins de produits à revenu fixe (des obligations, par exemple), vous payerez, à la revente, 30 % d’impôt sur les plus-values réalisées par ces titres. A quelques exceptions près, cette règle concerne tant les fonds de capitalisation que les fonds de distribution.

Si seul le traitement fiscal des fonds classiques compte à vos yeux, le choix entre distribution et capitalisation dépendra donc de la composition du fonds :
• Si vous optez pour un fonds d’actions, préférez la variante de capitalisation, qui vous permettra d’échapper au précompte mobilier ;
• Si vous préférez un fonds obligataire, choisissez la variante de distribution, à laquelle la taxe sur les opérations de Bourse ne s’applique pas ;
• Dans le cas d’un fonds mixte, votre décision dépendra de l’importance des dividendes distribués. Reste qu’à long terme, c’est-à-dire sur plusieurs années, la variante de capitalisation sera généralement plus avantageuse.

A long terme, c’est-à-dire sur plusieurs années, 
la variante de capitalisation sera généralement plus 
avantageuse.

Fonds cotés en Bourse

“Aux fonds non cotés classiques s’ajoutent les trackers, ou ETF, cotés, détaille Erik Joly. Il s’agit de fonds indiciels très diversifiés, dont la structure de coûts est peu élevée.” Eux aussi se déclinent généralement entre variante de capitalisation et variante de distribution.

Leur traitement fiscal dépend non seulement de la variante, mais aussi de la région où ils sont enregistrés. Pour les trackers de distribution, la taxe sur les opérations de Bourse – due à l’achat et à la revente – est fixée à 0,12 % ou à 0,35 %, avec un maximum de 1.300 euros ou de 1.600 euros respectivement. Si vous optez pour un ETF de capitalisation, elle sera de 0,12 % (maximum 1.300 euros), 0,35 % (maximum 1.600 euros) ou 1,32 % (maximum 4.000 euros).

“Sur le plan fiscal, il convient d’opérer une distinction entre tracker physique et tracker synthétique, expose Dirk Van Biesen, product owner trading, investing & saving chez Keytrade Bank. Le tracker physique tente de répliquer l’évolution de son indice sous-jacent, en achetant les titres qui le composent ou du moins, la plupart d’entre eux. Avec un tracker synthétique, l’exercice passe par la conclusion de contrats swap avec une contrepartie qui, pour couvrir le risque, fournit à l’émetteur de l’ETF des garanties, souvent sous la forme d’obligations (d’Etat).”

“Il peut donc arriver que la taxe Reynders s’applique à la revente d’un tracker d’actions synthétique, parce que l’émetteur détient comme garantie plus de 10 % d’instruments à revenu fixe. L’investisseur ne s’y attend pas toujours”, conclut l’expert.

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